À 3h30 de Paris en train direct, Francfort sur le Main (au centre-ouest de l’Allemagne, dans le Land de Hesse) vaut largement quelques jours de visite. Loin de l’image austère que pourrait véhiculer ce pôle financier, la ville de 800 000 habitants est belle, agréable à vivre et présente de nombreux atouts culturels. On imagine souvent Francfort comme une ville fébrile et sans cachet dont les activités sont toutes tournées vers le commerce et la finance. Il faut dire que la lutte qu’elle a menée au moment du Brexit, à côté d’autres villes européennes, pour s’imposer comme la plus importante place-forte financière d’Europe, n’a fait que renforcer cette image. Elle avait ses atouts. La banque centrale européenne (ci-contre) est installée à Francfort, de même que la banque centrale allemande, la Bourse allemande, la Commerzbank -pour citer les plus connues- ainsi quelques 400 autres institutions financières et sièges de grandes compagnies.
La plupart de ces institutions sont abritées dans les nombreuses tours qui -rareté pour une ville européenne- ont poussé en plein cœur de la ville. Raison pour laquelle Francfort a souvent été surnommée Bankfurt ou encore Mainhattan (en référence à la rivière Main, et, à Manhattan, il va sans dire). Et pourtant, elle n’a rien de la fébrilité de Manhattan, le quartier économique et financier de New-York. Ce qui frappe quand on parcourt Francfort, c’est son calme. Il faut dire qu’une grande partie du centre est piéton. Dès les premiers rayons de soleil, les terrasses qui peuplent ses nombreuses et grandes places affichent complet et la bière coule à flot. Pour ceux qui préfèrent bouger, les berges de la rivière Main, qui traverse la ville, ont été aménagées sur des kilomètres pour les promeneurs, les cyclistes et les sportifs. La décontraction est là. La qualité de vie importe pour les Francfortois et les amateurs de culture ne seront pas en reste avec deux opéras, diverses salles de spectacle et une trentaine de musées.
La rive sud du Main en compte sept, à elle seule, situés l’un à côté de l’autre. Suivant ses goûts, on optera pour le musée Städel, celui de la sculpture (Liebieghaus ), des communications, de l’architecture, du film, d’ethnologie ou des arts appliqués. Pour les amoureux de peinture, le musée Städel est un must. Les collections de la première fondation allemande, créée en 1815 par le banquier Städel, balaient 700 ans d’art européen du Moyen-Age à l’art contemporain. Ici, de Cranach à Richter en passant par Dürer, Botticelli, Rembrandt, Vermeer, Monet, Picasso, Kirchner, Beckmann, Giacometti, Bacon, …, les chefs d’œuvre foisonnent. Dans un autre style, le musée des arts appliqués, bâtiment de 1985 conçu par l’architecte new-yorkais Richard Meier, séduit autant par son architecture post-moderniste éclairée de grandes verrières que par sa collection de 30.000 objets.
Derrière la rive des musées, le vieux quartier de Sachsenhausen, qui regroupe de beaux immeubles art-nouveau, est devenu un cocon tendance. Verdoyant et calme, il attire les bobos grâce à ses terrasses, ses boutiques branchées, boulangeries et fromageries fines, mais aussi ses restaurants typiques où on sert de l’Apfelwein, et des plats traditionnels francfortois. Car à Francfort, il n’y a pas que les fameuses saucisses éponymes. L’Apfelwein, un vin de pomme un peu aigre est une autre spécialité de la région. Qu’on aime ou non, on n’y échappe pas, de même qu’à la Grüne Sauce, une sauce verte et froide qui accompagne de nombreux plats.
Sur la rive nord du Main, la vieille ville de Francfort, la plus grande ville gothique ancienne d’Europe, a été détruite par des bombardements en 1944. Le centre historique a néanmoins été très bien reconstruit avec des matériaux et des techniques traditionnels. La grande place de l’hôtel de ville, le Römerberg, entourée de magnifiques maisons à colombage et de l’église Saint-Nicolas a ainsi retrouvé sa superbe et son animation d’antan. Des rues étroites mènent à des trésors architecturaux reconstitués, comme la splendide maison Renaissance Zur Goldenen Waage (reconstruite au début du XXIe siècle) ou La maison de la toile, le plus vieux magasin de tissus de Francfort, construit en 1399.
Le vieux centre présente lui aussi une diversité de musées. En dehors de l’incontournable musée d’Histoire de Francfort, les plus connus sont la Galerie Schirn, dédiée à des expositions temporaires d’art contemporain et le MMK, musée d’art moderne. L’exposition actuelle du MMK, consacrée à Marcel Duchamp, permet à la fois de mieux connaitre le parcours original de l’auteur des Readymades et d’apprécier l’architecture postmodernisme originale du bâtiment du viennois Hans Holl, inauguré en 1991.
Au cœur de la vieille ville, un arrêt s’impose rue Grosser Hirschgraben. C’est là que Goethe est né en 1749 et a vécu avec ses parents et sa sœur pendant 26 ans avant de s’installer à Weimar. La maison familiale du père de Goethe, qui était conseiller impérial, a été entièrement détruite pendant la guerre. Preuve de l’attachement des Francfortois à leur enfant prodige, elle était déjà reconstituée à l’identique en 1951. On visite avec plaisir cette belle et grande demeure bourgeoise de style rococo, meublée avec goût, qui présente quelques curiosités comme une horloge astronomique et un piano vertical. On s’attarde longuement dans la chambre du jeune Goethe où, après ses études de droit, il a conçu ses premières œuvres, dont Les Souffrances du jeune Werther, qui le rendirent célèbres du jour au lendemain. On ne saurait quitter Francfort sans cette dernière incursion romantique.
Lottie Brickert
Belle invitation à découvrir une autre ville que celle connue pour ses activités financières et la rigueur allemande en la matière.
Une chance que les œuvres du musée Städel aient échappé aux destructions de la dernière guerre…
Et l’école de Francfort !!!!
Toute la philosophie et la sociologie allemandes en viennent !
Marcuse… Adorno… Habermas… Fromm… Walter Benjamin…
Evidemment, je suppose qu’ils n’ont pas de rues dans la ville… Des juifs communistes ou gauchistes, pensez-vous !
Quand on voit comment sont traités Barthes, Foucault, Bourdieu, Deleuze par Mme H… Pas de rues, pas de lieux de cultures à leurs noms…
Et comment le sous-ministre de l’éducation battu traitait tous ces gens, qu’il n’avait jamais dû lire, d’affreux « gauchistes »… Je suppose que dans la triste Allemagne merckelienne, il en est de même pour un Marcuse, toujours accusé d’être le modèle de la bande à Baader…