En cette date anniversaire de la mort de l’écrivain-poète, il fait bon annoncer que Guillaume Apollinaire fera bien partie d’une liste de « Portraits de France » au Musée de l’Homme, à partir du premier décembre. Cependant, l’image ci-contre, réalisée par Jacques Floret, laissait entendre en illustration d’un communiqué, qu’il y serait en vedette au milieu des vedettes, de même que son voisin à moustaches Salvador Dali. Mais non. De fait, nous a-t-il été dit, le visuel sera corrigé. Car l’expo est divisée en deux, ceux qui feront l’objet d’un développement et les autres. Cinquante-huit personnalités retenues au titre des hommes et femmes issus de l’immigration feront partie des personnages mis en avant. Eux-mêmes étant exfiltrés d’un rapport sur la question, remis à Emmanuel Macron en mars 2021 et qui contenait 318 noms, à la notoriété vivace ou périmée. Apollinaire figurera parmi ces derniers, avec juste une image et un nom, de même que Dali. Un choix a donc été fait. Sur la période de référence qui aurait pu le concerner (1889-1914), on note Émile Zola, Marie Curie, Chocolat (Raphaël de Lejos ou Raphaël Padilla), Isadora Duncan, Olga Preobrajenska mais pas lui, dommage.
Il semble que l’on ait voulu mettre un éclairage sur des personnalités moins connues des 230 dernières années, tel Do Huû Vi (un aviateur venu de Saïgon pour combattre en France et y mourir durant la grande guerre). C’est ce qui a conduit les organisateurs à des éliminations pour les places en première classe, celles où figurent néanmoins des célébrités non oubliées comme l’acteur Lino Ventura (d’origine italienne) ou encore le dessinateur Georges Wolinski (d’origine tunisienne). La galerie des élus sera donc fortement contrastée et si certains inconnus en profitent pour sortir de l’oubli, au fond tant mieux, on y apprendra quelque chose.
Cette affaire tombera à pic si l’on peut dire, puisque la question de l’immigration envahit depuis quelques semaines, et jusqu’à la gangrène, nombre de discours politiques. Les élections présidentielles ne sont pas loin et chaque candidat, chaque commentateur plus ou moins patenté, laisse libre cours à son analyse et à ses solutions afin de coller paraît-il, aux attentes de l’opinion. Ce n’est sans doute pas pour rien que Picasso le Malaguène, fait depuis quelques jours, l’objet d’une exposition au Musée de l’Histoire et de l’Immigration. On y pointe objectivement l’idée du bon migrant, celui qui vient et réussit son intégration. Façon de riposter à ceux qui pointent du doigt les autres, ceux soupçonnés de venir en terre de France pour profiter d’un système et/ou nous « remplacer ». Dans ce débat, comme pour une autopsie, les pincettes sur le nez et un trait de poudre mentholée sur la lèvre supérieure, sont fortement recommandés. Il est à relever qu’en l’occurrence, la motivation du Musée de l’Homme est, rappelle un communiqué, celle de « poursuivre un rôle d’éveilleur de conscience, d’éducation et de diffusion, à l’image de sa première exposition manifeste » sur les « Autres ». Il est bien clair que cela vaut mieux que l’énoncé inverse.
De nationalité polonaise (sous l’empire russe), né à Rome, Apollinaire avait fait deux demandes de naturalisation en 1914, et avait fini par l’obtenir, de par l’application de la loi du 5 août relative aux engagés volontaires. On peut dire qu’il avait payé son tribut à la France en tant qu’officier d’infanterie et qu’il en avait même été de sa poche en encaissant un éclat d’obus sur la tempe en mars 1916, pas loin du Chemin des Dames, au lieu dit du Bois des Buttes. On peut aussi penser à son collègue et ami Blaise Cendrars (de nationalité suisse puis française) amputé d’un bras quelques mois plus tôt en Champagne. Au front tous étaient les bienvenus et la grande boucherie ne faisait pas le tri des bons et des méchants migrants.
PHB
PS: On pourra relire, à propos de la question migratoire, « L’odyssée d’Hakim », une BD dont Les Soirées de Paris s’étaient fait l’écho. À partir d’une histoire vraie, l’auteur Fabien Toulmé avait raconté le transit d’une famille syrienne vers l’Europe, échappant de peu à la noyade en mer Méditerranée.
Oui, la France est avant tout une entité administrative.
Elle a même ses « étrangers » de l’intérieur : bretons, corses, occitans, etc.
As a hybrid myself (to the best of my knowledge, a combination of Austrian, Belarusian, Bohemian, English, German, Lithuanian, Polish and both Red and White Rus’ian (even Mongol), but sadly not French, or some others), I have sympathies (truly and necessarily) both with immigrants and those who have concerns to protect their valuable cultures – but I suggest, as I think is implicit here, that there can be valuable complimentarities (the issues seem ones of scale, but I am no poltitician). Apollinaire was one such, but it is also perhaps worth mentioning here that his family – the Kostrowicki/Kostrovitzky Family (my late Mother’s family) – understood him to be one of us, and also the grandson of a Frenchman, a Bonaparte (or perhaps a Corsican…), certainly an enigmatic cross-cultural product and asset. In Belarus they also claim him.
Apollinaire, officier d’infanterie !
Vous avez bien raison, je me rouille. Merci!
Appolinaire était un descendant de Napoleon 1er? comme certains autres. Monsieur Moczarski a publié une information sur Napoléon 1er qui parait être vraie. d’autre part il est écrit que le personnage Napoleon 1er, lorsqu’il était à l’ile saint Helène, ne sait pas le prénom de son fils,. c’est que je viens de lire dans le volume 12 de Jean Mistler de l’académir française
Un grain de sel personnel…
Avez-vous vu l’exposition » Picasso l’étranger » au Musée national de l’histoire de l’immigration (c’est son nom…) ?
Elle n’y est donc pas une intruse ; notre cher Apollinaire y parait bien sûr et aussi tous les étrangers qui entouraient le peintre : amis, artistes, marchands…et les démêlés avec l’administration qui lui refusa la naturalisation demandée…et quand on la lui octroya, c’est lui qui la refusa ! Picasso n’était pas français qu’on aime l’artiste ou qu’on ne l’aime pas, qu’on aime l’homme ou qu’on ne l’aime pas…