Envie d’une évasion citadine proche de la verdure et des hauts sommets ? Avec son centre médiéval, ses musées et son lac entouré de montagnes, Lucerne est une destination de choix à programmer quand les temps seront plus cléments. Un séjour d’un ou deux jours permet de bien profiter des attraits de cette ville souriante de 77.000 habitants. Mais il serait dommage de ne pas le prolonger par le voyage enchanteur de deux heures en train panoramique express qui mène de Lucerne à Interlaken, au pied des hauts sommets alpins. À la sortie de la gare de Lucerne, on ne peut manquer l’immense Centre de la culture et des congrès (KKL) conçu par Jean Nouvel et ouvert en 1999 (ci-dessus).
Situé en bordure du lac des Quatre-cantons, il impressionne par l’importance de son porte à faux architectural et sa salle de concert de 1800 places. Au 4e étage du KKL, côté rue, les expositions plutôt «perchées» du musée dédié à l’art contemporain n’attirent pas les foules. On peut leur préférer une pause dans l’élégant café design attenant qui offre une vue sur l’animation de la place de l’Europe en contrebas et sur le lac.
Pause-café conseillée car il faudra de l’énergie pour visiter, à une encablure de la gare, la prodigieuse collection Rosengart, abritée dans un beau bâtiment néo-classique de 1923. Il s’agit de l’ancien siège lucernois de la Banque nationale, racheté par Angela Rosengart et judicieusement transformé en musée en 2002 pour abriter la collection privée que son père et elle, tous deux marchands d’art, ont constituée au fil du temps. Sur trois étages, on peut admirer des centaines de chef-d’œuvre de vingt et un grands maîtres du modernisme et de l’impressionnisme dont Cézanne, Pissarro, Utrillo, Rouault, Matisse, Bonnard, Braque, Dufy, Marini, Léger, Miró, Chagall… ainsi que Picasso et Klee. Picasso, ami de la famille Rosengart pendant des décennies, a fait cinq portraits d’Angela. Et ce sont trente-deux toiles et une centaine d’œuvres sur papier de Picasso qui sont exposées au rez-de-chaussée du musée. Quant à Paul Klee, coup de cœur d’Angela, ce ne sont pas moins de cent-vingt-cinq aquarelles, dessins et peintures de lui (soit la collection particulière la plus importante au monde après celle de la famille Klee) qui sont mis en valeur au sous-sol dans les anciennes salles des coffres de la Banque nationale suisse devenue musée. Angela Rosengart, née en 1932 et initiée par son père au métier dès 1948, explique la constitution de leur étourdissante collection privée par le sentimentalisme artistique de la famille. Ils étaient tellement attachés à certaines pièces qu’ils n’arrivaient pas à s’en séparer. D’ailleurs avant de rejoindre les cimaises du musée, les œuvres étaient tout simplement conservées dans leur maison de Lucerne dont elles décoraient les murs !
Après cette mise en bouche artistique, revenons à la gare. Devant elle, le pont routier Seebrucke partage Lucerne en deux : la ville moderne et le lac des quatre-cantons, d’un côté, la vieille ville médiévale et la rivière Reuss, de l’autre. Pour rejoindre le centre médiéval, il suffit d’emprunter l’un des ponts couverts piétonniers qui enjambent la rivière. Le pont de la Chapelle du XIVe siècle (ci-contre), adjoint d’une tour octogonale, est le plus ancien pont couvert en bois d’Europe et le deuxième plus long (204 m). Presque entièrement détruit par un incendie en 1993, il a été reconstruit à l’identique. Un peu plus loin, le pont des Moulins ou de l’Ivraie (Spreuerbrücke), lui aussi en bois, date du XVe siècle. Les moulins ont disparu mais un système original de barrage à aiguilles (visible), installé en 1860 et toujours actionné manuellement, permet de réguler le niveau des eaux du lac. Les nombreuses terrasses des hôtels-restaurants installés au bord de la rivière Reuss offrent un cadre agréable pour déjeuner après une flânerie dans les ruelles de la vieille ville. Là, des maisons médiévales cossues aux belles façades peintes de fresques sont regroupées autour de petites places. Quelques palais Renaissance et des églises gothiques et baroques ponctuent le parcours. Les murailles médiévales subsistent sur les hauteurs et offrent une vue plongeante sur la ville. Elles sont reliées par quatre tours. Pour détromper la ponctualité suisse, l’horloge de la tour Zyt du XVIe siècle, a le privilège de sonner l’heure une minute avant les autres horloges de Lucerne !
Côté lac, la ville moderne est constituée de grandes avenues avec immeubles opulents et boutiques de luxe. Sur la Löwenplatz, se trouve un musée original, le panorama Bourbaki. Ce panorama circulaire de 112 mètres sur 10, précurseur des projections 3D, représente la retraite de 87.000 soldats de l’armée française, accueillis par la Suisse en février 1871. Il est l’œuvre d’Édouard Castres, peintre qui a lui-même pris part à la guerre franco-prussienne de 1870 comme volontaire de la Croix-Rouge française et a représenté le quotidien des soldats dans le Jura enneigé lors de la reddition de l’armée du général Bourbaki.
Pour clore la journée par une bouffée d’air pur, rien de tel qu’une promenade sur le chemin arboré qui borde le lac des Quatre-cantons (ou un plongeon dans ses eaux pures en saison). Et si vous avez choisi l’option d’un séjour long, il ne vous restera plus qu’à vous diriger vers la gare pour prendre place à bord du train panoramique express qui mène à Interlaken, au pied des hauts sommets alpins. Le trajet de près de deux heures est un enchantement. Le train met la crémaillère à deux reprises pour s’élever vers les hauteurs et passer le col de Brünig. Grace à ses grandes baies vitrées, vous profiterez de vues magnifiques sur les montages, les vallées verdoyantes et les cinq lacs qu’il longe tout au long du parcours.
Lottie Brickert
Collection Rosengart – Pilatusstrasse 10 – CH 6003 Luzern
Panorama Bourkabi – Löwenplatz 11 – CH 6004 Luzern
Train Panoramique Luzern-Interlaken Express (Zentralbahn Suisse)
OUI! c’est bien cela Lucerne et le lac des 4 cantons . je m’y suis rendu 3 ou 4 fois .
Quand le météo est favorable les paysages sont magnifiques. Comme Zurich qui mérite un séjour .Je connais assez bien ce pays .
Sauf que la culture suisse alémanique est anti européenne !
Sauf que la délation fait partie de la culture suisse!
Sauf que les contrôles sont parfois fort désagréables!
Mais c’est dans ce pays ou j’ai pu voir les plus belles expositions !
Tout à fait d’accord ! Et la délation coute 10 000 FS en temps de confinement !
Belle présentation d’une ville qui évoque pour moi le souvenir de sorties d’ordre professionnel, où les tempéraments suisses et allemands face à des français et italiens a conduit quelquefois à des réunions plus agitées que les eaux du lac des Quatre-Cantons.
Comme le dit bien Rousseau ci-dessus, nous n’avons pas les mêmes valeurs.
Le seul nom du lac (Vierwaldstättersee) constitue déjà un sujet de perplexité (et de complexité) pour un français…