On avait de Zurich, une image d’austérité cossue. Austère, comme la Réforme religieuse dont elle a été le centre au XVIe s. Cossue parce qu’elle détient le record d’établissements bancaires et financiers du pays. On avait mésestimé la richesse artistique, architecturale et culturelle de cette belle cité alémanique et la qualité de vie qui y règne. Depuis des années, sans faillir, Zurich se classe en effet parmi les dix premières villes du monde où il fait bon vivre. Un centre historique carte postale traversé par une rivière si propre qu’on s’y baigne, un lac aux eaux cristallines entouré de sommets enneigés, une atmosphère diurne paisible mais une vie nocturne riche en spectacles et fêtes.
D’un point de vue culturel, Zurich la cosmopolite, n’est pas en reste. Une tradition d’accueil de nombreux artistes, philosophes et réfugiés politiques, suisses et étrangers, a sans doute contribué à son essor culturel. Citons Hermann Hesse, James Joyce, Thomas Mann, mais aussi Lénine et Trotsky pour les plus connus. C’est aussi au Cabaret Voltaire de Zurich que Hugo Ball a fondé le dadaïsme en 1916. Et, aujourd’hui, on ne compte pas moins de 60 musées d’envergure dans cette ville de 415 000 habitants. Une déambulation d’une journée dans Zurich donne un avant-goût prometteur de la variété de son patrimoine.
Commençons par tourner le dos à la gare pour explorer l’ancien quartier industriel, au nord-ouest de la ville. C’est là que se trouve le musée du design (Museum für Gestaltung) dispatché sur deux sites. La collection du musée, constituée pendant près de 150 ans, comprend un demi-million d’objets relevant du design industriel, du mobilier, des arts déco, du graphisme et du textile. On peut en admirer 2000 pièces maîtresses – des objets du quotidien, distingués par leur élégance, fonctionnalité ou originalité – dans le splendide bâtiment Bauhaus de 1933 du site Austellung du musée. À l’étage, on visite l’histoire du design en déambulant dans sept pièces meublées avec les joyaux des collections qui ont marqué les époques clés de cet art.
Le tram permet de rejoindre le second site du musée du design (Museum für Gestaltung, site Toni-Real) situé plus à l’ouest. Mieux vaut s’y rendre à pied pour découvrir la mutation de l’ancien quartier industriel « Zurich-ouest » devenu LE quartier tendance de la ville. En chemin, on pourra s’attarder dans les boutiques branchées et sur les terrasses ensoleillées situées sous l’ancien viaduc. En direction de la rivière Limmat, on tombera sur l’ancienne brasserie Löwenbräu, qui, par l’adjonction de bâtiments contemporains, est devenue un complexe mode mêlant galeries d’art, restaurants et boutiques de déco. Par beau temps, sur l’autre rive, une piscine installée dans la rivière nous tend les bras. Le second site du musée du design est installé sur le campus très contemporain de la réputée Zürcher Hochschule der Künste (Haute école des arts de Zurich). Il expose des projets expérimentaux en recherche et sert de réserve aux plus de 500.000 objets du musée. Pour la petite histoire, ce campus a été construit à l’emplacement de la plus ancienne usine de yaourts d’Europe.
Retour à la gare pour continuer l’exploration de la ville. C’est à la gare que débute la célèbre Bahnhofstrasse, une artère commerçante de 1,5 km, qui ne présente pas grand intérêt si ce n’est pour le shopping de luxe. Mieux vaut se rapprocher de la rivière Limmat, adjacente, pour découvrir les quartiers historiques comme Schipfe avec ses charmantes petites places. La rue des Augustins se distingue particulièrement avec les oriels colorés de ses façades. Près de là, les ors de la Paradeplatz, place financière célèbre dans le monde entier, ne sauraient ternir l’éclat de la FrauMünster. Cette ancienne église romane, transformée en gothique au XIVe s, renferme un trésor : les vitraux et la rosace de Chagall. Picasso disait de Chagall «qu’un ange se trouve certainement dans sa tête». On ne peut que lui donner raison après avoir admiré ces divins puits de lumière colorée, propices au recueillement.
De l’autre côté de la Limmat, on ne manquera pas la Grossmunster, une belle église romane, qui a été le centre de la Réforme protestante en Suisse alémanique. Son imposant portail retrace l’histoire de son prédicateur Zwingli, l’un des instigateurs de la Réforme. Derrière la Grossmunster, le musée des Beaux-arts (Kunsthaus Zurich) rassemble une vaste collection d’oeuvres marquantes. Parmi les fleurons, citons la collection de tableaux de Munch, la plus importante hors de Norvège, le plus vaste ensemble au monde de réalisations d’Alberto Giacometti, des toiles exceptionnelles de Hodler, Füssli, Picasso, Chagall, Beckmann, Kokoschka, etc. Au-delà de l’impressionnisme et du modernisme, la collection d’art contemporain est, elle aussi, remarquable avec des artistes comme Warhol, Rothko, Twombly, Beuys et Baselitz. Une extension du musée, en construction, ouvrira ses portes en 2021. Le Kunstmuseum sera alors le plus grand musée d’art de Suisse.
Depuis le musée, on a à peine le temps de reprendre son souffle lors d’une agréable promenade le long de la rive est du lac que déjà nos sens seront émoustillés par la découverte de deux autres joyaux. Balayé par le vent lacustre, un pavillon de verre et d’acier, décoré de grands rectangles colorés, retient l’attention. Le pavillon Le Corbusier (ci-dessous), œuvre posthume de l’architecte, inaugurée en 1967 et commanditée par Heidi Weber, architecte d’intérieur, galeriste et mécène. Pendant 50 ans, elle a assuré la direction et le commissariat de cette maison-musée, destinée à transmettre au public les idées et l’œuvre de Le Corbusier.
À une centaine de mètres du Pavillon Le Corbusier, on change brusquement de continent. Franchissant un portail pagode, on entre dans le plus grand jardin chinois d’Europe, construit en 1994 avec l’aide de jardiniers de Kumming. Par ce cadeau, la ville chinoise tenait à remercier Zurich de son aide technique et scientifique pour le développement d’installations d’eau potable. L’endroit, un havre vert de toute beauté, est romantique et dépaysant à souhait avec sa mare, son pont et ses pavillons de bois ajourés.
Après ce gavage culturel zurichois, rien de tel qu’un petit plongeon dans le lac pour se détendre. Mais s’il vous reste de l’énergie, vous pourrez la dépenser en visitant des musées plus insolites comme celui de la finance suisse, de la monnaie, de la FIFA, du constructivisme, des Indiens d’Amérique, … sans oublier le cabaret Voltaire, où est né le dadaïsme.
Lottie Brickert
Zurich est une belle ville ,vous avez eu raison de la présenter comme telle.
c’est aussi la ville natale de Robert Frank ,le célèbre photographe décédé l’an dernier.
le musée des beaux arts est extraordinaire et a organisé il y a quelques années une rétrospective R.Frank. je vous recommande le marché aux puces de la Burkiplatz ainsi que celui de la Helvetiaplatz.
la vie y est un peu chère!!! les parkings aussi mais le lac est magnifique ,la Limmat chaque année offre aux nageurs quelques compétitions à voir !
DONATIEN ROUSSEAU
Finalement je ne sais plus pour quelle raison cela m’a donné envie d’y aller : visiter tous ces beaux musées (il doit bien falloir 2 semaines ???!!!) ou me baigner dans une rivière en pleine ville. Parce qu’à Paris, la Seine, malgré ce qu’avait promis un ancien maire…