La Fab., le nouvel espace très attendu consacré à l’art contemporain par la créatrice de mode agnès b., a ouvert ses portes début février, place Jean-Michel Basquiat, dans le 13ème arrondissement de Paris. Ce nouveau lieu parisien regroupe désormais, sous un même toit, la collection d’œuvres d’art d’agnès b., dévoilée progressivement au public à raison de trois expositions thématiques par an, l’historique galerie du jour fondée en 1984 et la librairie du même nom, déjà présente autrefois rue Quincampoix. Photographies, dessins, peintures, sculptures, installations, vidéos et films composent cette collection de plus de 5000 pièces. Une première sélection de 150 œuvres autour du thème de “la hardiesse” est actuellement présentée jusqu’au 23 mai. Bienvenue dans l’univers d’agnès.b!
Le quartier s’avérant encore en pleine mutation, si la place Jean-Michel Basquiat (artiste peintre américain, 1960-1988) ne vous est pas encore familière, prenez l’Avenue de France et vous trouverez la Fab. quasiment en face du désormais bien établi MK2 Bibliothèque. Deux gigantesques panneaux rouges sur lesquels figure en lettres jaunes l’inscription de cette nouvelle fondation, assortis d’une flèche de belles dimensions, vous inviteront à contourner l’immeuble. Puis, le même logo en néon vous accueillera, donnant aussitôt le ton de cette adresse sobre et élégante. Avoir laissé passer l’effervescence des journées d’inauguration s’avère, une fois de plus, judicieux. La visite se fera dans le calme. L’endroit, spacieux, moderne et lumineux, permet aussitôt de s’y sentir bien. La librairie du jour a trouvé son emplacement à l’entrée, présentant, comme à son habitude, une sélection d’ouvrages pointus pour curieux et passionnés.
Une fois le portique franchi, une succession de pièces très aérées s’offre à nous, qu’un large escalier en colimaçon relie à un deuxième étage. Keith Haring (1958-1990), Andy Warhol (1928-1987) ou encore Jean-Michel Basquiat, les premiers artistes rencontrés, nous plongent tout de go dans le New York underground des années 70-80. Face à eux, une toile gigantesque en acrylique, très colorée, du collectif éphémère Les Frères Ripoulin (1984-1988), occupe tout un mur. Sur la cloison mitoyenne est exposée une œuvre pop de l’artiste underground français Robert Malaval (1937-1980), “Maternité” (1974), dans des tons rose, vert et rouge, eux aussi très vifs. Vous l’aurez compris, un éclectisme des plus harmonieux est au rendez-vous. Le commissariat et la scénographie ont été conçus par la maîtresse des lieux, ceci expliquant sans doute cela.
Plus loin, des œuvres de Gilbert & George se font face, entourées de photographies signées Nan Goldin, William Eggleston, Tracey Emin… Des artistes inconnus ou oubliés côtoient des icônes de l’art contemporain, ayant tous en commun, on le devine, d’avoir été l’objet d’un coup de cœur. Certaines œuvres parlent également d’amitié, le cartel précisant qu’il s’agit d’un “cadeau de l’artiste à agnès”, telle cette lithographie de Louise Bourgeois (1911-2010) représentant avec sobriété une délicate fleur rouge. La sculptrice et plasticienne est également présente avec une œuvre de dimensions bien plus importantes, “Spirals” (2010), douze gravures réunies, sur bois et papier japon, dans lesquelles le rouge, là aussi, domine. Un personnage construit en briques Lego vient compléter cet espace ayant apparemment pour dénominateur commun la couleur carmin. Intitulée “La cerise” (1999), la sculpture est signée de Serge Comte, un artiste dont l’œuvre a la particularité d’être peuplée de figures souvent réalisées avec des matériaux singuliers.
Plus intrigante se trouve être l’installation de Madeleine Berkhemer, artiste néerlandaise décédée en septembre dernier à l’âge de 46 ans, qui fit du corps féminin la matière première de son travail. “Milly’s Maserati” (2004) est une installation composée d’une voiture blanche entamée par la rouille et de collants féminins déchirés, dans les tons blanc et rose, pouvant rappeler une toile d’araignée. Difficile de ne pas se laisser captiver par cette mystérieuse composition. Non loin de là, une photographie en couleurs de Ronnie Hertz vient faire écho à l’œuvre précédente, dévoilant l’artiste disparue, vêtue simplement de collants, et d’une resplendissante beauté. Un discret cartel nous confirme ensuite que la sculpture en verre de Murano suspendue qui avait attiré notre regard est bien signée de Jean-Michel Othoniel. Une version en grès émaillé d’“Odore di Femmina” (1991) de l’artiste belge Johan Creten clôt cet espace dédié à la féminité et la première salle prend fin sur deux œuvres du grand Calder (1898-1976).
Le deuxième niveau s’avère à l’avenant, tout aussi riche et varié, avec toujours ce thème de “la hardiesse” voulu par agnès b. et inspiré notamment de la définition que l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1766) donne de l’épithète : “un dessinateur, un peintre, un artiste est hardi, lorsqu’il n’a pas redouté les difficultés de son art, et qu’il paraît les avoir surmontées sans effort.”
Quatre-vingt dix artistes au total sont présents dans ce premier accrochage où des noms peu ou pas connus, et même quelques anonymes, trouvent tout naturellement leur place à côté d’un Man Ray (1890-1976) ou d’un Damien Hirst. Une première exposition très réussie pour agnès-b chez qui la hardiesse semble décidément un terme très approprié.
Isabelle Fauvel
La Fab., Place Jean-Michel Basquiat Paris 13ème.
Du mardi au samedi, 11h-19h (fermeture des portes 18h30) Tarif plein : 7 euros / tarif réduit : 4 euros
Jusqu’au 23 mai : “La hardiesse dans la collection agnès.b.”
Régalez-vous !
Avec plaisir!
Bof…
Le tout-venant de l’art chic et choc pour nouveaux super-riches (Warhol, Haring, Gilbert et George)
Si l’on excepte Malaval et Basquiat, ça peint pas beaucoup
J’espérais mieux d’Agnès B qui est quand même plus intelligente et moins maître du monde que les Pinault-Arnault.
Si je peux me permettre,Mr Philippe person, ne soyez pas si négatif ..
Avez-vous visité ce lieu ?
Il y a chez Warhol, Haring, ou Gilbert et Georges, pour ne citer que ceux à qui vous faites allusion, des oeuvres remarquables et dignes d’intérêt .
On aime ou on n’aime pas, mais on peut avoir un « coup de coeur », et il me semble que cela correspond à l’esprit d’Agnès b.
oui, bien sûr. C’est coloré et décoratif, assez rigolo dans le cas de GetG… Mais franchement, ça émeut qui ? On est quand même dans le monde de l’affiche ou de la pub… Du plat et de l’uniquement cérébral.
En plus ce n’est pas jeune jeune comme art contemporain. J’espérais qu’Agnès B aurait montré des choses plus personnelles, plus originales…
Là j’ai l’impression d’une collection qui suit le marché.