Dans la famille Debré, je choisis le peintre. Olivier Debré, un original dans cette famille de médecins et d’hommes politiques, est sans aucun doute le seul qui passera à la postérité. Ce n’est pas moi qui le dit mais son illustre père Robert, médecin, lui même un des fondateurs de la pédiatrie moderne également à l’origine de la création des Centre hospitaliers universitaires (CHU). Avec l’installation de ses cinq peintures monumentales, le Centre de Création Contemporaine Olivier Debré de Tours invite le visiteur à vivre une expérience unique d’immersion dans la peinture : le visiteur habite la peinture, respire la peinture, est au cœur de la peinture. C’est du grand art, du grand spectacle.
«Ce que j’ai recherché dans les grandes peintures c’est la sensation physique d’un espace qui domine notre corps, qui soit un lieu que nous puissions vivre comme nous habitons une pièce : c’est en fait une préoccupation comparable au besoin de sortir du cadre.»
Cité par Marie-Claire Volfin L’art vivant n°57 mai 75.
L’histoire avec le directeur du CCC OD de Tours Alain Julien-Laferrière remonte à l’année 1982, date de la première rencontre des deux hommes au musée des Beaux arts de Tours. Ils se retrouveront régulièrement dans la maison familiale de Touraine «Les Madères» où Olivier Debré avait aménagé un de ses ateliers. Quelques années plus tard en 1990 le CCC lui commande quatre toiles monumentales au format des cimaises du centre (quatre mètres par neuf). Ce sont précisément ces toiles qui sont réunies pour la première fois dans les nouveaux locaux du Centre rebaptisé du nom de l’artiste après la donation faite par la famille à la métropole de Tours qui comprend les toiles monumentales, 150 dessins et un prêt permanent de 140 tableaux.
Une présentation qui a nécessité un important travail de préparation et une logistique conséquente due aux dimensions exceptionnelles des œuvres : la fabrication et le transport des toiles ont été rendus possible par un système de chassis repliables au moyen de treuils et il faut 8 personnes pour déplacer un seul châssis.
Sa formation à l’école des Beaux Arts de Paris, dont il sort diplômé dans la section architecture en 1938, pourrait être une explication au goût d’Olivier Debré pour le monumental et ce désir d’occuper l’espace qui se manifeste dès 1987 à l’occasion de la commande du nouveau rideau de scène de la Comédie-Française qu’il réalisera dans un hangar du Bourget sur une surface au sol de 500 m2. Une expérience déterminante pour lui. Suivront les commandes des opéras de Hong Kong et de Shanghai respectivement en 1989 et 1998. Il faut voir les représentations photographiques de l’artiste qui peint debout à même la toile avec des balais à manches télescopiques, au plus profond de la peinture, au plus profond de la couleur. Il est dans sa création, il habite sa peinture, il adhère à sa toile physiquement, il ne fait qu’un avec elle. Une façon de peindre qui le rapproche de l’américain Jackson Pollock. Et qui l’inscrit dans l’histoire de la peinture monumentale après le «Guernica» de Picasso et «les Nymphéas» de Claude Monet qui fut lui même tenté par l’abstraction à la fin de sa vie. Comme Claude Monet à l’Orangerie, Olivier Debré a réalisé à sa façon une suite, une variation de couleurs et de lumière, un hommage au fleuve tout proche la Loire.
Une présentation qui donne l’occasion de visiter les nouveaux locaux du CCC OD installé depuis 2017 dans un bâtiment réalisé par les architectes portugais Francisco et Manuel Aires Mateus avec ses 3 salles d’expositions la «nef monumentale», la «black box» et le «white cube», une réussite totale, une consécration et une nouvelle aventure pour le créateur et actuel directeur du centre Alain Julien-Lafferière qui vient couronner l’œuvre d’une vie de travail passionné.
Marie-Pierre Sensey
Les Nymphéas d’Olivier Debré
CCC OD de Tours
Jusqu’au 6 janvier 2019
Olivier Dervré est le fils de Robert Debré et non son petit-fils.
Vous avez raison cher lecteur, c’est corrigé. Merci. PHB
Ah ! Ce cher Olivier, ce « très cher » Olivier…. Aucun conseil régional gaulliste ne pouvait s’en passer dans les années d’avant Mitterrand… et des très grands formats. Comme la droite avait à peu près toutes les régions à l’époque, si vous voulez découvrir l’oeuvre d’Olivier Debré, je vous conseille de faire la tournée des capitales régionales… plus celles qui ont disparu avec la réorganisation hollandaise…
En revanche, la commande publique ne connaissait pas trop Zao Wou Ki, il faut dire que son frère n’avait pas écrit la funeste Constitution de 1958 !