Je lâche le morceau d’entrée, la pièce « Intra Muros » est une nouvelle grande réussite d’Alexis Michalik, qui en signe le texte et la mise en scène à la Pépinière théâtre. Je ne dis pas chef d’œuvre, j’ai peur de me laisser aller. Mais c’est pas l’envie qui manque. Bref, voilà donc la quatrième pièce du jeune (et bel) auteur (oh, non, je suis pas du tout jaloux). Après Le Porteur d’histoire, le Cercle des illusionnistes, et Edmond (tous trois dans le radar des Soirées de Paris), Alexis Michalik nous offre donc « Intra Muros ».
Une histoire d’enfermement. Ou de liberté. La vie avant, pendant, et après la prison. Car c’est de ces murs dont il s’agit, la taule, la taule pour longtemps. La vie, la vraie, un théâtre «du réel» et contemporain cette fois pour Alexis Michalik, qui laisse de côté le voyage temporel de longue portée. Il y en a bien des aller-retours, mais réalistes et proches donc.
Il n’empêche, Intra Muros est un nouveau tourbillon. Le socle, on le connaît avec cet auteur et metteur en scène. Les comédiens vont et viennent, qui avec sa chaise, qui avec sa table, le décor est minimaliste, les tableaux se succèdent avec une grande fluidité. Nous sommes aujourd’hui, hier et demain tout en même temps, il y a deux mois ou dix ans. Alexis Michalik nous embrouille tout en semant de petits cailloux, le spectateur est perdu mais pas tout à fait, et il aime ça. Et comme avec Edmond, on a droit au théâtre dans le théâtre, c’est poétique et drôle, triste et poignant. Tous les comédiens sont parfaits, ils font juste ce qu’il faut, ils sont justes, ni trop ni trop peu. Pas de stars, une bande, une troupe, au même niveau, tous en haut.
On en sort avec chacun j’imagine un scénario, il y a ceux qui ne veulent pas recomposer le puzzle, ceux qui sont certains d’avoir tout remis dans l’ordre. Qu’importe, chacun s’est laissé bercer, s’est laissé berner au moins le temps de quelques claquements de porte de cellule, de quelques parloirs, de quelques libertés conditionnelles. Merci pour la bonne soirée, pour cette histoire de détenus perdus et de visiteurs incarcérés volontaires, comme nous le temps d’une pièce. Le spectateur retrouve les rues de Paris, libre comme l’air sous ce ciel sans étoiles, et il sait la chance qu’il a, d’avoir pu rêver grâce au théâtre. Rêver et s’évader.
Byam
« Intra Muros » à la Pépinière théâtre