Les charmes de l’Italie ne sont plus à louer et la côte amalfitaine, en Campanie, sur la mer tyrrhénienne, est d’une beauté à couper le souffle. En à-pic vertigineux, se détachant des flots transparents de la Méditerranée, de magnifiques petits villages s’accrochent dans les anfractuosités de la roche où émergent des maisons en terrasses à la végétation luxuriante composée d’agrumes, de cyprès, de pins parasols, de palmiers, de bougainvilliers… Sorrente et ses célèbres citronniers qui donnent cette délicieuse liqueur de citron qu’est le limoncello, Amalfi, Salerne, Positano… Et puis, un peu plus loin, d’autres merveilles : les îles d’Ischia et de Capri…
Au cœur de ce paysage féerique, Ravello se distingue par sa quiétude. Perchée au-dessus de la mer, dans la montagne, à quelques kilomètres d’Amalfi, cette petite ville des plus pittoresques, peu fréquentée, même en été, se visite le plus tranquillement du monde. Et c’est un bonheur de déambuler dans ses ruelles aux vieilles pierres chargées d’histoire où de nombreux artistes trouvèrent le calme et l’inspiration.
La légende raconte que le grand Wagner y accéda à dos de mule. En pénétrant dans l’enceinte de la villa Rufolo, le compositeur aurait eu un véritable coup de foudre devant la magnificence du paysage qui s’offrait à lui et se serait écrié “J’ai enfin trouvé les jardins de Klingsor! ”. Il avait fini par découvrir le cadre enchanteur qui servirait de décor à son opéra “Parsifal”. La villa où séjourna Wagner en 1880 fut bâtie au XIIIème siècle par les Rufolo, une riche famille de Ravello citée par Boccace dans “Le Décaméron”, et alla jusqu’à servir de résidence à plusieurs papes. Mais si Wagner eut une révélation artistique devant les somptueux jardins fleuris de la villa, c’est parce que Sir Francis Neville Reid, un philanthrope écossais, avait racheté, quelque trente années plus tôt, ce qui n’était alors plus qu’un tas de ruines. Passionné de botanique, cet esthète avait non seulement rendu aux jardins leur splendeur d’antan, mais également fait rénover les tours et le cloître à l’architecture mauresque raffinée.
Aujourd’hui encore, Ravello se souvient du passage de l’illustre compositeur allemand puisqu’une rue porte son nom et qu’un festival de musique de grande renommée s’y déroule chaque été depuis… 1953 ! Consacré à la musique classique et lyrique, ce dernier accueille des orchestres et concertistes très cotés du monde entier, dans différents lieux de la petite ville : les jardins de la villa Rufolo bien évidemment, au panorama plus que magique, mais également dans l’élégant auditorium édifié par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer et inauguré en 2010.
La villa Cimbrone est une autre des nombreuses merveilles de Ravello. Tout aussi splendide que la précédente, elle a depuis été convertie en hôtel et seuls ses jardins sont désormais accessibles au public. Erigée au XIXème siècle par Lord William Bechett, une grande allée traverse là aussi de foisonnantes plantations pour mener au belvédère dont la terrasse est jalonnée de bustes en marbre. Le panorama sur la baie de Salerne est là encore vertigineux. La villa Cimbrone accueillit, elle aussi, de nombreuses personnalités parmi lesquelles on peut compter Virginia Woolf et l’illustre cénacle d’artistes et d’intellectuels britanniques que fut le groupe de Bloomsbury. L’auteur de “Mrs Dalloway” effectua plusieurs séjours dans ce lieu on ne peut plus enchanteur.
Le romancier, nouvelliste et essayiste britannique Edward Morgan Forster ainsi que l’écrivain français André Gide trouvèrent eux aussi l’inspiration à Ravello. Ce dernier y rédigea d’ailleurs son célèbre récit “L’Immoraliste” (1902).
Le monde du cinéma ne fut pas en reste puisque la rumeur raconte que la divine Garbo et le chef d’orchestre Leopold Stokowski y abritèrent leurs amours en 1938. Le réalisateur américain John Huston trouva en Ravello le cadre idyllique pour le tournage de son film “Beat the Devil” (“Plus fort que le Diable”, 1953), coécrit avec Truman Capote, et à la prestigieuse distribution : Humphrey Bogart, Jennifer Jones, Gina Lollobrigida et Peter Lorre.
Le Duomo est un des édifices incontournables de la petite ville. Il recèle notamment une majestueuse chaire recouverte de mosaïques à motifs et animaux fantastiques d’une grande originalité ainsi qu’un élégant ambon orné de mosaïques vertes représentant Jonas avalé et recraché par la baleine.
Ravello n’a, aujourd’hui, rien perdu de ses charmes, bien au contraire. Muse inaltérée, souhaitons-lui de rester longtemps ce petit coin de paradis au romantisme sans pareil.
Isabelle Fauvel
Merci, Isabelle, pour cette description de ce coin d’Italie que je connais pour y être allée il y a quelques années. J’envisageais d’y retourner. Après avoir lu votre article, je ne l’envisage plus, j’y songe sérieusement…
Et merci pour ces belles photos !
Bien à vous
Un petit supplément de vacances….
Merci Isabelle, je vais rêver un peu
Merci Isabelle ! Je connais bien Ravello pour y avoir séjourné longuement et garde l’espoir d’y retourner très vite… Nous y avons fait visiblement les mêmes photos, vu et apprécié les mêmes lieux. Merci d’avoir si bien fait revivre en moi par le truchement de l’écriture de doux moments dans cet endroit enchanteur de l’Italie.