La porte ne fonctionne plus depuis longtemps. L’ensemble est mangé par une végétation hors de contrôle. Le système unique qui permettait de faire coulisser des ombrières sur les vitres est entièrement rouillé. Cette serre, située dans la partie fermée au public, attend sa rénovation. Une fondation d’entreprises vient d’être créée en ce sens autour du Jardin des Plantes de Montpellier, le plus vieux jardin botanique de France.
Sur près de cinq hectares, ce jardin est une petite merveille d’agrément. Depuis la loi sur l’autonomie des universités, le monde privé a été invité à participer aux destinées des établissements. A Montpellier une vingtaine d’entrepreneurs se sont déjà engagés sur cinq ans à apporter la moitié des financements nécessaires aux travaux de restauration et d’embellissement du jardin. Avec une bienveillance qu’aurait méritée plus au nord, son homologue des Serres d’Auteuil, un vaste programme est déjà en route pour rétablir dans leur beauté initiale différents éléments de cet espace qu’il serait en outre question d’agrandir pour un meilleur accueil du public. Le site a été fondé en 1593 par Pierre Richer de Belleval, médecin et botaniste, à la demande d’Henri IV. D’emblée il a été placé sous la houlette de la très ancienne faculté de médecine de Montpellier puisque le but originel était bien de développer la science médicinale par les plantes. L’ensemble est classé monument historique depuis 1992.
S’y promener comme en son temps l’écrivain Paul Valéry est une jouissance pour le regard et l’esprit. Partout, entre ses allées, ses bassins et ses fleurs, la curiosité du promeneur est sollicitée. Il y a par exemple ce qui ressemble de loin à un vieux vaisseau spatial abandonné mais qui n’est autre qu’un observatoire. Le directeur du jardin, le professeur Thierry Lavabre-Bertrand, explique que cet objet insolite couvert de rouille remonte à un vieux conflit entre la faculté des sciences et la faculté de médecine. « La première, détaille-t-il, a en quelque sorte voulu poser ses jalons ici, mais c’est un très mauvais emplacement pour un observatoire ». Depuis les facultés ont fusionné et le témoin ovoïde qui fait la joie des photographes se ronge toujours en attendant ses bonnes fées.
Plus loin, se trouve le buste de Pierre Magnol, un professeur de médecine né et mort en même temps que Louis XIV. Ce fameux botaniste n’a pas eu toute la carrière qu’il aurait pu mériter en raison de son protestantisme. Mais il a quand même donné son titre de gloire à une plante bien connue de tous les jardiniers : le magnolia.
Une première phase de travaux de restauration a débuté en 2011. Elle a bénéficié notamment au réaménagement de la serre « Martins ». On y trouve à l’intérieur quantité de plantes qui s’y abritent du froid et notamment une fort intéressante cactée qui produit une substance toxique parfaite pour se débarrasser des importuns. On la bouturerait bien pour nos projets les plus obscurs. L’autre morceau de choix à venir porte sur l’Orangerie, singulièrement décrépie depuis son apparition au 19e siècle. Ceux qui ont la chance d’y pénétrer peuvent y respirer avec émotion ce vieux parfum de France que ses murs exhalent encore avec un raffinement discret. C’est d’ailleurs une des caractéristiques plaisantes des jardins botaniques, on y hume tout autant que l’on y regarde.
Le Jardin des Plantes de Montpellier est aux anges. La préservation de cet endroit semble être un souci bien partagé par ses animateurs. Une volonté, un respect du public, une morale, un savoir-vivre enfin, qui manquent cruellement à Paris.
PHB
Jardin des Plantes de Montpellier: boulevard Henri IV
J’aime votre article car j’adore les jardins c’est une promenade meme virtuelle qui régénère mais suis intriguée
Par votre arrêt sur cette plante toxique qui pourrait servir « nos » « vos « projets les plus obscurs et non une plante bénéfique ? Qui libererait des endorphines pour éviter l’amertume
A Paris même si tout n’est pas « rose » surtout depuis les attentats ,vous avez aussi de beaux jardins et des amis qui apprécient vos articles (même s’ils vous reprennent parfois quand utile à une cause ) j’espère que vous leur pardonnez leur franchise ?et même s’il ne fait pas aussi beau et chaud (parfois trop )qu’à Montpellier ? M R
Ah la la, il y a de quoi rêver quand on voit se qui se passe à Montpellier, alors qu’à Paris, la mairie de Paris a offert en sacrifice, sur un plateau d’argent, le jardin botanique des Serres d’Auteuil!