Des vélos, des oiseaux, des geishas, des créatures diaboliques, des cartes maritimes: cette liste hétéroclite a pourtant du sens. Elle fait la matière d’une nouvelle collection éditée par la BnF. Lancée au printemps elle se compose de petits ouvrages précieux, délicatement reliés par un fil, à partir des trésors que la bibliothèque protège dans ses rayons.
Il en est déjà sorti quatre et quatre encore sont attendus pour le trois octobre. Pour un prix (6,90 euros) relativement abordable compte tenu de l’épaisseur de ces opuscules de cinquante pages, on peut profiter d’une mini-exposition introduite par un texte d’explication instructif.
L’avantage d’une bibliothèque, contrairement à une banque, est qu’elle enrichit celui ou celle qui la fréquente à tous les coups.
Apprendre en une seule journée comment les photographes abordaient le monde du vélo en 1900 et notamment la « triplette anglaise », noter qu’à « l’heure du dragon » il était enfin temps pour une geisha convenable d’aller se coucher, prendre conscience de l’évolution de la photographie des nus féminins avec cent ans d’écart ou encore découvrir le « savakou de Cayenne » grâce aux dessins commandés par Buffon au 18e siècle, peut finalement créer le désir de connaître ensuite les « Cartes des nouveaux mondes, le jardin de Jean Nassau, les estampes fantastiques selon Goya, Doré ou Redon et se détendre enfin avec le Paris de l’exposition universelle de 1900. Cette collection s’intitule assez justement « L’œil curieux ».
Le rôle d’éditeur public de la BnF n’est pas forcément bien connu et pourtant il totaliserait déjà les mille titres, comprenant notamment les catalogues d’exposition. Certains se souviendront peut-être qu’en 2007 l’une des tours de la bibliothèque arborait un grand « X » rose pour signifier qu’une exposition licencieuse et de fait interdite au moins de 18 ans était organisée en son sein. Il y était même question de Guillaume Apollinaire qui en 1913 avait effectué un travail de catalogue sur « L’enfer » de la Bibliothèque Nationale.Tout cela avait donné un intéressant catalogue abondamment illustré de choses illicites parfaitement explicites. Au point qu’il y avait eu un deuxième « tirage » malgré un prix « facial » de (38 euros) qui frisait la dissuasion.
Et puisque l’on reparle d’Apollinaire dans cette chronique qui peine à tenir un fil directeur pour le moins zigzaguant, signalons tout de même qu’en octobre, la BnF éditera un ouvrage présentant des manuscrits du poète dont certains inédits. Ils y seront commentés par Peter Read dont l’acuité sur le sujet n’est plus à démontrer.
Ceux qui seront bravement allés au bout de cet article pourront reprendre leurs esprits à la librairie de la BnF Mitterrand. C’est là que tout s’y trouve à coup sûr. Comme le disait un jour en substance un ami et contributeur des Soirées de Paris, cela fait partie de ces lieux où l’on va dépenser avec plaisir l’argent que l’on a pas.
PHB
Cher Philippe,
ces livres sont bien appétissants…
Le problème avec les livres est où les mettre…
Comme bien des gens, ma bibliothèque déborde depuis longtemps mais je ne résiste pas au bonheur d’acheter de nouveaux livres…
Faudrait-il pousser les murs?