Les impressionnistes n’ont pas seulement inventé un courant artistique basé sur une manière, une façon de peindre, ils ont aussi modifié profondément la pratique de la peinture des paysages: en sortant les chevalets des ateliers pour les mettre en pleine nature, -un geste qui nous semble aujourd’hui anodin- ils affichent, pour leur époque, une pratique novatrice. De façon générale, ils ont été les témoins de l’avènement de l’industrie et de la croissance urbaine et ont accompagné les changements économiques et sociaux du dernier quart du XIX ème.
(Ci-contre : Claude Monet en « hispter » vers 1887/John Singer Sargent, Photo : MPS)
En prenant le parti pris du portrait, le musée des Beaux-Arts de Rouen aborde la peinture impressionniste sous un angle inhabituel, plus humain. Pour Erik Orsenna, un portrait est « une leçon d’attention à une personne, la quête de son secret, le respect et la célébration de sa différence« . Et ce n’est pas le moindre mérite de cette exposition que de nous démontrer que là aussi, en matière de portrait, ils ont fait bouger les lignes.
Ils peignent leur entourage proche: amis, famille, modèles, marchands et nous donnent à voir un côté plus intime et plus quotidien de ce qui apparaît au fil de l’exposition, comme une famille d’artistes: Tous ces portraits montrent que l’impressionnisme n’est pas une école isolée mais constitue un véritable réseau avant l’heure : les artistes, les poètes et les écrivains aiment à se représenter et à se photographier entre eux. Cette impression de grande famille est encore renforcée par la présence dans l’exposition de sections consacrées à la photographie avec de nombreux portraits photographiques et à la correspondance qui reflète la richesse des échanges épistolaires.
Tous ces visages nous parlent d’une société en pleine évolution et déjà si moderne. Si moderne le portrait de Berthe Morisot par Manet, moderne et élégante toute de noir vêtue avec son bouquet de violettes. Moderne encore, celui du célèbre marchand « Ambroise Vollard au foulard rouge » peint par Auguste Renoir.
La jolie Julie Manet, la fille de Berthe Morisot et du frère de Manet a été le modèle chéri de cette pléiade d’artistes qui l’entouraient.
Au cœur de la vie moderne et de cette nouvelle donne sociale et humaine, ils seront les premiers à prendre pour modèles des ouvrières, les grisettes ou des prostituées, les héros ordinaires. Les deux expositions consacrées à Gustave Caillebotte présent au Musée des Impressionnismes de Giverny et au Musée Baron Gérard de Bayeux sont à cet égard aussi très pertinentes et significatives et viennent compléter cette approche qui ne représente qu’une partie des 450 événements de cette 3ème édition du Festival « Normandie Impressionniste ».
Marie-Pierre Sensey
Scènes de la vie impressionniste Musée des Beaux Arts de Rouen jusqu’au 26 septembre
Caillebotte, peintre et jardinier Musée des Impressionnismes Giverny jusqu’au 3 juillet.
Caillebotte portrait intime d’une famille normande Musée d’art et d’histoire Baron Gérard jusqu’au 18 septembre. Ces deux expositions font partie du Festival Normandie Impressionniste dont Erik Orsenna est le Président. Depuis le 16 avril et jusqu’au 26 septembre, ce sont plus de 450 évènements répartis sur tout le territoire normand.
Vive la Normandie impressionniste, et merci pour la belle iconographie!
Merci de cette invitation à découvrir ces évènements autour de cette grande famille d’artistes et cette période majeure initiant l’art moderne.