Faute de montre ce 7 novembre 1492, cet habitant de Ensisheim en Alsace, s’est probablement tourné vers l’horloge du beffroi ou équivalent. Car à onze heures trente ce matin-là, une météorite de 8,3 kilogrammes venait de terminer sa course au sol. Le plus extraordinaire est la précision de cette datation. Et c’est aussi sans doute l’un des plus forts sujets d’étonnement que procure la visite du département de minéralogie du Muséum d’histoire naturelle, car on peut y voir l’objet identifié, à portée de main.
Son origine est inconnue, au contraire de ce projectile tombé en Egypte en 1911 à Al Buhayrah en direct de la planète Mars. C’est tout de même un monde (cosmique) que ces pièces jointes qui nous sont adressées comme autant de messages mystérieux alors que nous dépensons des fortunes à expédier des robots explorateurs du sous-sol de la planète rouge. Sa forme triangulaire banale, son poids quelconque de 212 grammes, nous fascinent pourtant. Quelques millions de kilomètres, un temps de parcours indéfini, il nous manque aussi la marque du lance-pierre et l’identité du tireur d’élite.
On en sait encore moins à propos de cette météorite trouvée en 2011 à Paris, laquelle à peu de chose près, aurait pu briser le carreau de la fenêtre d’une cuisine entraînant un cas d’étude intéressant pour une société d’assurance. Malgré son trajet sans doute respectable, cette chondrite carbonée de 1,12 kilogramme n’a pas de portée significative en ce sens que si elle était tombée sur un parcmètre, on aurait pu conclure à un genre d’avertissement. Mais non.
Plus sérieusement, un panneau est là pour nous expliquer que depuis leur date de départ, il y a quelques milliards d’années, ces roches qui viennent nous voir ont eu très peu de temps pour évoluer. Elles sont, comme les voitures de collection et à peu de choses près dans leur état d’origine. Elles ont très peu changé depuis la formation du soleil et c’est ce qui a permis aux scientifiques de formuler une hypothèse de datation assez vertigineuse et à l’abri de tout procès en faux.
Le Muséum d’histoire naturelle se tient dans le Jardin des Plantes, vieil espace au sein duquel se trouve un formidable concentré de connaissances universelles, unique à Paris, avec ses serres, son zoo, ses squelettes d’animaux disparus et des lieux malheureusement non ouverts au public comme l’amphithéâtre Verniquet.
Trop discrète, malheureusement incomplète, la Galerie de minéralogie et de géologie vaut néanmoins le détour, de préférence quand il fait beau ce qui permet d’être tranquille. C’est sous Louis XIII que le droguier du roi commence à rassembler des minéraux aux vertus prétendument médicinales. Les pierres deviennent des objets de recherche sous Censier et Daubenton au XVIIIe siècle. La galerie proprement dite n’ouvre qu’à partir de 1833. De nos jours on peut y découvrir des quartz géants, de l’or natif, des minerais rares et ces fameuses météorites expulsées un jour d’un fameux chaudron dont nous n’avons certes pas fini de sonder le fond.
PHB
Bravo! On a envie d’y courir en espérant ne rien recevoir sur la tête venant de Mars ou d’ailleurs!
LBM
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