Près de trois cents ans de tourisme à Paris ont fait l’objet d’une scénographie dans l’espace de la Galerie des Bibliothèques à Paris. Avec les attentats de vendredi, le relief de cette exposition débutée la veille et au demeurant fort sage, a brutalement changé. Intitulée, « Bons baisers de Paris », elle donne envie de pleurer.
L’expo nous explique en images, avec l’essor des transports, comment la capitale française est devenue la première destination touristique mondiale avec 47 millions de visiteurs pour 2,5 millions d’habitants. On y voit des voyageurs à la gare de Lyon sous le second empire autant que ceux qui y débarquaient à Orly par avion de la Pan Am ou d’Air France dans les années soixante et même en passant par le tourisme qui trouvait encore son mot à dire durant l’Occupation.
Cette si chic ville que nous aimons, avec son circuit obligé que balisent l’Arc de Triomphe, Notre Dame ou encore la Tour Eiffel et qu’une croisière en bateau mouches scinde si agréablement en deux depuis le Pont de Mirabeau jusqu’à celui de l’évêché, est en berne. Mais cette capitale dans laquelle on a toujours célébré le goût de la fête et des arts depuis Montmartre à Montparnasse, Bastille et Saint-Germain des Prés, n’en est pas à sa première rafale de mitraillette. Sur les murs de l’école des Mines, sur ceux du ministère des affaires étrangères ou encore les parois des bâtiments de l’armée entre le métro Ecole Militaire et la station Motte Picquet, les impacts toujours bien visibles de tirs automatiques nous rappellent les combats de la Libération. Au croisement de la rue de Choiseul et de la rue du Quatre Septembre dans le deuxième arrondissement, un mur porte encore les traces de l’explosion d’une bombe allemande, mais cette fois c’était en 1916. C’étaient des guerres terribles mais faciles à comprendre.
A Paname, les attaques terroristes laissent aussi des traces, des souvenirs que personne n’achète. Après les attentats de 1995, toutes les poubelles publiques ont été ôtées parce qu’elles étaient rigides, non transparentes et que l’on pouvait y dissimuler, à l’intérieur, une bombe à retardement. Depuis vingt ans elles sont en plastique souple transparent et rappellent, à qui veut s’en souvenir, qu’une bonbonne de gaz garnie d’écrous et planquée à l’intérieur d’une poubelle fit huit morts dans la station du RER Saint-Michel le 25 juillet et plusieurs blessés, à partir d’une autre poubelle située prés de l’Etoile, le 17 août de la même année.
Vingt ans plus tard, l’action terroriste a changé d’ampleur avec les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher et derechef, le 13 novembre 2015 en plusieurs points de la capitale et jusqu’au Stade France. Comme l’a notamment remarqué la presse étrangère, c’est le Paris ordinaire, celui des terrasses de café, du monde de la musique et du sport qui a été visé à la mitrailleuse, à la grenade et à la ceinture piégée, hachant aveuglément les innocents alentour.
Cette exposition de la Galerie des bibliothèques qui s’achèvera le 31 mars 2016, ne pourra plus être parcouru qu’avec les yeux rageurs et consternés de ceux qui ne se trouvaient pas vendredi soir au mauvais endroit.
Cette si belle affiche peinte, comme on savait en faire à l’époque avec cette femme portant son appareil photo en tenue élégante nous renvoie à une insouciance dont on peut aujourd’hui convertir le prix amer en nouveaux francs.
Tout ça c’était hier. Les postures de dignité ou les gesticulations martiales de nos politiques ne nous rassurent guère dès lors qu’ils nous promettent, faute de solutions, que ça va continuer.
De loin, l’Etat islamique peut savourer une victoire désolante que l’instauration de l’état d’urgence, vient objectivement compléter.
« Bon baisers de Paris » s’entête à nous chanter cette expo. Mais le cœur n’y est pas.
PHB
« Bons baisers de Paris ». Galerie des Bibliothèques. 22 rue Malher, Paris quatrième. Jusqu’au 31 mars 2016
à « tous ces après » dont le chemin nous oblige à regarder devant….
Après la stupeur et l’absurde il nous incombe de trouver un sens individuellement, précisément là où, il n’y en a plus…. insuffler un autre regard…..accéder à un changement de conscience…..continuer à croire en l’Homme et à ce qu’il sait offrir de meilleur au cœur de cet espace qui nous habite, bat et nous relie…. » Car sans avoir rien, que la Force d’Aimer, nous aurons dans nos Mains, Amis, Le Monde Entier !
https://youtu.be/ld14tnXCwS8