L’intérêt général des parisiens ne vaut pas celui d’une balle de tennis. Et c’est en vertu de ce constat que les permis de construire pour l’extension du stade Roland-Garros au milieu du jardin des Serres d’Auteuil ont été délivrés au début de l’été. Grâce à l’association qui se bat pour préserver ce bel espace classé on en sait un peu plus sur les conséquences d’un projet visant à la construction d’un complexe de 5000 places.
Il prendra la place « de cinq serres techniques modernes et de neuf serres chaudes d’origine modernisées, contenant quelque 10.000 plantes tropicales et subtropicales. Ceci après l’arrachage d’une quarantaine d’arbres et de quelque 200 arbustes » faisait savoir l’association au début du mois d’octobre.
Sans compter les longues nuisances induites par les travaux nécessaires, « le permis de construire accordé à la FFT, poursuit le communiqué, lui donne la concession pour 50 ans des bâtiments inscrits Monuments historiques de l’Orangerie et du Fleuriste afin de les transformer en locaux commerciaux Roland-Garros (restaurants, cuisines, salons de réception, distributeurs automatiques de billets et points de vente, etc.), alors que Jean-Camille Formigé (bâtisseur des serres historiques) les avait conçus pour participer au fonctionnement du jardin« .
Il est à noter que le projet de stade comporte un plan de végétalisation compensatoire de l’enceinte ainsi que des serres new age accroché à ses flancs comme autant de canots de sauvetages. C’est un peu la robe que l’on offre, pour la consoler, à la jeune fille vendue par propre famille.
Tout ne serait pas perdu cependant. L’extension coûtera quelque 400 millions d’euros, lesquels selon nos informations ne sont pas encore réunis. D’autre part, selon Lise Bloch-Morhange, dont la ténacité à la tête du comité de soutien est simplement remarquable, « deux recours ont été déposés le 30 septembre dernier auprès du Tribunal de Grande Instance (TGI) au nom de l’Association Jean-Camille Formigé et de deux arrières petites-filles de l’architecte (créateur du lieu) : un recours sur le fond et un référé (au nom du droit d’auteur), dont la date devrait être le 26 novembre prochain . Ces recours s’ajoutent aux 5 recours contentieux et 2 recours gracieux déjà déposés par les associations mais auprès du Tribunal Administratif ».
Dans cette affaire, la municipalité enjambe avec cynisme toute espèce de contestation qu’elle vienne du Conseil de Paris ou des 78.000 signataires de la pétition lancée par Lise Bloch-Morhange. Pas de « démocratie participative » non plus, cet ustensile municipal étant réservé à des sujets soigneusement choisis comme les 5% du budget municipal qui, au passage, n’ont rameuté récemment dans les urnes électroniques que 3% de la population parisienne bébés compris. Un record d’abstention dont la signification devrait résonner comme une alerte.
Enfin, des projets d’occupation du site en cas d’arrivée d’engins de chantiers seraient prêts à se concrétiser. Il ne faut pas par ailleurs écarter, le risque « image » que vont bien finir par évaluer les éventuels sponsors du tennis tricolore si l’affaire s’envenime.
Ce projet malheureux, a été imposé par le premier ministre contre l’avis de la ministre de l’écologie dont la maire a dit sur RTL qu’elle lui avait « compliqué la vie ». Les usagers du jardin pourraient lui retourner l’argument.
PHB