Ata Ndele Mokili Ekobaluka

Beauté Congo. aspect de l'exposition. Photo: PHB/LSDPLe Congo est un mot qui fera toujours rêver. Sa forte résonance se prête à deux pays et à un fleuve puissant. Aujourd’hui c’est à la Fondation Cartier pour l’art contemporain que le mot exprime toute la vitalité artistique de de la République démocratique du Congo, le plus souvent appelée Congo Kinshasa pour la discerner de son voisin le Congo Brazzaville. Une exposition polychrome, tout en force, qui met en valeur la production artistique contemporaine du pays. Son titre « Beauté Congo » se justifie de bout en bout.

Les peintures, sculptures et photographies de « Beauté Congo » nous sont proposées à travers une chronologie cohérente, qui court des années vingt, lorsque la capitale sous administration belge s’appelait encore Léopoldville, à 2015. C’est vers 1920 que se situe l’émergence d’une peinture dite « moderne » ce qui peut se discuter tant l’art africain dans son ensemble apparaît comme contemporain de toute éternité. Il y a un génie africain, linéaire, venant de très loin.

Moke, "SKol Primus" 1991. Photo: PHB/LSDP

Moke, « SKol Primus » 1991. Photo: PHB/LSDP

Disons-le, l’ensemble est non seulement convaincant mais le visiteur ira d’étonnement en étonnement selon les artistes et les décades, ce qui est bien le propre d’une exposition réussie. Dans la catégorie « populaire » qui jouxte et succède à celle des « précurseurs », on relèvera notamment Moke et son œuvre singulièrement accomplie « Skol Primus » réalisée en 1991. Une nappe de chaleur s’échappe à bien des égards de cette toile remarquable par les différents flux qu’elle libère.

D’autres réalisations mêlent humour et réalité comme celle présentant un Centre d’initiation pour réfugiés ou étrangers ou celle non moins frappante par son humour et son surréalisme évoquant dans une mise en scène hallucinée une chasse aux moustiques. Ces œuvres agissent comme des miroirs déformants qui accentuent, caricaturent et concentrent tout à la fois les problèmes de la vie quotidienne, selon ce qui nous est expliqué en clair ou en filigrane.

L’inventivité le dispute ici au talent, notamment au travers de sculptures et maquettes (de villes) monumentales. Une générosité indéniable se dégage des artistes que la fondation a réunis via une scénographie qui met en en concurrence toutes sortes d’expressions profondément originales.

Comment ne pas s’arrêter par exemple sur cette toile de Monsengo Shula intitulée Ata Ndele Mokili Ekobaluka (tôt ou tard le monde changera) présentant un groupe de cosmonautes réunis dans l’espace autour d’une statuette traditionnelle. Réalisée à l’acrylique, son audace tue et nous enjôle simultanément.

Nous sommes ici face à un art sûr, inspiré, décomplexé, affichant ses propres codes. Le résultat est réjouissant parce qu’il interpelle, heurte, provoque et pour tout dire réjouit autant qu’il séduit.

PHB

Ces 90 ans d’art moderne et contemporain de la République démocratique du Congo sont présentés jusqu’au 15 novembre. Fondation cartier, 261 boulevard Raspail.

Monsengo Shula intitulée Ata Ndele Mokili Ekobaluka. Photo: PHB/LSDP

Monsengo Shula/ »Ata Ndele Mokili Ekobaluka ». Photo: PHB/LSDP

L'affiche de l'exposition dans le métro. Photo: PHB/LSDP

L’affiche de l’exposition dans le métro. Photo: PHB/LSDP

 

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2 réponses à Ata Ndele Mokili Ekobaluka

  1. legendre nathalie dit :

    Merci Philippe de cette belle description, cela nous fait toujours rêver de lire tes articles !
    l’art africain est effectivement si riche et inventif ! pour ma part, une vibration particulière….si ma route va jusqu’à Paris…..Nathalie

  2. Ping : L’agenda choisi des vacances | Les Soirées de Paris

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