Mad Max ne se dérobe jamais

Image extraite de Mad Max. Photo: LSDPLe sens de la guerre au son des tambours, trompettes et autres cornemuses, s’est un peu perdu et « Fury Road » est là pour nous le rappeler. L’un des éléments du convoi lancé à la poursuite de Furiosa comporte une figure de proue vivante. C’est un guitariste qui plaque ses riffs au milieu des batailles déchaînées. Son instrument qui crache du feu pour entretenir la tension est secondé par des rangs d’individus qui frappent de vastes tambours. Que le sang coule. Bienvenue dans l’univers de Mad Max.

Bien sûr qu’il faut y aller en mode distancié. La guerre pour de l’eau et du nitro-méthane sur une Terre devenue désertique ne se fait pas dans l’esprit dentellière. Ici, si tu cognes tu gagnes, comme le chantait Nougaro.

Il n’y avait que six personnes dans la salle dont une dame un peu « déçue » de la recommandation du « Masque et la Plume », l’émission de France Inter. Ils avaient peut-être oublié de mentionner qu’avec le recul, le film gagnait en profondeur. Mais alors avec beaucoup de recul.

Un bon Mad Max ça décrasse, ça détartre, ça débouche, ça vidange. L’histoire est en même temps tellement linéaire puisque c’est juste une poursuite du début à la fin, les dialogues sont tellement disons… sobres, l’intrigue est tellement fine, qu’il est possible de prendre son temps aux toilettes et de revenir en salle avec l’impression de n’avoir rien raté qui nuirait à la bonne compréhension des événements  à suivre.

En gros (et sauf erreur d’interprétation toujours possible), dans un monde où l’eau et le pétrole sont rares ce qui donne le pouvoir à ceux qui les détiennent, un enragé à tête de singe décharnée, poursuit avec sa horde de véhicules invraisemblables (et donc dotée d’un guitariste pour l’ambiance) un convoi emmené par une certaine Furiosa qu’interprète la suave Charlize Theron. Furiosa n’est pas du genre à se laisser faire, elle est armée et fait des prodiges avec sa main mécanique puisqu’il lui manque un bout de bras.

Pour faire un peu court, Mad max (Tom Hardy) fait partie des poursuivants mais il est, tel un prisonnier, cadenassé à la proue d’un camion de guerre. Après quelques rixes proprement incendiaires, il finit par faire la jonction avec Furiosa.

Furiosa, interprétée par Charlize Theron. Photo: LSDP

Furiosa, interprétée par Charlize Theron. Photo: LSDP

Ce film ose tout sans aucun souci de crédibilité. Le camion de Furiosa transporte ainsi cinq nanas en tenue de plage et portant des ceintures de chasteté du genre coulées à Florange avec des rebuts de plaques d’égout. Très très curieux. Toujours est-il que Mad Max et Furiosa, on s’en doute, vont faire alliance dans une grande sobriété charnelle puisqu’aucune scène de sexe n’est à déplorer. En même temps, vu la façon dont tout le monde fait la guerre au pays de Fury Road, on n’ose imaginer la version d’un bang-bang-chérie couche-toi là.

En plus d’une certaine distance il faut mettre de côté ses préjugés et se laisser finalement porter par cette fresque apocalyptique, tout à la fois grotesque et démente. Dans la fureur de la route sanglante, on aura tout de même une pensée pour Manuel Valls qui avouait il y a peu, qu’il ne se « dérobait devant aucun combat ». S’il regarde Mad Max échapper aux balles, obus, lances, scies circulaires et autres tronçonneuses, on ne lui en voudra pas de revenir sur ses positions.

Le réalisateur George Miller s’est fendu, il faut le noter, de belles scènes bibliques et même shakespeariennes avec une longue séquence onirique dont l’étrangeté n’est pas sans rappeler quelques grandes signatures du cinéma italien. On ne saurait trop le remercier de ces ingrédients bienvenus qui permettent d’intellectualiser un peu le propos critique.

En conclusion et pour paraphraser Daria, une sublime adolescente cynique issue d’une géniale série américaine éponyme, devant Mad Max, on ne peut dire que « Wouah ».

PHB

Une scène de Mad Max. Photo: LSDP

Une scène de Mad Max. Photo: LSDP

N'hésitez pas à partager
Ce contenu a été publié dans Cinéma. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Mad Max ne se dérobe jamais

  1. de FOS dit :

    Décapante chronique. Et puis, même mal fagotée, Charlize Theron est si belle….

  2. Isabelle Fauvel dit :

    Merci à Mad Max d’avoir suscité une critique aussi savoureuse à lire. J’ai bien ri. Quant au film, je le laisse à d’autres…

Les commentaires sont fermés.