C’était le décor vedette de « Bancs publics », le film de Bruno Podalydès sorti en 2009 dans les salles obscures. Le square des Francine à Versailles générait sur sa toute petite surface un nombre incroyable de scènes heureuses truffées d’humour. Actuellement désolé, sans végétaux, il attend sa rénovation, dont l’achèvement est attendu pour la fin de l’année.
Situé tout en haut de l’avenue de Sceaux, il a donc perdu tout l’aspect enchanteur du film. Le lieu est entouré d’une palissade assez vilaine. En son centre, il n’y a plus que le bassin sur lequel, depuis 1957, les gamins (et les adultes) pouvaient faire aller et venir, leurs bateaux miniatures.
Le responsable de la restauration du site, Eric Rousset, évoque pour les Soirées de Paris, la nécessité de refaire le square à neuf. Il était tellement « délabré » se souvient-il, que le bassin central fuyait de toute part. Pour les besoins du film, où l’on voit voguer des petits bateaux, il avait fallu le remplir sans interruption afin de donner l’illusion d’un fonctionnement pérenne.
Tout cela devrait être rétabli dans le jus des années soixante, c’est à dire celui du film, avec une moitié composée d’alcôves, de bancs (publics…), de jeux pour enfants tandis que l’autre moitié sera caractérisée par un labyrinthe de haies sans que le choix de la plante soit encore fixé à l’heure où nous écrivons ces lignes, sauf qu’il ne s’agira pas de charmilles jugées trop fragiles. Et naturellement, le bassin qui fait de ce jardin comme une piste d’hélicoptère vue d’en haut (le générique de fin de « Bancs Publics »), en sera la star centrale avec une fontaine complètement rénovée.
Cet endroit tout aussi intime que magique remonte à Louis XIV. En bas du beau mur d’enceinte qui subsiste (et dont le ravalement est terminé) se trouvait un bassin suffisamment profond pour laver et abreuver les chevaux. Le square ayant été bombardé durant la guerre, il n’en restait plus rien jusqu’à ce que dans la fin des années cinquante, il soit rénové. La nouvelle restauration du square s’inscrit dans la foulée d’un vaste programme d’embellissement et d’aménagement qui court de la gare de Versailles-Chantiers jusqu’aux jardins Gobert.
En attendant, l’état transitoire du square des Francine (le nom d’une famille de fontainiers) fait peine à voir. Il ne nous rappelle que de très loin les scènes mémorables qui ont été tournées pour le film comme celle avec Claude Rich et Michel Aumont dissertant sur la fatalité des coloscopies une fois passé cinquante ans, Denis Podalydès qui pour séduire une femme confectionne à la chaîne des petits avions en papier, Hippolyte Girardot tentant sans succès une manœuvre de rupture, Nicole Garcia se faisant rattraper par son passé de prof d’anglais et toute une pléiade d’acteurs nous réjouissant de saynètes fort bien écrites dont un Didier Bourdon parfaitement adulte, jouant au bassin avec son bateau télécommandé.
C’est pour cela que la déception éprouvée devant l’état actuel du square des Francine n’a d’égale que l’attente du plaisir de le retrouver fréquentable. L’aventure de toute évidence y tenait l’un de ses QG . Prenez donc date.
PHB
PS: Nos vifs remerciements à Eric Rousset pour les photos anciennes.
Un film copieux, extra. S.