Louis XV estimait que les galeries du Garde-Meuble de la Couronne devaient être accessibles au public et la tradition s’est perpétuée avec la Révolution, les différents empires et le Mobilier National. Pour la première fois des objets du Mobilier National sont exposés aux Gobelins jusqu’en janvier 2016, le tout agrémenté d’une carte blanche très réussie au photographe Olivier Roller (ci-contre).
L’intérêt majeur de cette manifestation repose sur le déménagement d’ateliers de restauration, depuis l’enceinte construite par les frères Perret située à un jet de pierre des Gobelins. Ce bâtiment conçu pour le Mobilier National, ne l’est pas en revanche pour accueillir des visiteurs, d’où le transvasement, restaurateurs compris, d’unités de réhabilitation des meubles et objets qui font l’orgueil de nos palais nationaux.
De fait, il nous est est loisible de voir comment ces (nobles) ouvriers travaillent et on peut même leur poser des questions. Ainsi cet homme qui restaure sous nos yeux une chaise Louis XV.
Le hêtre dont elle est faite poussait déjà sous Henri IV, du moins est-il possible de le supposer, et cette prise de contact avec l’essence même de notre vieux pays ne se fait pas sans une certaine émotion, fierté, respect ou les trois à la fois. Là il s’agit d’une chaise mais plus loin on a affaire à des tapissiers ou encore à des horlogers. L’on peut voir avec quels matériels tout cela est conduit, de la laine aux planches d’acajou ou de palissandre.
Le Mobilier National s’attaque à la restauration de deux façons. Soit il s’agit d’un meuble d’usage et l’éventuelle pièce manquante peut être remplacée, soit l’objet a une haute valeur historique et sa dégradation n’est que stabilisée. Les Collections du Mobilier National comptabilisent 100.000 biens qui se divisent par conséquent en trois catégories. Les biens culturels patrimoniaux, inaliénables, imprescriptibles et dits de niveau « muséal », les biens culturels dans lequel un haut fonctionnaire peut piocher et user avec discernement et enfin les objets usuels dont on peut profiter en toute décontraction.
Cette exposition est innovante dans la mesure où elle met en scène des hommes et des femmes à l’œuvre. L’idée ne manque pas de stimuler notre imagination et il viendra peut-être un jour où l’on pourra regarder un bloc opératoire en action, des policiers en cours d’interrogatoire, des agents du fisc en séance de traque, un ministre à la sieste, des espions rasant les murs… tout un monde expérimental vient de s’ouvrir pour les scénographes (1).
PHB
Galerie des Gobelins, 42 avenue des Gobelins. Jusqu’au 17 janvier 2016.
(1) Soustraction faite bien sûr de ces honteux zoos humains qui prévalait aux époques coloniales.
A noter que la Galerie des Gobelins fut construite par l’architecte Jean-Camille Formigé qui entreprit sa construction en 1908. L’inauguration du bâtiment fut repoussée à 1922 à cause de la guerre.
Il s’agit bien de l’architecte-paysagiste-décorateur qui édifia, entre autres, le Fleuriste d’Auteuil, inauguré en 1898, autrement dit le Jardin botanique des Serres d’Auteuil menacé aujourd’hui de dénaturation, amputation et bétonisation par la volonté expansioniste des dirigeants de la Fédération Française de Tennis appuyés par la mairie de Paris.