C’est une bonne nouvelle. Dans son édition du 23 mars, le Parisien nous apprenait que 2015 serait la dernière année pour la RATP à afficher sa calamiteuse campagne publicitaire sur les incivilités. Tout le monde a à l’esprit cette série d’animaux censée dénoncer les mauvais comportements dans les transports comme de passer sans payer aux tourniquets ou de téléphoner à tue-tête.
La RATP se félicite dans les colonnes du quotidien de cette campagne «qui a très bien marché » avec sa « tonalité humoristique et non donneuse de leçons».
L’humour, voire le bon goût, visant à prendre les usagers, fussent-ils incivils pour des animaux ne saute pas vraiment aux yeux mais en revanche le côté «donneur de leçons» de la régie (qui ne s’en exonère pas en l’infirmant) est juste une évidence. Déjà en 1982 les affiches proclamaient que «Frauder, c’est bête» tout en montrant un usager à tête de rat. Les incivilités sont certes passablement insupportables mais ce n’est pas une raison.
Il se trouve que le Cherche Midi éditions a publié il y a peu un livre sur « Soixante cinq ans de publicité à la RATP ». La couverture de cet ouvrage fort intéressant est justement celle, signée Publicis Conseil, qui verse dans un zoomorphisme douteux. Ce livre nous rappelle que les campagnes de la RATP ont été par le passé beaucoup mieux inspirées avec un véritable humour à fleur d’affiche. Outre que ces campagnes balisent une histoire qui nous est propre, la plupart sont également amicales (même quand elles sont pédagogiques), jolies, conniventes, parfois et souvent drôles. C’était le ticket « chic » soit la moitié d’un vieux slogan toujours dans les mémoires. Cité dans le livre, le publicitaire Jacques Séguéla rappelle que la pub «c’est l’art de faire en sorte que les mots vous émeuvent, de toucher les gens, de les entraîner, de les emmener ailleurs». Une « reco » un peu perdue de vue depuis.
Ce mercredi 25 mars, la RATP avait déployé un filet humain, un genre de souricière en mode ticket choc, de façon à détecter les fraudeurs. Cela se passait vers 14H30 à la station République sur la ligne 11. Il y avait donc des contrôleurs de la RATP occupant toute la largeur de couloir et qui s’efforçaient de dire «bonjour» et «s ‘il vous plaît» aux usagers avant de vérifier leur titre de transport. Allez savoir pourquoi, leur amabilité de commande n’était pas payée en retour. Il faut dire que derrière le cordon, il y avait deux costauds dont la posture intimidante était des plus efficaces pour décourager toute prise de distance. Et pour les timides voire les fraudeurs qui auraient tenté un demi-tour il y avait deux agents en back-up avec un brassard «sécurité» sur l’avant-bras. Bref une vraie ambiance cordiale comme la RATP peut en créer.
En attendant une prochaine campagne de publicité dont on n’ose espérer qu’elle sera moins désobligeante à l’égard des usagers qui financent, on pourra toujours se ragaillardir à la station Porte des Lilas, laquelle a gardé ses fleurs en mosaïque d’origine sur ses murs. Toute une époque.