Takis explore l’impalpable : le son, la lumière, le magnétisme ou le vent. Ses recherches sur les mouvements aléatoires produits par les forces naturelles ou artificielles nourrissent son œuvre. Artiste inclassable, il a exposé ses « Totems » dans les plus grands musées. L’été, les employés du quartier de la Défense à Paris font leur pause méridienne autour du « Bassin Takis », ignorant ou se moquant de savoir qui en est le sculpteur ; ses œuvres monumentales faisant depuis longtemps partie intégrante de nos paysages urbains.
Depuis 1954, Takis partage son temps entre Paris et Athènes où il est né en 1925. En 2007, la Fondation Marguerite et Aimé Maeght de Nice présentait ses œuvres les plus récentes comme ses « Eoliennes », gigantesques demi-sphères suspendues au bout d’un axe de métal qui s’animent au gré du vent. Des sculptures « non pour encombrer l’espace, dit Takis, mais pour qu’apparaissent les éléments de l’invisible. »
Il y a longtemps, le peintre grec a croisé la route d’Yves Klein et de Tinguely. A ses débuts, ses sculptures évoquaient à la fois l’art cycladique et les personnages filiformes de Giacometti. Picasso l’a aussi inspiré. Au milieu des années 1950, fasciné par l’invention du radar et par ce qu’il appelle le « paysage technologique » des gares de triage, Takis entreprend une série de sculptures mobiles et verticales (les « Signaux ») qu’il associe à des feux d’artifice et installe provisoirement dans les lieux symboliques de la capitale (Place de la Concorde, boulevard Saint-Germain…). Par cet acte artistique et éphémère, il initie, à sa manière, les premières manifestations de l’art urbain.
Au Palais de Tokyo, le visiteur ne verra rien de tout cela. Le commissaire d’exposition a choisi de montrer de l’artiste ses œuvres magnétiques, ses installations lumineuses en hommage à Kafka, ainsi que quelques-uns de ses grands bronzes érotiques. Il s’agit de la plus grande rétrospective (70 œuvres) présentée depuis vingt ans sur l’artiste, qui fête ses 90 ans cette année.
L’exposition débute avec les « Murs magnétiques », où des objets métalliques sont maintenus en lévitation à quelques centimètres d’une toile peinte par la force d’attraction des aimants. Il n’y a ici rien que du tangible : un fil invisible, mais bien réel, accroche l’objet au plafond ; l’aimant fait le reste. Pourtant, l’image est poétique.
En 1960, après l’envoi de la chienne Laïka dans l’espace par les soviétiques, Takis veut être le premier à libérer l’homme de la pesanteur. Avec le concours de ses amis écrivains et poètes de la « Beat generation » William Burroughs et Gregory Corso, il fait lire un « Manifeste magnétique » à Sinclair Beiles, retenu entre le sol et le plafond de la galerie Iris Clert par la force d’attraction d’un gros aimant attaché à sa ceinture. « Je suis une sculpture, lit Beiles, Je suis ici pour qu’on m’achète ». La performance est un succès et Takis réussit son pari d’envoyer symboliquement le premier homme dans l’espace.
En entrant dans la salle où sont exposées des œuvres en hommage à Kafka, le visiteur parisien a tout à coup l’impression d’un brusque retour en enfance, un mercredi pluvieux d’hiver (ou un jeudi pour certains) où, ne sachant comment se distraire, il se rend pour la énième fois au Palais de la Découverte. Là, le visiteur s’interroge : d’où lui vient cette sensation de ne plus être dans une exposition d’art contemporain mais plutôt dans un lieu d’expérimentation scientifique ? La réponse tient peut-être en quelques lignes : Takis, en chercheur insatiable et expérimentateur de l’invisible, a entretenu toute sa vie un dialogue avec les forces énergétiques. Dans sa jeunesse, il a reçu une bourse du MIT (Massachusetts institute of technology) pour travailler avec les scientifiques les plus renommés ; depuis il conçoit des œuvres situées à mi-chemin entre l’art et la science.
D’ailleurs le visiteur n’est pas passif, il est invité à participer par sa présence ou son action. Ici, de grosses ampoules ventrues s’allument à son passage. Là on lui propose de (re) créer un tableau : « Antigravités » ou « Festins magnétiques ». Sous l’œil attentif d’un médiateur culturel, il jette une poignée de clous sur une plaque métallique, formant un bouquet recomposable à l’infini. Gadget pour enfants de six ans ? Un peu. Mais aussi utopie artistique courante dans les années 1960 qui consistait à désacraliser l’œuvre en plaçant le spectateur en son centre. L’artiste officiel n’est plus le démiurge seul capable d’inventer une forme nous dit en écho Joseph Beuys, peintre et sculpteur membre de Fluxus, car « Chacun de nous est un artiste ». Voire.
« Takis, champs magnétiques », au Palais de Tokyo, 13, avenue du Président Wilson, Paris 16ème. Jusqu’au 17 mai.
Takis s’amuse avec les champs créés par les aimants. Et cela devient un jeu fabuleux, magique! Les clous ou la poussière de fer sont jetés sur une toile et pour le néophyte, c’est un jeu d’enfance! Le métal gris s’accroche et est lié de façon puissante à un support à l’air bien innocent! En fait un ou des aimants puissants emprisonnent le métal. Et la poussière qui se superpose en baguettes donnent la direction du champ magnétique! Comment rendre visible l’invisible champ d’attraction de l’aimant, c’est tout simple!! Amusez-vous avec vos enfants avec une boîte fine et transparente en plastique, une poignée de sable noir de la Réunion ou de la Martinique et un aimant! Approchez l’aimant du fond de la boîte et déplacez-le doucement! Les petits grains noirs contenant des minéraux contenant du fer( ferro-magnésiens pour les puristes!) s’accrochent aux endroits où se déplace l’aimant( bien le mettre dans le bon sens; s’il est à l’envers, le champ magnétique va repousser les mêmes grains attirés tout à l’heure!! ); essayez avec d’autre sables… Et chassez ainsi la trace volcanique dans nos sables! Dans le sable de Loire, quelques petites grains d’origine volcanique apportés par les eaux du Massif Central! Et vive l’eau qui court et balade les signatures géologiques de nos paysages jusque dans les tresses de sables dorés de la Loire et de nos plages!
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