Ses photos noir et blanc nous rappellent ce que l’on aime de l’Italie. Non pas le Colisée ou la place Saint-Marc, mais les atmosphères intimes, celle d’une rue de Ferrare, d’une silhouette féminine surprise chez un concessionnaire automobile de Milan ou les arcades de Turin, cette si jolie ville heureusement méconnue. Ses épreuves en couleur nous provoquent le même effet avec leur technique au charbon Fresson qui fait qu’elles ne détonnent pas avec nos souvenirs dont les couleurs ont perdu de leur éclat. Bernard Plossu est actuellement à la Maison européenne de la photographie.
Bernard Plossu raconte qu’à l’aube de ses trente ans au début des années soixante dix, il s’est rappelé de ses origines italiennes dont lui parlait sa mère et il a voulu aller voir et puis revoir. En explorant la péninsule de long en large, il en a ramené des photos intimistes, de la rue, des paysages et des gens. « Je vais partout, dès que possible, raconte-t-il, des montagnes du Piémont par tous les temps, au sud, au centre classique, de Cuneo à Bari, de Turin à Palerme, de Bologne à Cagliari et de Pitigliano à Alicudi ! Tout m’attire, et je photographie partout, à pied, en auto, en train, les paysages, les gens, les ambiances, l’architecture, le présent, lepassé, le futur, la poésie… »
La délicatesse de ses prises de vues confère à l’ensemble une certaine élégance puisque l’idée d’épater n’est présente nulle part. Ses angles se situent bien en marge des panoramas qui font de l’Italie une destination touristique. Ses photos, bien peu larges, ne dépassant pas parfois la taille d’un paquet de cigarettes, tiennent du carnet de voyage. Elles coïncident avec nos souvenirs ou mieux encore avec l’idée que nous avons d’endroits que nous n’avons pas encore visités.
Bernard Plossu nous donne aussi à voir de ces villes qui ne sont pas de grandes vedettes comme Ferrare, Turin, Lucques mais qui exhalent davantage cette Italie vraie qui fait qu’on y retourne si facilement et qu’après avoir passé la frontière on s’y sent presque chez soi.
Depuis 1967, ce photographe à l’ancienne dit avoir ajouté de « la couleur dans le boîtier ». Et le résultat est plaisant grâce au procédé Fresson qui substitue une atmosphère mate et douce aux brillances courantes. Sa production polychrome, subtile, s’apparente davantage à de la peinture et il s’en dégage un charme, à partir de situations très banales, qui fait que le regard s’y attarde et même s’y installe. Son âme est en Italie avoue-t-il en restituant assez bien cet abandon dans ses tirages.
PHB
Merci pour cette douce balade matinale. La Maison européenne de la photographie est un endroit où nous, parisiens, n’allons jamais assez souvent. Il y a pourtant souvent de très belles ou de très surprenantes expositions.