C’est une débauche d’énergie et de créativité qu’offre, pour fêter ses vingt ans, la compagnie Chicos Mambo avec son spectacle « Tutu, la danse dans tous ses états ! ». Il met en scène six interprètes – un joyeux méli-mélo de danseurs, gymnastes et acrobates donnant un nouvel éclairage à la danse tant classique que moderne. Avec bonne humeur toujours, mélange des genres assurément et provocation à l’occasion, ce boys band de ballet s’emploie à lifter la Muse de la danse pour séduire le public le plus large avec son vaste répertoire.
Philippe Lafeuille est le concepteur et chorégraphe de ce divertissement en multiples tableaux qui ne laisse le temps de souffler ni à ses interprètes, ni aux spectateurs. Il y en a pour tous les goûts dans ce show enlevé qu’on n’est pas tenu d’apprécier dans son entièreté… Il arrive qu’une certaine vulgarité dans le geste y côtoie la savoureuse subtilité de l’échange parlé – tel ce conciliabule à propos du métier de danseur pour un homme. Le sextuor s’y amuse à régler leurs comptes à nombre de poncifs homophobes. Autre irrésistible aparté, ces sportifs virils et musclés se faisant perruches minaudant à l’issue d’une prestation. S’agit-il de l’élection de la reine des majorettes ? Ou de l’affichage attendu du score à l’épreuve de patinage artistique ? Peu importe, le sexe dit faible en prend (gentiment) pour son grade.
On peut dans ce show trouver certaines références à Béjart le provocateur. Rien d’étonnant à cela, Philippe Lafeuille ne cache pas avoir tiré sa vocation de danseur de la découverte d’un de ses spectacles. Il se plaît, comme son illustre modèle, à bousculer les codes, cultiver l’impertinence et à introduire une forme de sensualité brutale dans la gestuelle. « Tour à tour classique, contemporaine, sportive et rythmique, académique ou acrobatique, la danse des hommes Tutu est atypique, irrévérencieuse, ludique mais toujours artistique », écrit le chorégraphe à propos de son spectacle.
Sur le plan musical, Tutu explore un champ qui va de la valse viennoise au tango argentin en passant par le rock et les sonorités asiatiques. On peut voir, dans cette courte reprise du boléro de Ravel un hommage (revisité !) au ballet mythique de l’idole, créé en 1961. On pense à Almodovar qui en fit l’entêtante toile de fond de son « Parle avec elle ». Car la musique de film inspire visiblement le chorégraphe qui règle l’un de ses tableaux sur celle d’ « In the mood for love ».
Les six comédiens n’ont intégré les exigences académiques de la danse que pour mieux s’en affranchir. Sur scène, ils font montre une heure vingt durant d’une époustouflante forme physique… Du genre aspergeant les spectateurs du premier rang. L’un des artistes se fait derviche tourneur autour de sa corde au point qu’il faut l’en décrocher dans les coulisses pour lui épargner le tournis.
Tutu long, tutu court ; tutu homme, tutu femme ; tutu blanc, tutu noir ; pieds nus ou chaussés de talons aiguilles, de chaussons ou de pointes : les numéros alternent irrévérence, poésie, imagination et esthétisme. On a particulièrement apprécié cette version sobrement mimée du lac des cygnes, ce « haka » guerrier souplement interprété par un baraqué tout de cuir casqué, ce (faux) couple interprétant la mythique scène finale de Dirty Dancing. On a souri à ce travesti collanté de blanc, volanté de tarlatane et coiffé de diadème capable d’enchaîner pirouettes et pas chassés avant de regagner les coulisses… d’une très virile enjambée. Des saynètes propres à faire réviser ses classiques (grâce et légèreté n’appartiennent pas qu’au genre féminin) et à faire la peau au manichéisme qui voudrait qu’en l’homme il n’y ait aucune parcelle de féminité.
Le spectateur bien placé s’amuse des mimiques des artistes, étudiées pour déclencher l’hilarité. Comme cet immuable sourire d’aise qu’affiche la danseuse étoile parvenue au firmament de son art. Sourire auquel répond ce rictus de douleur du petit rat s’échinant à la barre pour espérer un jour le devenir… Eve, la vraie, a la portion congrue et inversée dans ce show à l’honneur de Terpsichore, censée marquer la cadence et diriger les pas. Tout de noir vêtue tel un rat, mais d’hôtel cette fois, l’unique femme du spectacle s’est fait cameraman pour filmer les « vraies » stars.
Guillemette de Fos
Voilà, je suis à peine repartie de Paris qui m’a posée bien des lapins!!! Mais bon, j’ai l’habitude d’improviser!!! La danse sortie de son habitus, avec des costumes délirants mais des danseurs fabuleux et autrement mis en valeur que par des collants ambigus!!
Donc, je vais reprendre vivement le train et je finirai par voir après réservations obligatoires, et les Hans, et Klimt et les danseurs!! Il faut être organisée!! Je le sais!!
Anne revient avec des soif et faim de poésie et d’art… Au Muséum, j’irai voir les gorilles et penserai à Gorges à la guitare si douce… Et Zaz de chanter… Paris… Un air de valse…
Un petit mot sur la pièce « Nos bonnes femmes ». Une merveille!! Surtout appréciée par les femmes de l’assistance qui ont applaudi à tout rompre les 3 comédiens extraordinaires… Et les hommes de l’assistance, que j’ai observés de ma place, ils sont repartis presque sombres et inquiets… Ils ont découvert, pour certains, très tardivement, comment fonctionnaient les femmes, qui partagent parait-il leur vie… Ah, bon… Elles pensent ainsi..; Alors on n’a pas tout compris voire rien… Quelle erreur….Et même quelles erreurs… Elles ne sont pas des petits animaux de compagnie basiques… Et non… Donc allez vite voir ce trésor de psychologie, au si joli et précieux théâtre de Paris…