Une Philharmonie mal penchée

Les oiseaux de pavement de la Philharmonie. Photo: LSDPSon allée centrale, pavée d’oiseaux comme son toit, console. De loin, c’est à dire depuis la station de tramway de la porte de Pantin, l’édifice fait penser au choix à un aéronef mal posé, un cric en cours d’extension ou à une structure qui se serait affaissée sous le poids de sa gêne. Il paraît que l’intérieur de la Philharmonie est davantage réussi, qu’il n’y a aucune place sans visibilité et que l’acoustique comblera les mélomanes. Mais l’architecture de cette Philharmonie que l’on inaugure aujourd’hui chagrine l’œil.

Il a été écrit (dans Télérama) que l’ensemble hésitait entre « l’assise et l’envol ». La formule est bien trouvée pour rattraper un résultat où plus précisément, une ébauche d’effondrement se déguise en effet de style.

Le contribuable devra mettre la main à la poche pour ce bâtiment voulu et annoncé dès 2005 par Dominique de Villepin (premier ministre), Renaud Donnedieu de Vabres (ministre de la culture), Bertrand Delanoë (maire de Paris) et Laurent Bayle (directeur général de la Cité de la musique et de la salle Pleyel). De 170 millions d’euros au départ le coût aura, d’après ce que l’on peut lire, doublé à l’arrivée.

Il y aura des gens dont l’avis (respectable bien entendu) sur ce bâtiment signé Jean Nouvel sera favorable. Hormis cette impression d’affaissement dont on en sait si elle finira par se dissiper, il est impossible de ne pas remarquer le manque d’éclat de cet ensemble a priori achevé mais incroyablement terne. C’est peut-être mieux d’ailleurs car plusieurs couches de vernis ne feraient que souligner un ratage qui alimente parfois les conversations de ceux qui attendent leur tramway.

Etat du chantier de la Philharmonie, le 8 janvier. Photo: LSDP

Etat du chantier de la Philharmonie, le 8 janvier. Photo: LSDP

Enfin il n’est pas besoin de sortir d’une école d’architecture pour relever la dissonance flagrante avec les bâtiments voisins signés eux par Christian de Portzamparc et que les habitués du parc de la Villette ont adoptés depuis longtemps. Il aurait quand même été logique de confier ce prolongement de la Cité de la musique au même bâtisseur pour un projet dont le nom se veut porteur « d’harmonie ». Portzamparc était parmi les compétiteurs et quand on voit ce qu’il a réalisé pour le Luxembourg et son projet non retenu pour Paris (voir ci-après) il y a de quoi être amer maintenant qu’il faut payer la facture.

Cette Philharmonie verticalement cintrée, mal penchée,  dont il faudra malheureusement s’accommoder est emblématique de ces échecs urbains qu’aucun esprit de bon sens n’a eu le réflexe de tuer dans l’œuf. Il ne manquera pas d’éléments de langage comme l’on dit de nos jours pour rhabiller une affaire qui fera peut-être et même sans doute illusion la nuit avec un éclairage adéquat. Mais de jour, le regard devra s’orienter ailleurs.

A 20H30 ce mercredi, l’Orchestre de Paris dirigé par le chef estonien Paavo Järvi, testera en réel l’acoustique de la salle avec le violoniste Renaud Capuçon et la pianiste Hélène Grimaud, en présence de François Hollande.

Portes ouvertes les 17&18 janvier

Le projet finalement  non retenu de Christian de Portzamparc pour la Philharmonie de Paris. Source: Cabinet Portzampac

Un plan qui montre comment se serait intégré le projet Portzampac pour la Philharmonie.

Un plan qui montre comment se serait intégré le projet Portzampac pour la Philharmonie.

Le projet Portzampac réalisé pour le Luxembourg. Source: Portzamparc

 

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8 réponses à Une Philharmonie mal penchée

  1. Anne Archen Bernardin dit :

    Pas toujours évident de passer de la maquette papier à la réalisation!!! Pourtant ce sont des gens de métiers qui sont sensés être formés pour rendre le projet faisable.. Le pb qui doit tout mettre en l’air et en miettes disgracieuses et fort coûteuses, c’est le passage entre les fourches caudines des appels d’offre!!! Et là, on ne ri go le plus!
    Bizarre, non… Pour remporter un marché, il faut rendre une proposition la plus allèchante financièrement parlant, le reste on s’en …moque, bien sûr… Et soudain, les structures pourtant si bien calculées et l’emploi de structures porteuses ou autres béton armé ne tiennent plus!!! C’est dommage…………..
    Stupidité? Je ne sais pas. quand on veut faire un mur qui tient, me disait mon maître ès Béton, Christian( salut! Encore moi, je sais!! ), en 75, il faut mettre tout ce qu’il faut: du sable, de la cheaux, du ciment et de l’eau. Tu travaille à la bétonnière, si elle est pas en panne et va s’y!! je suis allée inspecter un peu le vieux village de mes chantiers si formateurs pour la suite et je peux dire que ça a l’air de tenir!!

    Donc….

    Tschüsssssssssssss

    Annnnnnnnnnnnnn

    • Anne Archen Bernardin dit :

      Trop de fautes dans ce texte!! heures de colle, demain… OK!

      • Bruno Sillard dit :

        Souvent ces commentaires sont écrits vite mais enrichissent le texte d’un aspect nouveau ou font souffler sur le réseau des « Soirées » un vent amical. Peu importe alors si un avoir fait carême ou que la musique d’être manque d’accord. A parler franchement, les réflexions sur les fautes d’orthographes qui semblent se répéter, finissent par manquer d’élégance.

  2. Steven dit :

    Le travail du projet Portzemparc domine en force et en finesse. Dommage pour nous.

    • Frédéric MAUREL dit :

      well, on ne saura jamais ce qu’aurait donné ce projet non retenu au réel (quelles dérives, quels vices – mineurs – cachés ?), et de combien de M€ il aurait dépassé…

  3. de FOS dit :

    Entre les deux projets il n’y a pas photo !

  4. Marie dit :

    La tribune de Jean Nouvel dans Le Monde daté du 15 janvier laisse perplexe. L architecte n est as un bon avocat pour sa propre cause…

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