Dès les premiers pas, on est saisi ! David Altmejd nous entraîne dans son monde onirique foisonnant et nous émerveille. L’exposition Flux, un projet d’envergure présenté à l’ARC (1) depuis octobre, permet au Canadien d’exposer une synthèse de son travail des sept dernières années.
Le choc émotionnel est aussi fort que celui ressenti en 2003, à l’ARC également, en découvrant l’exposition de Matthew Barney, The Cremaster Cycle.
Les deux artistes ont en commun de vouloir dépasser les limites pour construire un univers complexe dans lequel la transformation est à l’œuvre.
David Altmejd revendique l’héritage du surréalisme, les visions de Bosch et les bestiaires médiévaux. Champ libre à l’imagination donc. Sculpteur âgé de 40 ans, il travaille depuis plus de 20 ans les matières plastiques, la résine, le plâtre, les métaux, les cristaux… et construit un monde fascinant. Un espace peuplé de créatures anthropomorphes et d’animaux naturalisés, de géants, de figures ailés et de vitrines prolifiques, sortes de cabinets de curiosité futuristes d’un savant fou.
Flux. Toute son œuvre est emblématique de la tension entre les opposés : rêves et cauchemars, homme et animal, beauté et grotesque, matière et néant, transparence et réflexion. La tension qui se crée entre les pôles opposés libère une énergie qui circule entre eux et rend l’œuvre vivante. David Altmejd dit que c’est ce travail de transformation qui l’intéresse. Le loup-garou, très présent dans ses créations, est la définition même de l’être qui contient les deux pôles. Transformation de l’homme. Les mains que l’on retrouve partout dans Flux sont là pour rappeler le geste du sculpteur qui déplace la matière et qui la modèle. Transformation de la matière.
« The Flux and the Puddles » est sans doute l’une des œuvres les plus envoûtantes de l’exposition. De taille monumentale, cette accumulation de vitrines en plexiglass évoque le laboratoire d’un savant délirant. Elle contient un monde hybride parsemé de détails d’anatomie où l’humain, l’animal, le végétal et le minéral s’associent. On peut y lire l’attrait du sculpteur pour la biologie et pour les énergies qui traversent l’être humain. Attrait pour l’architecture aussi grâce à un jeu de lumière, de transparence et de miroirs qui permet de définir des espaces complexes se multipliant à l’infini. David Altmejd dit que la vitrine contient une sorte de chaos organisé car à la base tout est chaotique. Il pense que le public devrait être fasciné par la complexité du vivant avant de vouloir comprendre. Pour lui, l’art ne devrait pas être réduit à la communication du sens.
Exposition « Flux », œuvres de David Altmejd, jusqu’au 1er février 2015 – ARC, Musée d’art moderne de la Ville de Paris – 11 av. du Président Wilson – 75116 Paris. Du mardi au dimanche de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 22h.
(1) ARC: animation, recherche, confrontation
Toujours originales et surprenantes, les propositions de visites de Lottie !
Les vitrines en plexiglass évoquant le laboratoire d’un savant délirant peuvent rappeler celles de la dernière création de Sidi Larbi Cherkaoui (http://lavillette.com/evenement/sidi-larbi-cherkaoui/), où le chorégraphe s’est inspiré des mêmes thèmes de la biologie et de l’énergie traversant l’être humain.
Merci de me faire encore regretter davantage de ne pas avoir pu obtenir de place pour le spectacle de Sidi Larbi Cherkaoui ! (dit avec un smiley éclatant !)
J’ai déjà déliré sur cette œuvre… Mais il faut que je retrouve à qui j’ai envoyé mon commentaire……….
Annnnnn
Un instant de délire devant cette œuvre sidérante et pleine d’énergie.
La biologie du corps humain y est explosée! Les artères et leur trésor, globules se déplaçant vers le haut comme une envolée dans l’apesanteur… Le corps oublié et réduit à quelques traits et transparences dans une cage luminescente… Et des ailes faites d’avant-bras et de mains noirs comme des os fossilisés dans les faluns de Touraine… Mais, à bien y regarder, ces ailes esquissées, sont dissymétriques: à gauche sur la photo, les membres sont rapprochés et presque jointifs. L’angle d’attachement au tronc de l’homme est étroit et apporte cette impression d’écrasement étouffant… Mais l’espoir est présent. De l’autre côté, l’aile est légère, dessinée comme en pointillés par des membres aériens qui tirent l’Homme vers le haut et la Lumière… Bravo, l’artiste …
Anne