Marivaux bon prince Place Colette

La double inconstance de Marivaux. Photo: Brigitte EnguérandUn moment de grâce, la magie du théâtre, on en reste bouche bée, ni plus ni moins. Deux personnages du début du 18e siècle se rapprochent, sourires béats, regards perdus dans les yeux de l’autre, symptômes indéniables de l’amour naissant. Dialogue muet mille fois imposé au spectateur. Un de plus ou de moins … sauf que. Voilà qu’ici les tourtereaux entament une danse, Vincente Minnelli rejoint Marivaux, c’est le choc, alchimie parfaitement maîtrisée. Bienvenue à la Comédie Française, La Double Inconstance déballe son lot d’intrigues.

On attend toujours tellement de cette institution qu’est la Comédie Française qu’il arrive, rarement, lorsqu’on cède à la tentation avec gourmandise, d’en sortir avec un sentiment d’inachevé. Ainsi du récent Tartuffe, certes alors rudement concurrencé par celui de l’Odéon où Micha Lescot excellait dans le fiel et le miel, là où Michel Vuillermoz en faisait forcément trop. Tartuffe n’est pas Cyrano. Mais je m’égare. Certes à dessein, car c’est pour mieux revenir à nos moutons, à savoir la nouvelle mise en scène de la Double Inconstance de Marivaux présentée actuellement salle Richelieu, en alternance jusqu’au 1er mars. Ne tardez pas, c’est un régal. Car si la vénérable maison de la Place Colette peut s’assoupir, elle reste vive et capable souvent du bon, parfois du meilleur. C’est ce meilleur qui cette fois s’installe.

Marivaux, donc, le 18e siècle, ses paysans, la cour, et l’amour, toujours l’amour. L’amour d’un jour, pas pour toujours. Quel intérêt sinon ?! Le prince tire les ficelles, lance ses sbires pour manipuler les sentiments, se jette lui-même masqué dans la bataille (car le prince tout puissant n’en veut pas moins être aimé pour ce qu’il est réellement et pas seulement pour son titre, comme c’est mignon !). Bref, c’est un beau bazar à la cour. Prétexte à une savoureuse comédie.

La mise en scène d’Anne Kessler est une grande réussite, servie par des comédiens qui se prennent au jeu. Le fait d’assister soi-disant à une répétition de la pièce dans le foyer de répétition des comédiens n’apporte pas grand chose, si ce n’est subrepticement d’apporter quelques touches modernes, pas désagréables car il n’y en a pas trop. La scène du faux bain aussi donne le bon rythme. Car on rit tout de même, souvent mais jaune. Le décor, last but not least, donne à la scène toute sa profondeur, au sens propre du terme, de la rambarde en fer forgée sortie comme par miracle face au premier rang de l’orchestre, jusqu’au balcon tout au fond donnant sur la Place Colette, le plateau est un grand terrain de jeu, sur lequel se débattent les personnages d’une charmante guerre des sentiments.

Jusqu’au 1er mars

"La double inconstance" de Marivaux. A la Comédie Française. Photo: Brigitte Enguérand

« La double inconstance » de Marivaux. A la Comédie Française. Photo: Brigitte Enguérand

 

 

N'hésitez pas à partager
Ce contenu a été publié dans Théâtre. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Marivaux bon prince Place Colette

  1. Colette BLAISE dit :

    TRES TENTANT MAIS IMOOSSIBLE D OBTENIR DES PLACES A LA COMEDIE Fse
    SURTOUT L APRES MIDI…

Les commentaires sont fermés.