Elle marche dans la rue, entièrement recouverte de son tchador noir qui lui couvre toutes les parties du corps, toutes sauf …ses jambes. Le voile intégral s’arrête juste au dessus des genoux laissant à voir aux regards ses jambes dénudées et ses chaussures à talons hauts. Elle est filmée de dos, elle marche dans la rue, malgré les commentaires désapprobateurs des passants.
Une image surprenante de la femme marocaine que nous offre Nadia Bensallam originaire de Tikrit dans la région d’Agadir. Et on ne se lasse pas de voir et de revoir cette petite vidéo de 2mn 45 -qui est aussi le titre de son œuvre- qu’elle a réalisée et interprétée dans une rue de Marrakech.
C’est cette image d’un humour sarcastique et d’autres images du corps de femmes marocaines que nous retiendrons parmi la richesse des manifestations de la saison marocaine débutée en France avec la double inauguration du Musée du Louvre sur l’héritage médiéval et de l’Institut du Monde Arabe (IMA) sur l’art contemporain.
A l’IMA il s’agit d’une manifestation ambitieuse de 400 oeuvres selon des modes d’expression divers et variés: peintures, sculptures, installations vidéos, photos, architecture, design, danse, théâtre, musiques, performances qui animent la totalité des 7 niveaux de l’institut pendant plus de trois mois.
Elles -les femmes, dont certaines très jeunes- représentent 25 % des 80 artistes vivants représentés, fers de lance de cet Islam des lumières que revendique le Maroc par cette manifestation la plus importante hors des frontières et aussi par la liberté de ton dont font preuve les artistes représentées.
Parmi celles-ci, impossible de rester indifférente à la beauté sculpturale et poignante des photos de nus de de la photographe autodidacte Safaa Mazirh intitulées « autobiographies »et notamment celle ou elle se photographie nue et recroquevillée, coincée sous une table de métal.
Ou encore ces photographies de Randa Maroufi issues de la série « reconstitutions: Gestes dans l’espace public » témoignages du harcèlement de rue, scènes banales et pourtant si pleines de sens, de la vie quotidienne des femmes au Maroc et partout dans le monde.
Et enfin sur un mode humoristique, la série « Super Oum » de Fatima Mazmouz. enceinte prête à accoucher en bottes sexy, bikini, cagoule et voile noirs et qui arbore des attitudes et des postures de combattante pour parler grossesse, religion, avortement …
Comme si ces corps de femmes que les artistes marocaines montrent à voir dans leur beauté, leur nudité, ou leurs souffrances étaient des instantanés de la revendication si élémentaire du droit des femmes de vivre leur corps en liberté, une revendication éternelle, universelle et toujours si actuelle.
Le Maroc contemporain jusqu’au 25 janvier 2015 à l’Institut du Monde Arabe à Paris
Cela donne envie d’aller voir l’expo.
coucou SAFAA
Comme toujours géniale !!
je t’attends en Bretagne
bises
YANNIG