La danse des formes de Samiro Yunoki

Oeuvre de Samiro Yunoki. Photo: Marie-Pierre SenseyIl est là, dans son fauteuil roulant, entouré d’une nuée de jeunes et jolies japonaises qui virevoltent autour de lui ( sa traductrice, son agent, sa photographe…) fatigué  -il vient de faire Tokyo/Paris à 92 ans !-  mais il ne boude pas son plaisir de voir exposée dans la rotonde du 2ème étage du musée Guimet , une sélection de l’importante dation qu’il vient de faire -à savoir l’intégralité des 72 œuvres qu’il conservait dans son atelier c’est à dire rien moins que sa collection personnelle !

Il s’appelle Samiro Yunoki. Il est né à Tokyo en 1922 et après la deuxième guerre mondiale en 1946, dans un pays dévasté par la guerre, il découvre le travail sur textiles de Keisuke Serizawa (1895-1984) -qui deviendra son maître- et décide alors de consacrer le reste de sa vie à la beauté et à la couleur.

Il s’initie à la technique japonaise de la teinture au pochoir, appelée « katazome » littéralement peinture à partir d’une forme -qui utilise des pochoirs et de la colle de riz-. Son initiation achevée, il s’émancipera du langage formel artisanal pour évoluer vers une démarche artistique à part entière. Une véritable gageure quand on connaît le poids et les rigidités de l’apprentissage des métiers et de l’artisanat au Japon. Il revendique ainsi l’idée que la distinction entre art et artisanat n’a pas de sens, l’important étant le savoir faire, la qualité des matières et la vitalité qui sous tend toute création.

Calendrier 2008 Coton teint, 306 x 122 cm Don Samiro Yunoki, 2013 – MA 12586 © Paris, Réunion des musées nationaux - Grand Palais (musée Guimet, Paris)/ Thierry Ollivier

Calendrier.2008
Coton teint. Don Samiro Yunoki, 2013© Paris, Réunion des musées nationaux – Grand Palais (musée Guimet, Paris)/ Thierry Ollivier

La présentation chronologique des œuvres dans ce cercle de la rotonde, choix de la commissaire Aurélie Samuel, met en évidence cette évolution au fil des années vers l’abstraction et un langage formel simplifié. On découvre également en faisant le tour de la rotonde, la richesse de ses inspirations au fil de ses voyages bien loin de son Tokyo natal. C’est à un véritable tour du monde qu’il nous invite : on reconnaît tout d’abord le « good design » scandinave, puis l’Inde et le Mexique  et enfin, plus près de nous, les découpages et les collages d’Henri Matisse et leur lien étonnant au delà des siècles et des distances, avec le « katazome ».

La virtuosité de Samiro Yunoki  associe un travail de coloriste remarquable assorti d’un sens du mouvement, du volume allant jusqu’à revendiquer pour ses textiles, le statut d’oeuvres tridimensionnelles qui se déploient dans l’espace. Et c’est vrai qu’il a réussi à faire du volume avec des aplats de couleurs.

Au delà de l’importante collection de textiles qui a rejoint les fonds du musée Guimet, Samiro Yunoki s’est essayé avec bonheur  à des activités aussi variées que la peinture sur verre, la sculpture ou la confection de marionnettes et de livres illustrés pour enfants, des réalisations tout aussi étonnantes que ses réalisations sur tissus.

Quand la présentation est finie, le vieil  homme facétieux et rieur adresse à l’assistance en français: « j’espère que vous vous êtes bien amusés« !

Jusqu’au 12 janvier

Oeuvre de Samiro Yunoki exposée au musée Guimet. Photo: Marie-Pierre Sensey

Oeuvre de Samiro Yunoki exposée au musée Guimet. Photo: Marie-Pierre Sensey

 

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Une réponse à La danse des formes de Samiro Yunoki

  1. de FOS dit :

    Réjouissant !

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