Ovide, Christophe Honoré…, Daniel Buren, à chacun ses métamorphoses. Comme par enchantement, Buren a métamorphosé le musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg (MAMCS). Grand bien lui en a pris. La conception massive du bâtiment, réalisé par l’architecte Adrien Fainsilber, qui lui confère un côté austère, a été éclairée de carrés colorés sur la façade vitrée. Aucun doute, la signature inimitable de Buren est immédiatement reconnaissable à la vue de la seconde peau polychromique qu’il lui a fait endosser à l’aide de sa baguette magique.
C’est à se demander si à l’instar de Midas, l’artiste n’aurait pas demandé une faveur à Dionysos : que tout ce qu’il touche devienne rayure ou carré. Car si ce sont les carrés colorés qui dominent sur la façade, les rayures ne sont pas absentes du projet.
« Comme un jeu d’enfant, travaux in situ » présente deux nouvelles œuvres conçues par Buren pour le MAMCS. Hormis les 1500 m2 de la verrière, Buren, qui a conçu un projet constitué de deux parties complémentaires, a également investi la salle d’exposition temporaire.
Un travail in situ, qu’est-ce que cela signifie ? Pour aller à l’essentiel disons que le principe de l’œuvre in situ est que sa conception, sa fabrication et son exposition sont déduits du lieu investi et réalisés sur place. Pour Buren, « l’œuvre révèle le lieu ».
Pour preuve, la verrière métamorphosée par Buren modifie la perception du musée dans le paysage environnant mais aussi sa perception intérieure. La grande nef vitrée de 25 mètres de haut autour de laquelle s’articule le bâtiment est une véritable rue intérieure, qui s’ouvre sur les salles d’expositions. A la manière d’un kaléidoscope, la couleur projetée par le soleil au travers des carrés colorés créé dans ce lieu de passage des tâches vibrantes et une ambiance différente suivant l’heure et l’endroit où on se trouve.
Le « jeu d’enfant », nous est surtout révélé dans les 600 m2 de la salle d’exposition temporaire. On y découvre un véritable jeu de construction géant avec des éléments géométriques (cylindres, cubes, parallélépipèdes, etc.) superposés dans lequel on déambule avec une âme d’enfant. Dans une moitié de la salle, les éléments installés sont laissés en blanc et dans la seconde moitié, parfaitement symétrique, ils sont revêtus de couleurs vives.
Au milieu de la salle, sur toute sa longueur, les cubes sont évidés par un cercle tracé en leur centre. Ils ressemblent ainsi à de grosses lunettes qui nous permettent de saisir l’architecture de ce paysage géométrique sous différents angles. Un jeu d’enfant ! Et les rayures ? Les rayures, l’«outil visuel» de Buren, ornent l’intérieur des cercles et appuient les perspectives. Rappelons que c’est au marché Saint-Pierre (Paris) que Buren découvre en 1965 une toile rayée formée de bandes de 8,7 cm, alternativement blanches et colorés, dont il n’a cessé d’utiliser le dessin, son outil visuel.
Après la visite du musée, une pause à l’Art café, au premier étage, n’est pas superflue. Baigner dans son agréable ambiance arty colorée tout en jouissant d’une vue panoramique sur le quartier de la petite France et le barrage Vauban prolonge les sensations visuelles de l’exposition. Et, quand le temps le permet, l’immense terrasse ouverte sur le toit du musée est idéale pour succomber aux caresses du soleil.
Daniel Buren, Comme un jeu d’enfant, travaux in situ, jusqu’au 4 janvier 2015 – Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, 1 place Jean Arp, Strasbourg – entrée : 7 euros.
Bonne idée que de faire cette visite colorée et ludique un jour où les tristes brouillards de l’automne alsacien enveloppent Strasbourg. Du soleil en cubes et en cylindres …
En attendant, merci à Lottie de m’avoir fait découvrir la belle légende de Midas et Dionysos, évoquée dans son invitation à la visite
J’ai aimé le fond ainsi que la forme.
Une écriture d’artiste pour les Arts.
Quant aux ‘Tâches vibrantes’, celà fait rêver…