La lentille sonne toujours deux fois
Elle a les vertus du légume,
Les calories du féculent.
Brun, vert ou rose est son costume
Son emploi est polyvalent.
Elle assure en peu de volume
Un équipage de talent :
Poisson ou viande, la lentille
Fera escorte à qui le veut.
Et s’il en reste, bonne fille
S’écrasera si c’est le vœu.
On a toujours besoin de petites billes chez soi. Pas d’insipides petits pois en boîte de conserve à la saveur douceâtre, mais de petites perles de couleurs différentes que les bambins ont le droit d’avaler sans se faire gronder.
Légume au cœur sec, la lentille est l’oubliée de l’étagère du garde-manger. C’est dommage, car elle cumule les atouts gustatifs et nutritionnels. Elle riche en fer à faire pâlir Popeye et la réputation des épinards. Elle est gorgée de protéines végétales à transcender les scores de marathoniens. Elle abonde de fibres stimulantes pour les mélancoliques chroniques du transit intestinal. Elle contient des doses de magnésium propres à galvaniser les plus neurasthéniques. Surtout s’ils la consomment « chocolat » (une couleur placebo pour les dépressifs en mal de cacao).
On dit volontiers que la lentille remplace avantageusement la viande qui nourrit aujourd’hui tous les soupçons. Les diététiciens recommandent d’en consommer une à deux fois par semaine. Un Plan B,- ou plutôt L aussi bénéfique pour les entrailles que le porte-monnaie.
Extraite de gousses d’une graminée mesurant moins de 40 centimètres, la mini bille fait pour nos organismes le maximum. Et ce depuis fort longtemps : on en a retrouvé des traces cultivées dans des sites datant de l’âge de pierre ! De là à attribuer à cette plante à la vie dure l’exceptionnelle durée de vie de Mathusalem…
Question saveur, la lentille a plus d’une ressource dans son sachet. Le féculent multicolore rompt la monotone alternance du pâle trio riz/pâtes/pommes-de-terre. Plus que l’accommodement, c’est l’assortiment qui importe avec cette vieille fille. Mais elle n’est pas difficile, elle convole avec nombre de viandes ou poissons, donnant naissance à de savoureux plats « avec » lentilles… A n’échanger bien sûr sous aucun prétexte pour de quelconques droits d’ainesse !
Comme la lentille se conserve bien une fois cuite et que l’énergie est notre avenir (etc, etc…), ne pas hésiter à en cuire pour un régiment pour des raisons d’économie. On cuira la légumineuse dans une casserole d’eau juste agrémentée d’un oignon troué d’un clou de girofle, d’une petite carotte coupée en rondelles pour adoucir l’âcreté de la rombière. Et pour la réveiller, penser à la gousse d’ail.
Cuite sous ce simple appareil, la perle – rose, verte ou couleur chocolat – fait merveille avec du porc coupé en tronçons (le rejeton se nomme petit salé). Plus original est de la marier à un pavé de saumon cuit à l’unilatérale, procédé qui allie le moelleux dedans au croustillant dehors. Le pavé repose sur la poêle bien chaude côté peau, la partie chair se voyant recouvrir d’un broyat de poivre en grains et de baies roses. Ce rose qui lui va si bien… Reste à y allumer le feu. En été, version fraîcheur, unissez la toujours bien roulée pour son âge au coureur des mers : la lentille fait merveille avec le saumon fumé.
S’il en reste, les reliefs de lentilles sont goûteux mixés avec du lait de coco ou du lait concentré non sucré rehaussé d’une pointe de citronnelle et/ou de gingembre.
De beaux restes de lentilles trouvent également nouvelle jeunesse mélangés à un Babybel ou une Vache qui rit (autre placebo contre la déprime).
Ces consommés express nourrissants peuvent être servis chauds, tièdes ou froids, en solo ou agrémentés de crevettes, de miettes de crabe, de moules décortiquées ou de lamelles de noix de coquilles Saint-Jacques ou que sais-je encore. Agissez selon humeur et … disponibilités réfrigérées. Pour dérider vos petites vieilles, passez-les au chinois, le peeling leur donnera une chair plus veloutée. Personnellement, je trouve cela dommage : j’ai la lentille dans la peau !
Je goûte toujours autant vos mets de langage.
Merci pour le compliment !