L’un des plus merveilleux jardins d’île de France fait l’inventaire de son musée avant travaux. Jusqu’au 21 décembre, le jardin Albert Kahn nous informe en 22 étapes sur la vie extraordinaire de son fondateur. Le prétexte est parfait pour découvrir où flâner derechef parmi un village japonais, une forêt vosgienne, un jardin d’hiver, un jardin français, le tout réparti sur une poignée d’hectares en bord de Seine à Boulogne-Billancourt.
La photographie d’une aquarelle nous montre Albert Kahn de dos, s’éloignant avec sa canne sur ses trois mille mètres carrés de forêt vosgienne. L’aquarelle a été faite en 1940, l’avant-veille de la mort d’Albert Kahn, humaniste, banquier, mécène, né le 3 mars 1860 à Marmoutier dans le Bas-Rhin.
Cette exposition est captivante notamment parce qu’elle est constituée de ces fameux autochromes (inventés par les frères Lumière) qui ont conféré une couleur à un passé lointain qu’en principe chacun visionne en noir et blanc. Cette collection, complétée par des films extraordinaires, nous montre une époque largement révolue et pourtant accessible grâce à la magie des autochromes.
L’homme reste énigmatique et les clichés de lui sont peu nombreux. Certains sont flous comme l’un de ceux qui le surprend dans son jardin et le fait passer pour un fantôme. Une autre photographie datée, bien nette celle-là, le montre au balcon de sa banque, rue de Richelieu en 1914. L’on dirait tout sauf le voyageur qui partit en exploration dans le monde avec son mécanicien formé pour l’occasion à la photographie. Tout sauf l’homme qui expédia photographes et cameramen sur le globe pour constituer au final un magot de 72 000 autochromes uniques au monde et pas seulement par leur volume.
Du petit enfant juif de la campagne alsacienne à la réussite financière en passant le mécène, l’homme de presse, le philanthrope et aussi l’homme ruiné par la tourmente financière des années trente, le diaporama actuellement présenté fascine. Ruiné il l’a été mais combien de richesses a-t-il laissées.
Tout est là, tout est encore là, désormais propriété du département des Hauts-de-Seine. Et surtout le délice, les délices que représentent la promenade dans ce jardin, ces jardins, ouverts au public depuis 1937. Quel bonheur d’aller écarquiller les yeux devant ces gros poissons du bassin japonais, de traverser la forêt dorée, d’emprunter toutes ces allées pleines de poésie, de traverser le petit village japonais composé d’authentiques maisons en bois : le jardin Albert Kahn est une œuvre vivante, un monde en échantillons, un cadeau de son fondateur, un univers plein de senteurs, de couleurs et de surprises variées.
Quels trésors se trouvent ainsi réunis sur ces quelques hectares en bord de Seine. Des générations de familles se sont promenées dans ce jardin et y reviennent encore pour se laisser saisir par son charme tout à la fois intact et régulièrement rafraîchi. Cet endroit est incompatible avec les nuisibles qu’un maléfice invisible maintient heureusement à bonne distance.
PHB
Jardins Albert Kahn. 10-14 rue du Port, Boulogne-Billancourt
Sur le même sujet dans Les Soirées de Paris en 2010.
les frères Lumière
Merci très cher ami lecteur, grâce à vous c’est corrigé. PHB
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