Avant de basculer dans une modernité géniale qui valut à ses contemporains d’éblouissants portraits d’Apollinaire ou du photographe Stieglitz, notamment parus dans Les Soirées de Paris en 1914, Marius de Zayas a caricaturé les habitants de New York en s’inspirant de ses aînés dont Honoré Daumier et Caran d’Ache. On peut, jusqu’au 29 mars, profiter d’un rarissime aperçu de ces œuvres-là, à la galerie parisienne 1900/2000 rue Bonaparte.
Cette petite exposition était inespérée. Marius de Zayas est un personnage hors du commun. Mexicain, il a fait partie des gens qui ont accompagné l’art moderne aux Etats-Unis et on lui doit là-bas la première interview de Picasso de même (et ce n’est pas anecdotique) que les premiers enregistrements de flamenco.
Aussi, lorsque Marcel Fleiss (1), reçoit une proposition de la famille Haviland (dont l’un des aïeux était ami de Zayas) d’exposer et de mettre en vente 16 œuvres de leur collection personnelle dans sa galerie de la rue Bonaparte, ce (fin) connaisseur n’a pas hésité. Et ce, bien que la notoriété de l’artiste soit seulement le fait de gens éclairés.
Afin sans doute de pallier ce déficit de réputation, Marcel Fleiss a choisi de mettre dans sa vitrine l’une des deux meilleures œuvres qui lui ont été confiées. Réalisée en 1912, cette représentation caricaturale de l’actrice Effie Shannon (1867/1951) préfigure sans doute une évolution drastique vers une modernité indépassable dont Marius de Zayas honorera les pages de la revue 291 (en 1915) après celle des Soirées de Paris (en 1914). Ici la simplicité du trait n’a d’égale que la perfection du résultat. Celui qui passera devant la vitrine du 8 rue Bonaparte ne pourra qu’être intrigué. Il existe une seconde caricature de Effie Shannon, toujours visible à la galerie mais déjà vendue.
A côté de cela on peut aussi découvrir d’assez remarquables fusains sur papier comme celle du torero « Bombita », de « Mr. Alfred Vanderbilt représenté en cocher », ou encore « Marius de Zayas et Francesca Kraochyka ». Sa production ultérieure manque, mais peut-être que son fils Rodrigo qui vit dans le sud de l’Espagne et qui commente le catalogue, laissera filer un jour ne serait-ce que dans un beau livre, cette suite indispensable.
Ce Rodrigo de Zayas qui nous apprend au passage que son père avait « glané » dans des œuvres comme le Tao To King de Lao Tseu, le Timée de Platon ou encore la première Critique et la troisième Critique de Kant, quelques éléments dont on peut toujours essayer de traquer la restitution dans les réalisations les plus modernes de Marius. D’autre part ce cérébral qui en laissait accroire, par discrétion sans doute, se servait aussi des mathématiques. Selon son fils et probablement selon son père, une formule «est parfaitement capable de réaliser une médiation entre les pensées abstraites de deux personnes» et par ailleurs « l’infini divisé par un est égal à zéro ». Tout en nous laissant entendre que la caricature abstraite du président Théodore Roosevelt est liée à ce genre de choses. N’empêche qu’au final Marius de Zayas avait un sacré coup de crayon si l’on veut bien excuser cette formule moins crânienne.
Dans le slide-show ci-dessous, on peut découvrir sur ce petit diaporama un échantillon des oeuvres exposées en ce moment rue Bonaparte. Il suffit de cliquer sur une image pour faire apparaître la suivante.
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Revoir le portrait d’Apollinaire par de Zayas dans l’article suivant.
(1) Etonnant et sympathique monsieur par ailleurs, Marcel Fleiss a ouvert sa galerie sur les conseils de Man Ray, il a découvert Dora Maar vivante (ex compagne de Picasso) que l’on croyait décédée, dans un appartement transformé en taudis et, s’intéresse plus que tout à ce champion de boxe, éditeur de revue et poète, contemporain d’Apollinaire, qu’était l’incroyable Arthur Cravan.
Faire le maximum avec un minimum de traits, le grand art.
Bonjour monsieur Philippe Bonnet
Je vous demanderais si cela vous est possible de ne pas oublier de bien faire la distinction de propriétaires entre la premiere série la deuxième série et la désormais 3 eme série » des Soirées de Paris » il y a eu trop souvent confusion par le passé au détriment du second propriétaire et ce n est plus possible à ce jour
Je salue votre bel article sur Marius de zayas et « les soirées de Paris « en effet
il est urgent en effet de consulter la réédition en fac simile de la deuxieme serie qui comporte aux Éditions Conti l ‘avant -propos d ‘Isabel Violante ( cette réédition est justement dédiée la mémoire de Serge Ferat peintre cubiste et mécène ami proche d ‘ Apollinaire à partir de 1912
Cet Oublié ( trop discret ) de part sa noblesse de cœur et tout dévoué à l art et aux artistes ses contemporains en s ‘oubliant lui même.
Rien ne nous oblige aujourd’hui à ne pas le reconnaitre
sur la couverture fac simile on peut lire :
Directeur littéraire: Guillaume Apollinaire et juste en dessous
Directeur artistique :Jean Cerusse * mais d aucun peuvent se poser la question qui est. E Jean Cerusse. Dont personne ou presque ne parle ?
*Alias Serge Jastrebzof. Connu sous les pseudonymes de Serge Ferat ( peintre cubiste )
Et c est aussi le jean Cerusse Directeur artistique des soirées de Paris on dit parfois Cesrusses y associant sa soeur ou cousine germaine la baronne d ‘ Oettingen Qui elle même ( peintre Angiboult ,écrivain Roch Gray , Poete Léonard Pieux Dont les écrits sont publiés dans la deuxieme serie des soirées de Paris .et dans d autres revues d avant garde Dont SIC et la Voce en Italie
c est une époque ou l ‘ on s’amuse à avancer a vec un masque comme Fantomas q
toujours à la mode
Apollinaire lui- même a publié sous des pseudos …. Donc
Page 550 (deuxieme série) celle de Ferat on découvre le portrait de Picabia par Marius De zayas
Vous qui connaissez de par votre curiosité et vos rencontres la véritable personnalite du mystérieux JeanCerusse
Qui annonce par ce bel avertissement d introduction La revue qui se veut d à ant garde les soirées de Paris « on étouffe dans le cercueil des dieux ! » il vient de racheter la revue qui bat de l ‘aile à Billy
Il est donc le nouveau propriétaire des Soirées de Paris ( il en informe par courrier en 1912 son meilleur ami de puis plusieurs annees le peintre ardengo Soffici ) lire la correspondance publiée cette année : Ferat – Soffici Baronne d oettingen Par Barbara Meazzi Edition l ‘âge d ‘homme . Il souhaite en 1913 en changer l ‘intitule que ne l ‘ a t il fait ? Par délicatesse , sans doute . Nouveau directeur artistique de 1913 à 1914 D en faire évoluer la présentation et donne de l ‘importance au visuel :pour la premiere fois il montre en photos les oeuvres des artistes contemporain Picasso son ami
Braque son ami ,Matisse , Léger son ami ,Rousseau son ami ,Archipenko, Laurens ) et tous les autres …. Devenus et restes célèbres
Il a erigee une stèle pleine de poésie à la gloire d ‘Apollinaire au père Lachaise ( les frais règles discrètement toujours par Serge Ferat )
La sienne volontairement commune avec la baronne d ‘ oettingen en passe d être effacée alors que toujours fleurie et entretenue Depuis 1950 .
( Voir tracasserie et rigueur administrative du cimetière de Bagneux alors qu il mérite un chemin de fleurs et enfin reconnaissance pour sa contribution d ‘ artiste et de mécène )
Il est grand temps d ‘y inscrire ses mérites .
Comme sur l ‘immense site du Tombeau des Tang
Région de xian une haute stèle érigée volontairement libre d inscription qui a donné volonté suprême De la princesse de laisser aux générations futures le soins d y inscrire leur jugement sur ses réalisations au fil des siècles .
Merci de votre attention très amicalement
Madelir
je possède un petit tableau signé Zayas en 1954, il s’agit d’un vieillard avec un chien, je voudrais m’assurer s’il est authentique.
Si vous m’envoyez l »image, je peux m’en occuper
Marcel Fleiss