Visiter une exposition dans un grand musée parisien, s’apparente de plus en plus à une épreuve. Si on n’a pas pris la précaution de réserver (et encore !), on est contraint à une longue file d’attente avant de pouvoir pénétrer dans le bâtiment et apercevoir entre les dos des autres visiteurs qui se sont accumulés devant soi, un fragment des toiles ou des objets exposés, ce qui permettra de dire : « j’y suis allé » mais rarement de dire « je me suis régalé l’œil ». Au Musée d’Art moderne, à l’exposition Zeng Fanzhi justement, seul le regard est comble. Et il s’en réjouit.
En pénétrant dans la salle de l’exposition, on est donc heureusement surpris par le calme. Un lièvre géant, recouvert de multiples traits de peinture évoquant des lianes qui parcourent une immense toile, nous fait face. A côté c’est un éléphant, blanc de lumière qui s’avance, en traversant la végétation touffue que représentent de longs traits enchevêtrés. Il y a aussi ce nageur, dont la silhouette n’est qu’évoquée, traversant ce qui semble une eau marécageuse. Dans cette première salle qui s’intitule « paysages », les œuvres toutes de grande taille, sont très sombres, éclairées seulement par une touche très lumineuse qui donne toute sa particularité à l’œuvre.
Les salles suivantes font apparaître des personnages, plus souvent groupés qu’individuels, ils sont tous masqués, avec des masques au sourire large, à nous de deviner ce qu’ils cachent. Cette fois la lumière est là, les couleurs sont vives, le rouge omniprésent. On retiendra les autoportraits, cette scène de groupe évoquant la Cène (ou un dîner du parti ?) avec ce curieux arrangement des bras des personnages qui s’entremêlent tant qu’on ne sait plus à quel corps ils sont reliés.
Mao est présent, mais dans les 2 toiles qui le représentent l’artiste a voulu brouiller l’image. Il y parvient de façon incroyable dans un triptyque fait d’une succession de courbes, dans les nuances de blanc, gris et noir. A première vue il s’agit d’une très belle œuvre d’art moderne. En reculant on aperçoit une ombre humaine sur une des parties de l’ensemble. En s’éloignant encore, on aperçoit Mao sur la gauche puis au milieu l’ombre d’un visage et, à droite, toujours le tableau moderne. Sauf qu’en regardant dans l’objectif de l’appareil photo, étonnamment, Mao est présent sur les 3 parties.
On peut passer sur la dernière salle intitulée « hôpitaux », la viande se mélange aux corps humains, le rouge évoque maintenant le sang, le morbide, le sordide.
Il y a de quoi passer un très bon moment dans cette exposition. Vous y serez ébloui par des images inhabituelles, vous passerez du sombre au lumineux, du sourire au sévère. Vous pourrez aller, venir et revenir, en toute liberté, grâce à une fréquentation raisonnable mais attention, l’exposition se termine le 16 février.
Savoir qu il existe de réjouissantes expositions dont on peut profiter ds le calme est une véritable information. Merci bcp
En effet l’exposition est très peu fréquentée bien que ce peintre atteigne des sommets dans la cote des prix. J’aurais plutôt tendance à penser que les gens ne se sont pas « fait avoir » : cette peinture n’est que du bluff ! La Cène dont vous parlez est quasiment du niveau de nos Malassis, des années 70, mais eux n’avaient guère de prétention artistique au moins.
Ce peintre utilise des « trucs », en change et recommence avec d’autres. Non, vraiment, je suis heureuse qu’il n’y ait personne pour contempler ce grand gâchis. (gâchis de matière première et de couverture médiatique, j’entends).