La tombée dans le domaine public des droits liés à Guillaume Apollinaire, à l’automne 2013, a conduit la BnF à mettre en ligne ses archives liées à l’écrivain. Un trésor dont on n’a pas fini d’explorer les quelque 4000 occurrences. En soulevant le couvercle de la malle aux merveilles en quelques clics de souris, on tombe d’abord sur l’inestimable Case d’Armons, un ouvrage de poésie fabriqué dans les tranchées et édité à une vingtaine d’exemplaire avec les moyens d’un bord que l’on n’a pas de peine à imaginer précaires.
Sous réserve d’inventaire plus approfondi, l’une des pépites désormais accessible et même téléchargeable, est constituée par une galerie de portraits d’Apollinaire. Les fins connaisseurs n’y trouveront que du déjà découvert, mais pour les autres il y a quand même quelques photos ou dessins jamais ou rarement vus parmi les 26 mis en ligne.
L’iconographie liée à Guillaume apollinaire est d’une façon générale assez frustrante. Il existe bien un album Gallimard, on peut aussi faire le trajet jusqu’au musée de Stavelot en Belgique pour assouvir en grand sa soif d’images, dénicher quelques inédits dans la biographie massive réalisée l’année dernière par Laurence Campa, mais il est rageant de se dire qu’à une époque où la photographie était déjà assez répandue, aussi peu de clichés aient été réalisés. Heureusement qu’il y a eu de nombreux peintres comme Picasso, Marcoussis ou encore ce génial dessinateur qu’était Marius de Zayas pour faire le portrait du poète, car pour les photos, l’enveloppe est bien mince.
Il est permis de rêver à quelques trouvailles supplémentaires qui sortiraient un jour des caves et des greniers mais cette forme de spéculation est vaine tant que ce ne sera pas arrivé. Apollinaire a traîné ses guêtres dans de nombreux endroits comme Nîmes, La Baule ou Oran et fréquenté de multiples événements ou dîners privés, pour qu’il soit néanmoins possible qu’un jour nous ayons de nouvelles surprises.
C’est bien de le voir en soldat avec son crâne bandé mais on aimerait par exemple le découvrir au volant d’une voiture aux côtés de sa mère tel que les auteurs de Picasso en bande dessinée se sont permis de l’imaginer. On songe à lui debout au comptoir d’un café Parisien, à la terrasse d’un café nîmois en compagnie de Lou, prêtant le bras à la Baronne d’Oettingen ou partageant simplement une cigarette avec un Serge Férat, un Pablo Picasso, un André Billy, devant le siège des Soirées de Paris au 278 bd Raspail.
Il n’y pas que la BnF qui détient des trésors relatifs à l’écrivain mais aussi la Bibliothèque historique de la ville de Paris, la Bibliothèque Jacques Doucet, le Musée des lettres et manuscrits, lesquels devraient s’inspirer de l’initiative spécifique de la BnF, ce qui ferait plaisir à beaucoup, notamment ceux qui n’habitent pas Paris. En attendant ces (beaux) jours, il y a de quoi s’occuper sur Gallica à l’adresse qui suit.
Aller directement à la galerie de portraits.
Merci pour le lien vers ces trésors. En quelques minutes, première pépite, la préface du maître aux « Souvenirs d’une Cocodette », ici: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5544446x/f7.image.r=
La Cocodette, nous jure Apollinaire, n’est pas une « cocotte » qui se serait illustrée dans le groupe de Claude François et des Claudettes, mais « la cocotte avec un masque », celui de la respectabilité, qui « dissimule le vice et le rend plus aimable »…
Et nous voilà tels des explorateurs découvrant un tombeau jusqu’ici caché…
Merci pour la visite !