Ciao l’ami

Laurent HoussayIl m’avait téléphoné un samedi matin alors que j’étais en train de préparer  une polenta. Il s’était excusé de ne n’avoir pas été présent au repas du centenaire des Soirées de Paris en février 2012. Journaliste à l’AFP, il voulait faire une dépêche sur le sujet. Parue le lendemain, sa dépêche était longue comme s’il s’était agi  d’un événement culturel mondial. Il s’appelait Laurent Houssay et c’est bien difficile d’en parler au passé. Il est mort à 53 ans d’une crise cardiaque.

C’est d’ailleurs de cette façon parmi d’autres que l’on reconnaît les amis. Sa dépêche avait valu aux Soirées de Paris d’être l’objet d’un article dans de nombreux journaux y compris à la radio. Plus qu’un solide coup de main, c’était un vrai cadeau pour moi qui tentait sans moyens de ressusciter cette revue.

Une quinzaine d’années plus tôt j’étais parti un autre samedi matin en voyage de presse, à Biarritz précisément. Un déplacement qui pour des raisons variées s’annonçait morose. Mais en arrivant à Orly Ouest j’ai eu la surprise de tomber sur Laurent. En une seconde la situation s’est inversée. Je partais là-bas avec un copain aussi naturellement fraternel que blagueur et le voyage de presse aurait presque pu prendre des allures de virée.

Ce journaliste professionnel avait la blague facile et je me souviens de lui me racontant la migraine qu’il avait eue un jour à Bonn car il avait dû assister, peu après sa prise de fonction là-bas, à une « conférence de la Bundesbank sur la baisse  des taux ». Il m’avait très bien mimé la sensation que l’on éprouve alors en se prenant un maillet sur la tête.

On ne peut pas laisser partir quelqu’un comme ça sans marquer un peu le coup, lui qui n’avait pas hésité à venir à ma rescousse en mars 2012, un peu comme on prête son bras à un gars en vélo lorsque l’on est soi-même à mobylette.

L’Agence France Presse ne m’en voudra pas de publier ci-après l’intégralité de la dépêche concernant la disparition. Ciao l’ami. PHB

Laurent Houssay

Laurent Houssay

Mort de Laurent Houssay, journaliste de l’AFP spécialiste des médias (Lead)
PARIS, 03 Déc. 2013 (AFP) – Laurent Houssay, journaliste à l’Agence France-Presse (AFP) depuis près de 25 ans et grand spécialiste des médias, a succombé à un infarctus dans la nuit de lundi à mardi à l’âge de 53 ans, a annoncé sa famille.
Dans les années 90, puis depuis 2009, Laurent Houssay avait consacré une dizaine d’années à couvrir les bouleversements du secteur des médias, accumulant les noms sur son carnet d’adresses, et les anecdotes qu’il aimait raconter à ses collègues.
Fin gourmet, cavalier émérite, il rappelait volontiers qu’il avait commencé dans la profession comme simple employé de presse.
Germanophone, il avait passé la première moitié des années 90 en poste à Bonn puis à Strasbourg. Adjoint au directeur du bureau de Bruxelles au début des années 2000, il avait ensuite tenu plusieurs postes au sein de la rédaction en chef avant de revenir aux médias.
Dans un message lu à la conférence de rédaction mardi matin, le PDG de l’AFP, Emmanuel Hoog, en déplacement en Asie, a souligné son « talent professionnel (pour) suivre l’activité bouillonnante, complexe et difficile des médias », insistant aussi sur ses « qualités de coeur, d’amitiés indiscutables et communicatives que son sourire savait mieux exprimer que ses paroles dont il usait avec discrétion, prudence et doute ».
Le président de la République, François Hollande, a fait part de sa « peine » après la disparition de ce « spécialiste particulièrement avisé des médias », dans une lettre au PDG de l’AFP.
La ministre de la Culture Aurélie Filippetti lui a rendu hommage en saluant « l’exigence et la finesse de ses analyses, comme la générosité de son caractère, qui étaient reconnues de tous ».
De son côté, l’Association des journalistes médias (AJM), dont il occupait depuis la rentrée le poste de secrétaire, a exprimé « sa grande tristesse ». « Discret mais toujours présent lorsqu’on le sollicitait, élégant et fin lettré, il savait cultiver l’amitié et profiter aussi de la vie, notamment à travers l’équitation qui était sa passion », a écrit le bureau de l’AJM.
De nombreux dirigeants de médias ou d’institutions culturelles ont également réagi au décès de Laurent Houssay.
Nicolas Demorand, directeur de publication de Libération, s’est dit « effondré ». « Sa belle voix grave et chaude résonne encore à mon oreille », s’est-il souvenu.
Rémy Pflimlin, président de France Télévisions, a rappelé qu’il connaissait bien Laurent depuis son passage à Strasbourg. « Il était un grand professionnel qui avait sur le monde des médias un regard précis et une vision stratégique qui le caractérisait. La brutalité de son départ me bouleverse », a-t-il écrit dans un mail à l’AFP.
« Je suis bouleversé et sans voix. J’appréciais beaucoup Laurent avec qui j’avais noué une relation amicale, solide et franche au fil des années », a témoigné pour sa part Jérôme Clément, ancien patron d’Arte et du Centre national du Cinéma (CNC).
Véronique Cayla , présidente d’Arte, s’est dite « terriblement attristée par ce décès brutal ». « Je le connaissais depuis une quinzaine d’années et je l’appréciais tout particulièrement pour ses qualités exceptionnelles de probité et d’honnêteté, dans l’exercice de son métier comme dans la vie, mais aussi pour sa bienveillance et sa fidélité. (…). Il me manquera beaucoup », a-t-elle dit.
Le Président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) Olivier Schrameck a exprimé « ses sentiments de profonde tristesse et de vive solidarité » à la suite du décès de Laurent et « salué la rigueur, le professionnalisme, l’humanité chaleureuse que celui-ci manifestait toujours ».
Hervé Rony, directeur général de la Scam (Société civile des auteurs multimédia), a transmis ses « pensées les plus émues ». « C’était toujours un plaisir de le voir et d’échanger », a-t-il indiqué.
Des porte-parole de nombreux autres groupes de médias dont Radio France, TF1, M6, Canal+, RTL, ou encore Lagardère Active ont aussi exprimé leur tristesse et ont tous rendu hommage à son professionnalisme et à sa chaleur humaine.
Avant son entrée définitive à l’AFP en 1989, Laurent avait brièvement connu l’agence 11 ans plus tôt, à 18 ans, au service du courrier. Il avait ensuite entamé sa carrière de journaliste à L’Etudiant, puis au quotidien Les Marchés et à l’agence Reuters.
Divorcé, Laurent laisse deux enfants, Félix, 25 ans, et Victoria, 23 ans, ainsi que sa compagne Linda

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