En moins de deux heures de temps, le temps du film, personne ne peut aligner autant d’emmerdements personnels que le personnage interprété par Sandra Bullock dans Gravity. On ne trahira rien de grave en disant qu’à la suite de la désintégration d’un satellite russe, un nuage de débris vole dans la direction de l’astronaute qui répare la radio FM de son module. La pauvre se détache accidentellement en raison des impacts et file dans l’espace. Elle est récupérée par George Clooney in extremis alors même que son oxygène s’épuise.
Finalement, moyennant le sacrifice de Clooney improbable en vieux crooner spatial, elle trouve à s’abriter dans un Soyouz déserté par l’équipage. Elle essaie de le démarrer comme si elle partait en retard pour l’école mais zut de zut il n’y a plus de fuel. Alors, le croirez-vous, Bullock sort à nouveau et fonce, quasiment à califourchon sur un extincteur, vers une capsule chinoise garée plus loin, mais à l’intérieur, déveine supplémentaire, les indications sont en chinois. Elle surmonte l’obstacle à l’instinct et parvient malgré tout, à mettre les gaz. Direction, la maison.
Pourtant la capsule ne se détache pas car les câbles sont emmêlés, ce serait trop facile. L’énergique cosmonaute persiste, dirige son engin vers l’atmosphère terrestre et finit par choir dans un genre de fleuve ou de lac. La salle se sent alors délivrée mais non car l’eau rentre dans la capsule qui s’enfonce. Dopée au Redbull, l’héroïne se dégage mais son scaphandre l’empêche de regagner la surface. Mourir si près du but serait trop bête. Elle s’en débarrasse et s’effondre enfin sur le rivage toute mignonne dans son short et tee-shirt moulants. Coup de pot ce n’était pas une rivière à crocodiles. Le scénariste a dû se dire, non là c’est trop.
C’est là que pèche Gravity, son scénario est trop riche. Car pour le reste, c’est une merveille de duperie. Chaussé de ses lunettes triple D, le spectateur entre en apesanteur comme pour de vrai. Des éléments en suspension sortent de l’écran et flottent devant les spectateurs qui seraient presque tentés de mettre la main dessus. La réussite est totale, c’est ce qu’il convient d’appeler du vrai cinéma.
Ce film survendu par les médias aurait beaucoup gagné avec un gros dégraissage scénaristique. On est bien trop loin de Stanley Kubrick avec son 2001 l’odyssée de l’espace ou même de Ridley Scott lorsqu’il produit Alien 1 dont la finalité, contrairement à celui de Kubrick, était bien de gagner le grand public. Les deux cinéastes n’avaient pas besoin de lunettes trois D pour nous en mettre plein la vue. L’action de Gravity a été traitée en mode James Bond avec du suspense à foison comme autant de ketchup dégoulinant sur un burger texan. Quel dommage. Nous avons, avec Gravity, affaire à un film d’action et de suspense inclus dans un décor extraordinairement rendu, en réalité augmentée. Quelques semaines après la sortie, la salle n’était, un samedi soir, qu’à moitié pleine.
Le vrai cinéma, c est quand tout est tellement faux que ça a l air vrai ?
dans une nouvelle salle Pathé de Beaugrenelle avec le son Dolby atmos je me suis laissé prendre au jeu
C’est vrai qu’on s’y laisse prendre, c’est après que ça se décante. PHB
Ce film ? Un vide sidéral…
De toute façon, avec Clooney c’est toujours la cata, il part en bateau pécher l’espadon et glou-glou il se retrouve au cœur d’une tempête, il veut acheter du café et bien quand il ne manque pas de se retrouver un piano sur la tête, il faut qu’il subisse le mauvais caractère d’une cliente. Cela dit le cinéma devenu virtuel n’a plus de limite visuelle. Même si le spectateur y gagne de nouveaux horizons on y regrettera les bons vieux truquages des familles. Puisque Philippe parle de Alien 1, au début du film on voit ainsi débarquer les astronautes au milieu d’un reste d’un vaisseau spatial Alien, pour accentuer l’effet de gigantisme du décor, les comédiens cachés dans leurs scaphandres étaient en réalité des gamins de 10 ans.