Les Soirées de Paris ont de nouveau 100 ans

Ctalogue de l'exposition Breteau consacrée à Apollinaire. (1943) Source: Alban RoussotOn les imagine bien tous les quatre, dans un de ces gros taxis de l’époque, assurer la distribution des « Soirées de Paris » auprès de dépôts sélectionnés. Eux ce sont Guillaume Apollinaire, Serge Férat, la baronne d’Oettingen et le baron Mollet et peut-être d’autres par la suite. La baronne raconte ces livraisons comme faisant partie des meilleurs moments d’une aventure choisie.

A la mi-1913, Les Soirées de paris se cherchaient déjà un nouveau souffle. La revue coûtait cher à produire et les limites financières de son premier propriétaire, le journaliste André Billy, furent vite atteintes. Durant l’été 1913, à la Baule, Guillaume Apollinaire a rejoint Serge Férat et la baronne d’Oettingen. Les discussions vont bon train à la villa Printania autour de la relance des Soirées des Paris que le premier a racheté 200 francs à André Billy. La nouvelle version des Soirées verra le jour au mois de novembre.

Cette réunion estivale à la Baule allait ouvrir une parenthèse enchantée de 11 mois. Ce type de parenthèse, on n’en prend généralement conscience qu’à la fin. Et on ne les raconte qu’après. Il faudrait pourtant en prendre conscience pendant. C’était il y a cent ans aujourd’hui. Le numéro 18 de la nouvelle série est sorti le 15 novembre 1913.

Il y a les séances de travail au 278 boulevard Raspail, un appartement prêté par Serge Férat et transformé en salle de rédaction quand cela ne devient pas un lieu de réjouissances effrénées. Et puis il y a surtout les Soirées de Paris qui redémarrent fort avec des clichés de Kahnweiler représentant des toiles de Picasso tout à fait adaptées à une revue d’avant-garde.

Extrait du catalogue de l'exposition Breteau consacrée à Apollinaire. (1943) Source: Alban Roussot

Extrait du catalogue de l’exposition Breteau consacrée à Apollinaire. (1943) Source: Alban Roussot

Dans le catalogue de l’exposition de la galerie Breteau éditée en décembre 1943 et consacrée à Apollinaire, la Baronne d’Oettingen écrit que « le soudain fracas de la guerre arrêta le dernier sourire». Celle qui s’était tant impliquée avec Serge Férat , lequel avait endossé le titre de directeur artistique, raconte que leurs  «âmes tombèrent du haut de leur sainte besogne». Et de conclure : «Comme une affiche sanglante, Les Soirées de Paris restent devant nous, souvenir des plus chers, où tous les quatre, Guillaume Apollinaire, Serge Férat, moi et Jean Mollet, nous avions un refuge, une illusion de liberté, maintenant à jamais effondrés dans la mort».

Les Soirées de Paris, de cette époque riche en revues culturelles, ont fait l’objet d’une journée d’étude universitaire vendredi 8 novembre à l’initiative de Madame Claude Debon. Et comme chaque année a lieu au cimetière du Père Lachaise, une cérémonie de recueillement sur la tombe de Guillaume Apollinaire, emporté par la maladie le 9 novembre 1918. Le tout suivi d’un banquet d’amis comme il les aimait.

Depuis le 15 octobre 2010, Les Soirées de Paris paraissent de nouveau sans jamais oublier leurs magnifiques origines.

 

 

A propos d’Apollinaire à La Baule.

N'hésitez pas à partager
Ce contenu a été publié dans Apollinaire, Presse, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

4 réponses à Les Soirées de Paris ont de nouveau 100 ans

  1. isabel dit :

    On a beau connaître l’histoire par coeur, elle est émouvante et racontée avec émotion (car oui, les parenthèses, on ne les raconte qu’après, surtout si elles sont enchantées).

  2. Philippe Bonnet dit :

    Merci à vous. Cela nécessite de rappeler que la deuxième série des Soirées de Paris a été rééditée aux Editions Conti en octobre 2010. Le livre a été préfacé par Isabel Violante. PHB

  3. Debon (Mme) dit :

    Merci! Pour l’anniversaire d’Apollinaire, pour les Soirées de Paris et tous ceux qui les font revivre directement ou indirectement (Maria Dario, Barbara Meazzi, Isabel Violante, Jeanine Warnod, Alban et Madeleine Roussot) et maintenant Philippe Bonnet! Claude Debon

  4. Roussot Alban Luc dit :

    Heureux de cet Anniversaire avec cette lettre de Serge Ferat à Ardengo Soffici du 31 octobre 1913 ; « … Donc les Soirées de Paris nous appartiennent maintenant ( elles viennent d’etre achetées par Serge à André Billy 200fr). Les directeurs en seront G .Apollinaire et Jean Cérusse (Lialeczka) tout le coté materiel etai pris sur moi…. Dans chaque NN il y aura de reproductions des tableaux, la dessus je compte jouer un role assez important dans le choix, car Apollinaire a trop de politesse et je n’en ai pas du tout… »
    Correspondance Ardengo Soffici Serge Ferat Helène d’Oettingen par Barbara Meazzi
    page 338.

Les commentaires sont fermés.