Un grand panneau dans la dernière salle de l’exposition. Une longue liste de noms. 2.220 sans doute, disparus et survivants. Mais nul ne peut prétendre à l’exactitude historique de ce navrant défilé, notamment car certains ont manqué le départ du tombeau flottant, d’autres ont voyagé sous pseudonyme ou clandestinement. Jusqu’au 15 septembre au Parc des expositions de la Porte de Versailles, le Titanic expose ses vestiges.
Grandeur et décadence à l’heure de la révolution industrielle, rêve américain et cauchemar de centaines de vies perdues. Cent ans après, le RMS (pour Royal Mail Ship) Titanic hante encore les mémoires, son naufrage le 15 avril 1912 reste l’un des plus remarquables «faits divers» de l’histoire. La présente exposition rend justice à ce paquebot. Et à ses passagers.
Elle permet en effet tant de respecter le devoir de mémoire que de replonger au cœur d’une formidable aventure, de la construction du navire jusqu’aux recherches actuelles sur son épave, découverte en 1985 à 3.800 mètres de fond au beau milieu de l’Atlantique Nord. Détentrice exclusive des droits d’exploitation du site et de conservation des objets récupérés, la société RMS Titanic, Inc. ne se prive pas de faire tourner l’attraction depuis belle lurette à travers le monde, sous une forme évolutive au gré de l’avancée de ses travaux et de la sélection parmi les quelque 5.500 objets remontés.
Certains curieux ont eu la chance de découvrir cette leçon d’histoire il y a quinze ans dans la Speicherstadt de l’hanséatique Hambourg. Ils y sont retournés avec plaisir. Enfants et adultes y trouveront leur compte. Tout y est, de la vaisselle du restaurant aux instruments de bord ou aux effets personnels des passagers, jusqu’au pot de dentifrice à la cerise.
On passe dans un couloir de première classe reconstitué (gare au roulis !), on découvre une cabine de cette même classe puis une de troisième, près de laquelle on perçoit le bruit des moteurs comme devaient le supporter ces passagers relativement mal lotis. Le visiteur partage un bout de traversée, les pieds au sec mais pas sans chair de poule.
En fin de parcours, donc, un pan de mur est recouvert de noms, quatre colonnes (passagers de première, deuxième et troisième classes, et membres d’équipages) et deux lignes (rescapés et disparus). Avec un peu de recul on s’aperçoit, à vrai dire sans surprise, du taux croissant de disparus en fonction des différentes catégories. Alors que 1.500 personnes environ ont perdu la vie lors du naufrage, soit deux tiers du total, moins de 40% des passagers de première classe ont péri, pour moins de 60% de ceux de deuxième classe et trois quarts de ceux de troisième et de l’équipage.
Une note d’espoir pour finir, un clin d’œil, en musique s’il vous plaît. Surgit en effet alors l’inévitable boutique, où ceux qui venaient voir une exposition sur leur film favori pourront se consoler en arrachant pour la modique somme de 29,90 euros le «globe musical Céline Dion» qui fera immanquablement son effet sur la commode du salon.
Certes c’est encore plus onéreux que le billet d’entrée, mais comment se passer du superflu ? Bref, globe musical ou pas, la coupée du Titanic attend ses passagers.
Il est une histoire que j’adore. Le boulanger de Titanic avait fait main basse sur plusieurs bouteilles de cognac, qu’il vida au fur et à mesure que le bateau penchait. Au moment où il devait sombrer en un coma éthylique il se retrouva dans l’eau gelée. S’accrocha à un canot sans pouvoir grimper dedans. Il fut un des rares, sinon le seul à avoir été sauvé vivant malgré plusieurs heures passée dans l’eau. On en conclut plus tard, que le cognac l’avait sauvé… Mais l’histoire ne dit pas si ensuite, il se faisait toujours servir son cognac avec des glaçons.