Le goût des autres persiste dans « Au bout du conte ».

Une avalanche de compliments s’est abattue sur le dernier film signé Jaoui et Bacri. Au point que même sans bande-annonce consistante, les salles de cinéma affichant « Au bout du conte » étaient combles dès après la sortie. Les rires automatiques d’un public conquis à l’avance masquaient la réserve prudente mais finalement non justifiée d’autres spectateurs s’étant déplacés malgré tout sous la pression d’un marketing bien organisé.

Pour ce dernier film, on ne retrouvera pas forcément l’artisanat talentueux d’un « Air de famille », l’originalité du « goût des autres », la fresque tout en vacheries de « Comme une image », et la fluidité habile de « Parlez-moi de la pluie ». Peut-être pour éviter l’écueil de la sensation de « déjà vu », Jaoui et Bacri ont déstructuré l’ordonnancement avec quelques écarts relevant d’un surréalisme peu courant. L’’histoire comporte de nombreuses brisures ou échappées. Mais comme d’habitude, le tandem a bossé et arrive à surprendre encore.

« Au bout du conte ». Publicité dans la presse. Photo: PHB

Comme d’habitude, oui, les dialogues sont bons et nous font sourire voire, en quelques occasions rire. Agnès Jaoui campe une fée tentant d’organiser une pièce enfantine avec des enfants et ce que cela comporte de sorcières et autres princes. Il y a la mauvaise volonté de la princesse à embrasser un prince, la sorcière qui finalement préfère être un arbre et, un champignon, nous confie Jaoui dans un soupir, qui n’est là « qu’un jour sur deux ». On dit bien Jaoui car définitivement, Agnès Jaoui joue son propre rôle tout comme Jean-Pierre Bacri. Ils assument semble-t-il cette constante, film après film, mais après tout pourquoi pas puisqu’ils nous amusent et nous font du bien. C’est d’ailleurs ce que Agnès Jaoui fait dire à son personnage, le fait qu’elle approuve en général tout ce qui « fait du bien ». Et nous spectateurs, justement, on est là pour ça.

De trouvailles en trouvailles l’on ne s’ennuie donc pas et il faut noter l’apparition intéressante de Benjamin Biolay à l’écran dans un rôle de séducteur cynique qui n’est pas sans rappeler Lambert Wilson dans le « Rendez-vous » d’André Téchiné. Voilà une découverte dont il faut remercier les réalisateurs, le chanteur s’impose de toute évidence en acteur, il emplit l’écran malgré un jeu tout en retenue.

Un certain goût des autres perçait déjà dans un «Air de famille » et qui se confirme de film en film. Contrariés, névrosés, grincheux, sentimentaux, écorchés, révoltés, médiocres parfois, les personnages de « Au bout du conte » semblent sortir de la vraie vie et on éprouve du soulagement à se sentir par conséquent moins seuls avec nos malaises propres. Ce n’est pas le seul intérêt du film si l’on en croit les commentaires à la sortie, ceux qui commencent par « moi ce que j’ai préféré… ». Seule la déferlante de compliments hyperboliques réunis sur les affiches du métro fait un peu décalée.

 

 

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2 réponses à Le goût des autres persiste dans « Au bout du conte ».

  1. Pierre DERENNE dit :

    Le film est très confus et abouti à pas grand chose. « Au bout du conte », on a juste du mal à dire qu’il est mauvais compte tenu des opus précédents. Ce sera mieux la prochaine fois…

  2. Steven dit :

    Ce n’est pas leur meilleur mais on ne s’ennuie pas

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