Ouvert au public le 1er février prochain, the Shard s’impose provisoirement comme le bâtiment le plus élevé d’Europe avec ses 309,6 mètres. La course au gigantisme des grandes métropoles ne s’essouffle pas. Chaque ville rivalise d’ingéniosité architecturale pour parvenir à produire le bâtiment le plus élevé, un trophée temporaire voué à être dépassé. Dans ce marathon sans fin, Londres a pris une option.
La capitale britannique, qui comptait déjà quelques gratte-ciels comme le Gherkin (cornichon) ou encore la tour BT et la fameuse roue le London Eye, offrira désormais à ses habitants et ses touristes le Shard. Du haut de ses près de 310 mètres, cette tour, dont le terme signifie en anglais un tesson, en référence à ses facettes de verre qui occupent au total la surface équivalente à 8 terrains de football, permettra, dès le 1er février prochain, d’avoir un point de vue sans équivalent sur la capitale britannique.
Vu de l’extérieur, le bâtiment en impose par son architecture longue et effilée que l’on doit à Renzo Piano, auteur également du très controversé Centre Pompidou à Paris. Reflet des couleurs de la capitale, le bâtiment, dont la hauteur sera bientôt détrônée par les Tours Mercury à Moscou, attendues à 338,82 mètres, n’a pas manqué de susciter les critiques les plus aigres. Mal placé selon l’association English Heritage qui lui reproche amèrement de gâcher les vues sur la cathédrale Saint Paul, the Shard a également suscité la réprobation pour son investissement colossal (450 millions de livres, soit 548 millions d’euros), au plus fort de la crise économique, même si le financement est issu à 95% du Qatar.
A l’intérieur, le décor est un clin d’œil permanent à la célébration de Londres et de ses attributs. L’humour très British est omniprésent dès la porte franchie du bâtiment sur Joiner Street à la sortie du métro London Bridge. Sous une musique spécialement composée pour le Shard et interprétée par le London Symphony Orchestra et the Joyful Company of Singers, le visiteur est accueilli par des juxtapositions d’images cocasses et improbables comme celles de Margaret Thatcher et Karl Marx en ballade sur un tandem.
Direction ensuite vers deux ascenseurs distincts qui conduisent les visiteurs en deux temps vers les étages panoramiques. Au 33e étage, une carte de mots unique, décrivant au sol la capitale en 200 phrases, facilite la transition vers un deuxième ascenseur qui conduit en un temps record les visiteurs au 68e étage. 60 secondes à peine après avoir quitté le rez-de-chaussée, le point de vue est éblouissant et permet d’embrasser d’un coup d’œil les principaux points d’intérêt de la capitale : vers l’est, le stade Olympique, la Tour de Londres, ou encore la Tamise. Vers l’ouest, la cathédrale St Paul, Big Ben, le Parlement ou encore Buckingham Palace. Vers le Sud, la centrale de Battersea et vers le nord, le stade de Wembley.
Un étage au-dessus, le visiteur prend encore un peu plus de hauteur et peut, grâce à 12 télescopes se rapprocher virtuellement des points marquants de la capitale sur 360 degrés et quelques 64 kilomètres de distance. Imprenable, incomparable, unique, cette vue s’accompagne aussi d’une expérience sensorielle plus complète au 72e étage : là, perché à 244 mètres du sol, partiellement à l’air libre, on se retrouve entouré par ces fameux tessons de verre, dont le bâtiment tire son nom. C’est aussi un moment unique où l’on peut associer la vue au bruit et à l’atmosphère de la ville. Mais cette expérience sensorielle s’obtient à grands frais. Rien moins que 24,95 livres pour un adulte (plus de 40 euros) et 18,95 livres pour un enfant. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Oui à en croire l’engouement suscité par cette nouvelle attraction : la direction du Shard déclare déjà compter des dizaines de milliers de pré-réservations. Pour accéder à la tour sans se déplacer… Ou acheter les billets.
Voilà qui donne envie d’y courir, pardon d’y voler. Prendre le tunnel pour prendre de la hauteur.