J’ai appris l’autre matin à un camarade de bureau dont je refusais la généreuse offre de café la différence entre «énerver» et «exciter» (rapport à l’effet qu’est supposé produire le breuvage, vous suivez). Je lui suggérais en effet que lorsqu’il a rencontré son épouse, elle l’excitait, et que désormais, elle l’énervait. Sourire complice. Eh bien voilà mon collègue mûr pour une soirée à Bastille, ou plutôt à quelques pas au Nord de ce haut lieu de la nuit parisienne du temps de la rencontre mentionnée ci-dessus. Soirée italienne romantique en deux actes, au terme desquels Messieurs la flamme renaîtra plus forte que jamais. Prenez garde si vous passez par la grande place au Sud vous risquerez de succomber à la faute de goût de la rose pakistanaise.
Soit un rendez-vous de la dernière chance amoureuse rue Nicolas Appert, coincée entre les boulevards Beaumarchais et Richard Lenoir. Il faut vouloir aller à la Comédie Bastille, on ne passe pas pour le plaisir entre ces immeubles modernes immondes.
Un Cabriolet nous y attend, garé sur scène. Il donne son nom à une aimable fantaisie pleine de bons sentiments. La quarantaine, Florence et Thierry, couple au bord de la rupture, ont décidé de s’offrir une petite virée en Italie, mais oui c’est tellement romantique l’Italie, sur les traces de leur ancestrale lune de miel. Alors, alors, alors ?! Le voyage dure une heure sur scène et cette «comédie chantante» n’est pas déplaisante. Les amateurs de second degré notamment sauront si oui ou non «la Tour de Pise penche toujours». Les deux comédiens fredonnent avec justesse leur partition d’époux un peu paumés, entre nostalgie des premiers temps et rêve de renouveau. Les chansons apportent de la légèreté, le pianiste joue à merveille son rôle actif de troisième larron.
Pari réussi semble-t-il pour mon voisin, qui après quinze minutes seulement caresse gentiment le genou de sa voisine (vous l’aurez compris, j’interviens ici avec un œil purement professionnel, au service de nos lecteurs en quête de solutions). Sur scène se poursuit au rythme d’un cabriolet fatigué une comédie romantique dont l’issue ne fait pas de doute. Et c’est tant mieux. Imaginez un peu que l’histoire se termine mal ! Non, sérieusement, le texte et la mise en scène fourmillent de bonnes idées, on ne s’ennuie pas un instant.
Voilà donc un premier acte de soirée bien achevé. Dînons maintenant, il est 20h30. Et là, heureuse surprise, à deux pas se cache rue Saint-Sabin un merveilleux restaurant italien (Sarde, me souffle-t-on), Amici Miei. Ah, l’Italie !!! Si pendant le repas vous n’êtes pas capables Messieurs de conclure (enfin, je veux dire, de renouer), c’est que le mal est profond. Mais si vous êtes arrivés jusque là, pas de panique, ça va marcher, aller encore un effort. Soit donc un repaire d’amateurs de la fine cuisine de là-bas. L’endroit est bondé, c’est mérité, l’accueil est agréable et les prix doux au regard de la qualité de l’assiette. Bon, voilà, je ne peux pas faire davantage que ce conseil pour une soirée enflammée sans fioriture.
Jeu de piste : direction rue Nicolas Appert
Savoureux commentaire !