Avec « Occupe-toi d’Amélie » de Georges Feydeau, tous les comédiens sont à la fête. En sortant du Théâtre de la Michodière, sourire figé, certains spectateurs se souviendront d’Hélène de Fougerolles en courtisane (on dit ici «cocotte», nous y reviendrons), qui foule ici pour la première fois les planches sans encore être tout à fait à l’aise à se promener en dessous sophistiqués.
Elle est pétillante à souhait pourtant et nous épargne toute vulgarité. D’autres préfèreront mettre en avant les prestations de la suite de cette charmante Amélie Pochet «dite d’Avranches». Bruno Putzulu tout d’abord, ancien du Conservatoire et de la Comédie Française, toujours grand comédien (par le talent) et parfait Marcel Courbois en quête d’héritage. Voilà pour la « tête d’affiche ». Mais la vaudeville donne donc de la place pour tous.
Stéphane Roux ensuite, le «logeur cocufié», beau gosse de service, remarquable déjà dans le tourbillonnant Tour du Monde en 80 jours (toujours au Café de la Gare, bientôt au Splendid). Ne sachant faire mouche comme Georges Feydeau, je ne peux passer tout le régiment en revue (dix comédiens pour onze rôles quand même), même si aucun ne démérite, jusqu’à la délégation de la Principauté de Palestrie (oui, les cocottes, nous y revenons, patience, aimaient à croquer les têtes couronnées, naturellement).
Ah, non, malheureux, et la vieille garde alors ?! Elle monte au front, général, pour le plus grand plaisir du spectateur. Deux personnages la composent fièrement. Comme avec Christian Hecq, impeccable Bouzin dans « Un Fil à la Patte » du même Feydeau qui a récemment connu un succès aussi retentissant que mérité à la Comédie Française, l’auteur nous présente ici deux sympathiques «idiots». Idiots puisque ne voyant pas plus loin que le bout de leur nez, leur naïveté (quoique le père Pochet …) nous tord de rire.
Encore faut-il confier (comme avec Bouzin, quel numéro !) la partie à des gradés du boulevard. En l’espèce, Serge Ridoux et Jacques Balutin sont officiers supérieurs. Ces deux dingues ne sont pas vieux, ils sont mûrs, à déguster comme du bon vin conservé au secret d’une cave du Bordelais.
Bon, les comédiens, c’est fait. Le lieu ? Années folles à souhait. Le décor ? Sage et respectueux. La mise en scène ? Dynamique, naturellement. Les comédiens ont beaucoup travaillé leur petite foulée et le pas chassé, ne tenant guère en place, entrant d’un côté pour sortir de l’autre (pas de collision nécessitant arrêt de travail pour l’instant en coulisses).
L’histoire ? Non, je ne m’y égare que rarement, quel intérêt de dévoiler l’intrigue ? D’autant que ce n’est pas l’attrait premier du vaudeville. Tout gravite autour d’une «cocotte», de ces femmes maîtresses des affaires de cœur (et donc des affaires tout court) dans la capitale des plaisirs qu’est alors Paris (la pièce a été créée en 1908). Entretenues par de riches amants, elles volent souvent au grand jour de nid en nid, toujours vers le plus douillet. L’indispensable éditeur Parigramme publie justement aujourd’hui un ouvrage dédié à ces «Cocottes, Reines du Paris 1900». A ne pas mettre entre toutes les mains.
Pour dénicher la cocotte et tout savoir sur les dessous de l’histoire
Superbe piéce , a aller voir sans hésiter
Annie jolec , comédienne organisatrice d’évenements célibataires sur Paris
On est partant pour s’occuper d’Amélie !