L’assiette ressemblait presque à un astre rouge car il y avait sur sa surface un velouté de tomates qui lui donnait cette forme et cette couleur. Un sorbet d’olives qui s’y dissimulait au milieu, au pied d’un biscuit dessiné comme une voile de dériveur, venait parfaire l’ensemble. Cette composition aussi jolie à regarder qu’à consommer, incitait d’autant plus à se sentir confiant pour la suite, que la délicate salade d’encornets de ma convive ne lui avait soutiré pas le moindre soupir critique.
Nous étions chez Saturne et presque sur Saturne, un restaurant à la mise assez sobre qui s’est ouvert récemment au 17 rue Notre-Dame des Victoires dans le deuxième arrondissement. Le pain proposé, excellent, justement salé, nous a aidés à prendre patience entre les entrées et les plats. Il est vrai que c’était l’heure du coup de chaud.
La dorade notamment accompagnée par ce qui ressemblait à des haricots cocos mais qui n’étaient pas des haricots cocos est passée sans accroc comme au télépéage de Saint-Arnoult et, la craquante poularde croquante avec son assortiment raffiné nous ont confirmé que nous étions tombés sur un bon astéroïde avec toujours ce sens artistique de la présentation, comme un décor.
Seul imprévu, nous n’avions pas envisagé de fromage et pourtant nous avons pris une assiette pour deux garnie d’un comté de 31 mois. Avec lequel il a bien fallu prendre un verre de vin, un chenin aux couleurs d’or et de rouille et un Fleurie bien rouge, tous les deux bien nés pour étancher un fromage servi en couches de pétales superposés.
Décidément l’on pouvait se considérer comme vernis car de surcroît, sur Saturne, le personnel est aimable, souriant et prévenant, limite amical.
A-t-on jamais vu si belles assiettes de desserts ? L’une avec ses coulées de chocolat, ses petits fruits rares, quelques dômes, parfois blancs parfois orangés : on aurait presque dit un projet d’habitat sur cette planète lointaine à la périphérie de type annulaire et qui donne son joli nom à ce restaurant. Sis à deux pas de la Bourse, il fait un beau satellite au palais Brongniart.
Toute garnie de fruits rouges la deuxième assiette proposait de très étranges choses, un peu comme de la mie de pain, délicatement parfumée au goût, avec des coloris dans les zinzolins. Epatant.
Un texte qui donne envie de se programmer un prochain rendez-vous planétaire…
je l’ai testé avec d’autres plats, je confirme l’originalité, le plaisir pour les papilles et la vue, mais aussi le décor certes sobre mais agréable.
Une lectrice et un lecteur nous ont fait remarquer que le prix n’était pas mentionné. L’addition était de 90 euros, à deux, donc. Pardon pour l’omission. PHB