L’affaire est depuis le mois de juillet dans les mains de la reine Béatrix. C’est dire son importance. Des pétitionnaires ont demandé à sa majesté des Pays Bas de bien vouloir mettre fin au processus d’extinction, pour des raisons d’économies, de l’Institut néerlandais, le si sympathique centre culturel situé à un petit jet de pierre de l’Assemblée nationale.
Si la reine n’intervient pas, la fermeture est programmée pour 2015. Les deux employés rencontrés par Les Soirées de Paris ont laissé échapper leur scepticisme sur l’hypothèse d’un dénouement heureux. L’enjeu n’est pourtant pas énorme. Le centre vit d’une subvention de 2 millions d’euros sur un budget de 2,7, en partie assuré par des recettes propres. Mais l’inquiétude est perceptible par l’équipe en place qui ne manque pas de souligner par écrit que d’une part, cette mesure a été prise par un ministre démissionnaire et que, d’autre part, c’est le père de la reine actuelle qui l’a voulu. Tous les arguments sont bons à faire valoir mais cela peut se comprendre.
D’autant qu’après l’originale exposition sur les photographes néerlandais à Paris a succédé la collection d’art contemporain de la Rabobank que l’on peut aller voir jusqu’au 4 novembre. On ne va pas forcer le trait, pour cause de péril imminent, en disant que l’ensemble des pièces exposées est éblouissant. Ce serait contreproductif.
Mais l’on se promène avec bonheur inégal (c’est d’ailleurs ça la clé de la sensation en question : l’inégalité) dans ces locaux très neutres, sans afféterie aucune et qui proposent en ce moment même quelques pièces intéressantes.
On pense à Ger Van Elk notamment avec ce qui semble être des photographies mais qui se révèlent des œuvres vidéographiques avec disque dur intégré et visionnage sur écran LCD avec une mention spéciale pour son Talking trees.
On se laisse séduire par les 80 diapositives noir et blanc tournant en boucle et qui montrent Paris alors que cela s’intitule Fontenay aux Roses et qu’un narrateur en voix off évoque une femme qu’il cherche à retrouver, soit la cohérence dans l’incohérence.
Et l’univers digital de Saskia Olde Wolbers (ci-contre) fonctionnant comme un tapis roulant mais sur un écran, hypnotise par son onirisme raffiné autant que synthétique. Les sous-titres en sont l’accompagnement touristique. Quant à l’univers d’horreur sanguinolent qui fait la marque de Folkert de Jong, il nous attend, nous toise et de ce fait nous interpelle depuis l’anti monde que ses personnages suggèrent.
Cette programmation était faite pour un institut qui aurait eu la vie éternelle. Elle n’a pas le punch des expositions provocantes qui font par exemple l’actualité de la Galerie des Glaces à Versailles. Elle est normale, faite par des gens soucieux de présenter un travail sérieux, et représentatif d’une banque qui s’est engagée depuis des années dans l’art contemporain.
Les temps sont durs pour l’art en Europe. Des salles de musées se ferment ici et là faute d’argent, tout comme on ferme des lits pour les mêmes raisons dans les hôpitaux. Il n’y a plus, semble-t-il de majesté qui tienne. L’ambiance tient du sauve qui peut. S’il y a quelqu’un que cela intéresse au passage, le loyer de la rue de Lille est de 500.000 euros annuels. De préférence pour en conserver l’activité.
merci, cela donne très envie d’y aller