C’est un plaisant polar en noir et blanc que nous offre le Théâtre La Bruyère. Eric Métayer y met en scène « Julie des Batignolles », de Pascal Laurent. Une histoire de kidnapping par une équipe d’attachants bras cassés dans la France de l’après-guerre, ambiance Audiard, Pigalle et gendarme de Saint-Tropez. Il y a du pétard et de l’oseille, et Greta, Paulo et Riton décrochent ici leur diplôme de Tontons Flingueurs.
Avec mention assez bien, le jeu convaincant (de la tenancière de bordel à l’apprenti voyou) ne parvenant pas tout le temps à masquer les pauses que se permet le texte. A cet instant intervient l’argument de la mise en scène. Car rien n’y fera, c’est bien à ce titre le retour d’Eric Métayer qui est scruté rue La Bruyère, après le triomphe mérité, réservé sur cette même scène aux 39 Marches, un autre polar mené tambour battant dans lequel il avait également joué.
Le Zébulon n’a rien perdu de son ressort, même s’il en use moins qu’à l’occasion de l’adaptation d’Alfred Hitchcock. S’il peut arriver au spectateur de regarder sa montre, le spectacle réserve ainsi de touchants instants de grâce. Eric Métayer sait nous faire rêver, nous emmener dans le désert avec un grand drap ou dans un conduit d’aération avec un tube métallique. Le metteur en scène nous offre de belles trouvailles, sa malle à malices nous enchante mais elle n’est pas pleine. On rêve, parfois même on rit, et on en ressort attendri par une bande d’inoffensifs voyous. S’il y a beaucoup de balles perdues, celles qui touchent le spectateur lui permettent de passer un bon moment.