Avec « Cherchez Hortense », Jean-Pierre Bacri se confronte à nouveau avec l’un de ses aînés au cinéma. En 1984, on le voyait aux côtés de Lino Ventura dans « La septième cible » endosser avec un brio un rôle très secondaire d’inspecteur de police un peu gaffeur. Avec « Cherchez Hortense », près de trente ans plus tard, c’est lui qui a le rôle principal face à Claude Rich devenu au bénéfice de l’âge, un monument (mérité) du cinéma et du théâtre français. Les trois hommes ont ceci de commun, film après film, de changer peu en variant toujours.
L’intrigue de « Cherchez Hortense » repose sur une jeune femme d’origine balkanique (Isabelle Carré) en danger d’expulsion faute de papiers en règle. Un prétexte qui fait tisser au réalisateur une peinture sociale très réussie. Les incidents amoureux qui jalonnent l’histoire, dans une certaine mesure, contribuent à lui imprimer un rythme et facilitent sa compréhension.
Les acteurs recrutés pour cette affaire nous régalent de leur talent. Certes Bacri, on l’a dit et répété par ailleurs, reste toujours Bacri. Lorsqu’on le voit en caleçon il a l’air de sortir tout droit de la « Femme de ménage » le film de Claude Berri. Mais la finesse de son jeu éclipse ce qui pourrait devenir lancinant à la longue. Si cet homme était un vin ce serait un Bourgogne avec les petites différences qui signent chaque millésime. Le constituant est intact mais les arômes diffèrent dans la subtilité.
Le personnage interprété par Claude Rich en président du Conseil d’Etat « autocentré » qui couche avec qui il veut est parfait. Lorsque son fils interprété par Bacri lui demande s’il est homosexuel il répond non. Mais quand Bacri qui reformule la question, lui demande si cela lui arrive de coucher avec des hommes, il dit oui, tout en s’interrogeant drôlement : « est-ce que ça fait de moi un homosexuel » ?
« Cherchez Hortense », est un bon film bien écrit. Une des caractéristiques qui font la filmographie de Bacri, c’est la qualité des scénarios qu’il co-écrit ou qu’il choisit. On ne s’ennuie pas avec le film réalisé par Pascal Bonitzer, on le voit bien à la sortie du film d’ailleurs, les gens ont le sourire. Pour « chercher Hortense » il faut suivre Bacri, avec bonheur.
On ne s’ennuie pas et même on s’amuse. De multiples rôles secondaires allègent et complètent l’ensemble, comme le fils du couple Bacri/Kristin Scott Thomas, excellent d’authenticité, ou encore le serveur du restaurant thaïlandais efféminé en diable. Ses échanges de regards énamourés avec Claude Rich sont irrésistibles.
Il est assez convenu de débiner les comédies à la française au profit de la production anglo-saxonne, c’est un tort. En « cherchant Hortense », non seulement vous retrouverez avec plaisir Jean-Pierre Bacri et Claude Rich, mais de surcroît, tout bien réfléchi, ce sont eux qui composent le vrai tandem qui fait avancer le film. On en ressort distraits et soulagés allez savoir pourquoi, de ne pas être mal tombés. Un vrai coup de pot dans cette rentrée un peu pauvre. Sans oublier la musique qui nous nettoie le sang des mauvaises toxines attrapées sans le faire exprès.
Voir la bande annonce sur Allociné.
Tout à fait d’accord : un bain de fraicheur, léger et intelligent ! Mais qui pourrait m’éclairer sur le sens du titre ? Je sais bien qu’Hortense est un personnage du film, et qu’une phrase mystérieuse de Rimbaud (“Cherchez Hortense “) a été signalée par quelques spectateurs perspicaces et cultivés… Mais, mais… je cherche et ne trouve pas !
Tout se noue et dénoue dans le film autour de la rencontre hypothétique de ce monsieur Hortense, craint ou admiré. Peut-il être incontournable? En tout cas il est la pièce manquante du puzzle de l’affiche.
Une autre piste, au début on voit Bacri faire un échec et mat en quatre coups…à condition de sacrifier la Dame.
JE n’en dis pas plus, mais au bout de je ne sais combien de semaines, le film fait toujours salle comble, hier mercredi, elle était également très mouillée!