Ses cornacs rêvent de le voir grandir en « animal libre et sauvage ». Ce qui n’est pas un mince défi pour ce pachyderme élevé dans une cage dorée entre Opéra et Place Vendôme. Mais indiscutablement on veut croire que l’énergie et la passion de Fanny et Laurent Fiat ont de quoi leur permettre de déplacer une montagne.
Ces trentenaires, frère et sœur à la ville, président depuis la semaine passée aux destinées d’Elephant Paname, un « centre d’art et de danse » sis rue Volney. Un hôtel particulier édifié sous le Second Empire par l’ambassadeur de Russie, devenu siège social de banque quelques décennies plus tard, à l’abandon depuis trop longtemps.
La danseuse, ancien Sujet du ballet de l’Opéra de Paris et membre actuel de la Compagnie Julien Listel, et le peintre, plasticien, restaurateur de tableaux, ont pour ambition rien de moins que d’établir un fructueux dialogue entre tous les arts. D’un côté, la danse, avec des professeurs à l’année (classique, modern jazz, hip hop, tango entre autres) des studios rutilants en location, des compagnies au travail. De l’autre, le programme souhaité par les maîtres des lieux tient du prometteur bric à brac, d’expositions de valeurs sûres ou de jeunes talents, aux concerts, jusqu’à une conférence de vulgarisation concernant l’anthropologie.
Point de ralliement pour l’expression de toutes les disciplines, la salle du dôme au plafond de pavés de verre sur une surface rond de plus de 250 m2, du temps où les banquiers recevaient avec classe. Pour la récréation et la poursuite du dialogue, le lieu abrite (à partir du mois de novembre) un restaurant à double entrée, gastronomique (mais « accessible » nous promet-on) au premier étage et picorage de qualité au rez-de-chaussée. Le tout sous la houlette du chef étoilé Enrico Bernardo, qui lui aussi fourmille d’idées de rencontres, particulièrement autour du vin.
En attendant de pouvoir se délecter de cette Ambroisie contemporaine, l’exposition « EP ! De l’air … ou l’art en mouvement » nous laisse sur notre faim. Ce « parcours qui va de la fin du XIXe à l’art d’aujourd’hui » est intéressant mais bien maigre, qui plus est pour un prix d’entrée de 8 euros. Ce rodage nous permet tout de même de découvrir des salons pour lesquels le travail de restauration a respecté la patine du temps en nous laissant judicieusement découvrir des murs et plafonds à caissons « brut de décoffrage ». Après une exposition des photographies d’Elliott Erwitt, de novembre à janvier, on attend avec impatience celle consacrée à la danseuse étoile Noëlla Pontois, à partir du 1er février.
D’ici là, la compagnie Europa Danse dévoile ce samedi 22 septembre des extraits du spectacle « Les chemins de la danse » avant de l’emmener en tournée. Un spectacle gratuit … ah on me souffle dans l’oreillette que la représentation affiche complet. Tentez tout de même votre chance, qui sait. Certes, les prochaines occasions d’une virée entre Opéra et Place Vendôme ne manqueront pas.
A priori, cette adresse était le siège de Via Banque. PHB