Castello-Lopez enchante la fondation Gulbelkian de ses contre-jours

Voilà un photographe raffiné qui a de surcroît le bon goût de ne pas nous accabler de son génie mais de nous faire profiter de son (grand) talent. Les tirages de Gérard Castello-Lopes exposés à la fondation Calouste Gulbenkian méritent sans conteste le détour par le boulevard de la Tour Maubourg. Les photos les plus anciennes (fin des années cinquante, début des années 60),  comptent parmi les plus réussies.

Ce photographe portugais disparu en 2011 et peu connu en France nous enchante par le choix de ses sujets et de leur mise en lumière. La production exposée jusqu’au 25 août se divise sommairement en deux parties, celle en provenance du Portugal à l’époque du dictateur Salazar. Et celle qui concerne l’Europe et notamment la France. La dictature qui sévit dans son pays  inspirera d’ailleurs à Gérard Castello-Lopez  une très jolie photo d’art et en même temps très significative puisque l’on y voit un « S » (comme Salazar) sur une vitre tandis qu’une toile d’araignée sur le côté laisse penser, grâce à un jeu de lumière que le photographe n’a pas raté, à un éclat de balle.

Ses photos portugaises entre ombres et lumières expriment autant la réalité qu’une véritable poésie avec une couleur jaune ou orange diffuse qui encense les  contre-jours autant qu’elle honore les personnages qui les composent.  Il y a aussi cette photo assez merveilleuse d’un bateau et de son sillage sinueux (réalisée en 1998 cette fois) qui fera écrire au poète Vasco Graça Moura : « la nuit tombe à présent. Je vois encore/ ce ruban blanc/remorquant l’après-midi au ras des eaux ».

Gérard Castello-Lopes a également trouvé dans la capitale française, un terrain propice à des clichés qui nous changent des signatures habituelles, avec par exemple cet homme à l’entrée d’une vespasienne et l’Arc de Triomphe en arrière-plan, ce monsieur qui plie son cou à la limite de la rupture de ses cervicales, pour lire les titres des journaux à la devanture d’un kiosque  ou encore ce vieux cavalier sans cheval et semblant se tâter les reins face à un magasin de chevaux dans une rue inconnue. De toute évidence et d’une façon générale, à travers les visages de vieux, d’enfants ou de mères de famille, Gérard Castello-Lopes privilégiait une certaine humanité qui excluait la stricte et si commune chasse aux jolies filles, grandes absentes de cette scénographie.

Il y en a pour tous les formats, de 4 cm à deux mètres. Et l’œil, à chaque fois,  s’attendrit de cette caresse humaniste autant que rigoureuse qui signent et caractérisent les prises de vues du photographe portugais. On n’en sort pas volé.

PS : La plupart des photographies de Gérard Castello-Lopes actuellement exposées à la fondation Calouste Gulbenkian portent la mention « Courtoisie famille Castello-Lopes ». Et cette formule conventionnelle porte bien son nom. Il est en effet permis de prendre des photos de ce que l’on veut contrairement à la plupart des expositions aujourd’hui. Nul gardien n’est là pour vous gronder et ça nous change un peu. N’oubliez pas de profiter du petit jardin avec une sculpture de Joana Vasconcelos, vous savez celle qui fait scandale à Versailles.

Le site de la fondation Calouste Gulbenkian.

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Une réponse à Castello-Lopez enchante la fondation Gulbelkian de ses contre-jours

  1. L A F E U I L L E V O L A N T E
    La Feuille Volante est une revue littéraire créée en 1980. Elle n’a pas de prix, sa diffusion est gratuite,
    elle voyage dans la correspondance privée et maintenant sur Internet.

    N°589– Juillet 2012.
    LA ROCHELLE, fille de la mer – Christian Errath, Raymond Silar – Geste Éditions.

    Dans mon imaginaire personnel, il est des villes dont le nom seul évoque le voyage, l’exceptionnel, un attachement à la fois irrationnel et définitif. La Rochelle est de celles-là. Son nom sonne comme celui d’un rocher solide face à l’océan, elle évoque mon enfance et pas mal de souvenirs. Pour l’extérieur elle reste attachée aux paroles d’une chanson (« Les filles de La Rochelle »), au douloureux siège de Richelieu, à ses emblématiques tours, aux 4 sergents qui y furent emprisonnés. Jadis la reine Aliénor en fit le port de l’Aquitaine et lui accorda le privilège de « franche commune ». Elle fut ensuite dédiée aux expéditions lointaines, au commerce triangulaire, puis à celui des produits du pays, sel, vins puis plus tard céréales, à la pêche à la morue, à celle de haute mer et à celle des coureaux. Aujourd’hui elle est le symbole de la culture et de l’université, de la plaisance, des loisirs, de l’écologie, des Francofolies, de la porte vers l’île de Ré, d’un art de vivre différent, mais elle a toujours été tournée vers la mer…

    Avec le texte érudit à l’humour subtil de Raymond Silar et les photographies pleines de cette lumière océane de Christian Errath, le lecteur se promène à la fois dans l’histoire et dans le présent de cette cité « bénie des dieux », créée, dit-on, par la fée Mélusine, mariée à l’Atlantique. Avec ces auteurs, le lecteur découvre « La grande aventure rochelaise » que ses différents musées évoquent et que sa pierre blanche conserve. Ses habitants ont su relever les défis de l’histoire, s’adapter aux changements structurels qui ont accompagné son parcours. Autrefois blottie derrière ses remparts, elle a su « prendre le vent des conquêtes nouvelles » et faire œuvre d’imagination dans bien des domaines ce qui a fait d’elle un véritable modèle. Cette ville à la fois « Belle et rebelle », conquise sur la mer a été successivement depuis Aliénor d’Aquitaine, anglaise puis française, catholique avec la présence des Templiers, des Carmes, des Jésuites et des Oratoriens… puis, évidemment, protestante, en paix et en guerre, peuplée à la fois d’ouvriers et de riches notables commerçants et armateurs. Elle garde les traces architecturales du temps, entre ses célèbres arcades, ses maisons à colombage, ses hôtels particuliers et ses bâtiments de style renaissance ou du XVIII° siècle. Une cité maritime où se mêlent tous les styles et toutes les influences, avec bonheur !

    Depuis le hameau de Cougnes qui a été à l’origine de sa fondation, elle a été tour à tour place forte en guerre et ville de paix, a su s’opposer au pouvoir central si celui-ci devenait trop pesant mais aussi se montrer loyale à ce même pouvoir quand il le fallait. La devise de ses armes,« Servabor rectore deo »(guidé par Dieu, je serai sauvé), même si elle prête à diverses interprétations, illustre bien son attitude. Elle a abrité des célébrités, savants, voyageurs, artistes, peintres, écrivains, philosophes, avocats, inventeurs, marins mais aussi des hommes au caractère bien affirmé, notamment parmi ses édiles nommés ici depuis 1199. Les Rochelais ont dû se battre pour conserver le privilège d’élire leur maire et ce d’autant plus qu’ils devaient cette singularité à Aliénor, une Duchesse-Reine en plein Moyen-Age ! Ils ont payé un lourd tribut lors des luttes qui ont jalonné l’histoire de cette cité mais la vie, la liberté et l’indépendance ont toujours prévalu ce qui la rend extraordinairement attractive.

    La Rochelle a toujours exercé une véritable fascination sur ceux qui l’ont approchée, a suscité des créations artistiques et des innovations parfois audacieuses de tous ordres, bref n’a laissé personne indifférent, a toujours insufflé à ses habitants autant qu’aux touristes de passage sa vitalité, son originalité, son souffle chaleureux.

    ©Hervé GAUTIER – Juillet 2012.http://hervegautier.e-monsite.com

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