Un jour, Patti Smith et son ami Robert Mapplethorpe, sont allés, via le F-train, jusqu’à Coney Island pour prendre l’air. Là-bas, un photographe des plages leur a tiré le portrait. Cette photo orne la couverture du livre qui raconte leur histoire. «Just kids», qui vient de paraître chez Folio, est un livre des plus attachants, à la fois itinéraire et documentaire. Avec quelques accords de guitare électrique que l’on entend parfois en guise de toile de fond sonore.
Issue d’un milieu modeste, Patti Smith, honorable figure du rock and roll, a très vite décidé qu’elle voulait vivre comme une artiste. Après avoir confié un bébé trop tôt obtenu à une famille d’accueil, elle prend tout bonnement la route pour New York ou elle débarque sans connaître personne. Ce sont les années soixante et, à l’en lire, on croise déjà dans les rues nombre de gens marginaux que l’on allait très vite retrouver dans des festivals de légende comme Woodstock ou White.
Patti Smith a ceci de sympathique pour quelqu’un de connu ayant croisé des gloires de haut vol comme Jimi Hendrix, c’est qu’elle ne se vante jamais. Sa vie se passe aisément de superlatifs pour nous intéresser. Quand elle débarque à New York, la future poétesse du Rock and Roll, dort dehors sur les perrons des immeubles et mange rarement à sa faim. Elle sait que c’est là le prix à payer pour la vie qu’elle a choisie.
Un jour qu’elle s’inquiète de l’issue d’une soirée mal embringuée avec un homme qu’elle ne connaît pas, elle aperçoit au loin une silhouette de jeune homme sympathique à la chevelure bouclée. Elle l’interpelle en lui demandant expressément de la faire passer pour sa girlfiend. Ce jeune homme qui accepte, a du LSD dans le sang. Il s’appelle Robert Mapplethorpe. Il sera le compagnon de route de Patti Smith. «Just Kids» est le résultat d’une promesse qu’elle lui a faite. C’est le premier point clé.
Avec Patti Smith, le lecteur s’immisce petit à petit dans les milieux contre- culturels du New York de la fin des années soixante et pénètre avec elle dans les couloirs tout à la fois stratégiques et interlopes du Chelsea Hotel.
Patti Smith rompt brutalement un jour avec le look folk qu’elle arbore sur la photo de couverture de « Just Kids ». Elle empoigne une paire de ciseaux et se fait une coupe de style sécateur bien plus proche de Keith Richards que de Joan Baez. Chronologiquement ce sera la deuxième rupture, le deuxième point-clé, le moment où les gens qui comptent commenceront à s’intéresser à son cas.
De bout en bout Patti Smith semble avancer dans la vie avec la sûreté d’orientation d’un drone tactique. Elle ne lâche jamais ses objectifs et elle sait visiblement identifier le bon moment pour agir, que ce soit pour faire des dessins, écrire des poèmes ou monter un groupe de rock. Elle ne ressemble pas à un personnage spécifiquement en quête de gloire et connaît par exemple une phase sentimentale avec Sam Shepard sans même savoir (au départ) que c’est lui.
«Just Kids» est sincère, bien écrit, à tout le moins bien traduit. Ce livre nous permet de vivre deux décades passionnantes, les années soixante et soixante dix, avec ce que cela comporte de diapositives sur le Vietnam ou les premiers pas de l’homme sur la Lune. Mais c’est surtout l’itinéraire d’un couple libre, très attachant, ayant choisi la vie d’artiste, ses joies et surtout ses soucis. Chez Folio donc, pour 7 euros et quelques centimes, ce livre dont on ne saute jamais les pages.
PS: Patti Smith vient de sortir « Banga » un nouveau disque édité par Columbia/Sony Music
Même avec le temps, Patti Smith reste envoutante. J’ai le souvenir d’une « Nuit Blanche » où elle chantait de 19h à 7 heures du matin. C’était je crois à Saint-Eustache, il y a trois ou quatre ans. Elle changeait son public toutes les heures. J’ai du rentrer vers les trois heures du mat. Et la queue restait impressionnante.
« Une Nuit Blanche » rare… Y compris quand les flics affolés sont intervenus pour disperser une queue qui s’était formée devant la porte des WC privé du curé… Une fliquette haute comme trois pommes, s’était glissée dans la foule pour réussir à me fermer la porte au nez alors que c’était mon tour.
Ca me donne envie de… euh d’écouter Patti Smith, je vous laisse j’ai mis Gloria G-L-O-R-I-A…
Patti Smith, pppfffttt..je l’ai déjà vue plein de fois en concert, ici et là, ou dans des lectures de poèmes. J’ai lu « just kids »et ce qui ressort de tout cela, c’est cette confiance qu’ils avaient dans leurs propres talents mais aussi dans celui de l’autre et cette évidence qu’ils allaient réussir. Et en plus, Patti Smith en concert est d’une sympathie incroyable, presque désuète..Merci à Patti Smith et aux « Soirées »!
Because the night…
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