Le délicieux spectacle se joue encore pendant un mois, jusqu’au 15 juillet. Il reste des places, mais uniquement debout et en placement libre. Pour la générale en guise de vernissage, notre hôte Daniel Marchesseau était directeur de théâtre, il réglait au millimètre le ballet de ses invités, n’avait là que des «chers amis». Monsieur le directeur du Musée de la Vie Romantique présentait l’exposition «Théâtres romantiques à Paris».
Lever de rideau, le spectateur découvre les riches décors, s’émerveille devant le jeu des comédiens. Sauf qu’ici les comédiens ne montent pas sur scène, ils restent figés au mur. Mais la magie opère, nous voilà transportés au 19e siècle grâce à la richesse des collections du Musée Carnavalet qui trouvent ici un ravissant écrin.
L’exposition a pour ambition de mettre en lumière l’effervescence qui régnait alors à Paris dans le domaine du spectacle vivant. Des grands théâtres publics à la cohue du «Boulevard du crime», des portraits des grands interprètes aux accessoires de scène, le visiteur se perd dans ce spectacle muet. Il y déchiffre le contrat d’embauche du mime Baptiste Debureau au Théâtre des Funambules, et en profite pour se souvenir de la bouleversante poésie des Enfants du Paradis.
Paris est à cette époque comme Hollywood pour le cinéma d’aujourd’hui, une usine à rêves pour les acteurs comme pour les spectateurs, les «stars» s’y bousculent, comédiens, danseurs, chanteurs, écrivains, compositeurs. Certains d’ailleurs ont visité le Musée de la Vie
Romantique alors qu’il était la maison du peintre Ary Scheffer, et beaucoup ont résidé dans les rues voisines, par exemple Talma ou Mlle Mars rue de la Tour des Dames. Et l’exposition évoque avec délicatesse l’ébullition de cette période romantique. Hector Berlioz et Frédéric
Chopin sont venus en voisins reluquer les portraits d’aériennes danseuses. Ils causent tous deux au jardin, sous les arbres. Ils ont bien le temps de paresser, le rideau se baisse à 18h00. «Ô temps ! Suspends ton vol», récitent-ils, déjà assoupis.