Plus de 70 œuvres de l’artiste britannique Damien Hirst sont actuellement exposées à la Tate Modern jusqu’au début du mois de septembre. Une rétrospective ambitieuse dédiée à un artiste controversé. C’est avec une certaine appréhension que l’on passe les portes de la Tate Modern pour découvrir ou redécouvrir l’œuvre de Damien Hirst, cet artiste anglais né à Bristol en 1965 et révélé au grand public une vingtaine d’années plus tard.
La réputation de l’acteur, qui figure aujourd’hui parmi les plus grands de ce siècle, et son attirance pour la maladie et la mort ont assuré au fil des ans la garantie d’un spectacle inoubliable. De ce point de vue, la rétrospective qui se terminera le 9 septembre prochain ne déçoit pas. Le malaise gagne d’ailleurs le promeneur dès les premières salles franchies : datant du début des années 90, ses sculptures de moutons et vaches sectionnés en deux de même qu’un superbe requin (The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living) baignant dans une cuve de formol figent sur place.
Autour de ces œuvres, la succession d’étagères donnant à voir emballages de médicaments et instruments chirurgicaux renforcent encore davantage le sentiment de l’inéluctabilité de la mortalité humaine. Chaque œuvre captive les sens : le regard est violemment sollicité par une énorme cage aux mouches tourbillonnant autour d’une tête de boeuf décapitée. Devant un cendrier géant contenant des mégots de cigarettes, c’est l’odorat qui est cette fois appelé à la rescousse.
La visite d’une salle, intitulée In and Out of Love 1991, s’adresse en revanche à tous les sens : une multitude de papillons multicolores, laissés en liberté, viennent se poser délicatement sur l’épaule ou la main d’un promeneur. Partout ou presque, le sentiment d’inquiétude persiste. Même devant ces peintures représentant des rangées de points de couleurs ou les Spin paintings, ces fameuses toiles de forme circulaire qui utilisent la force centrifuge.
Rien n’apaise et pas même les peintures représentant des papillons, symboliques de fragilité. Assommé par la brutalité de ces installations et de ces œuvres, le promeneur termine ensuite sa visite par un tour dans une chambre plongée dans l’obscurité et où l’accès lui est accordé au compte-gouttes. Là, il découvre la célèbre pièce For the Love of God, qui représente une réplique en platine du crâne d’un homme mort au XVIII e siècle. Avec deux petite particularités à la clé : le crâne est incrusté de plus de 8600 diamants et s’est vendu en août 2007 pour la modique somme de 100 millions de dollars. Rappel s’il en est que la morbidité peut aussi faire bon ménage avec le marketing.
Les gens fascinés peuvent être parfois, fascinant…